Magma à la uneDu lundi 18 au vendredi 22 janvier, Magma nous a emmenés à la découverte de Kobaïa. Le groupe se trouve amputé du soliste, Claude Engel, qui ne sera pas
remplacé (" impossible de retrouver un soliste comme lui "), par contre, un nouveau cuivre s'est intégré d'une manière provisoire, en raison du départ d'Alain Charlery. Une première partie faite avec des compositions déjà connues, n'a fait que confirmer les qualités de l'orchestre et sa valeur, valeur qui ne peut être contestée, même si le langage Kobaia semble parfois un peu pauvre, limité à des impressions simples. La deuxième partie était plus riche d'enseignements puisqu'elle a permis d'entendre leurs nouvelles compositions. Le climat de violence qui s'en dégage est dans la même lignée que précédemment. mais le groupe semble maintenant plus cohérent (il l'était déjà pas mal) et plus " pénétré " par Kobaïa. L'effet de surprise que provoquait Magma, pour beaucoup le groupe était même déconcertant, a en partie disparu. Tant mieux, peut-être, car les spectateurs peuvent profiter plus pleinement d'une musique où chacun des musiciens semble donner ou donne le meilleur de lui-même. Musique parfois hachée ou au contraire très douce, au long de laquelle s'alternent rythmes lancinants, fanfares militaires, arrangements symphoniques et sonorités free jazz, mais sans jamais donner l'impression d'un " déjà entendu ", c'est-à-dire en gardant toujours intacte la (forte) personnalité du groupe, sans non plus s'enfermer dans le piège d'une musique intellectuellement masturbatoire. Au passage, on peut noter l'effort d'adaptation que Magma a fait par rapport aux obligations d'une boîte (difficile de présenter l'intégralité du voyage vers Kobaïa), sans pour autant dénaturer sa musique. Loin de n'avoir été qu'un épisode ou une brève démarche hasardeuse, l'histoire de Magma continue, ses musiciens ont encore beaucoup à nous dire.Jean-Paul COMMIN
Best n° 32 - Mars 1971