Pop- France / Gibus ClubDepuis quelque temps, Magma multiplie ses passages au Gibus (ne croyez pas que je m'en plaigne !), obtenant un succès croissant et attirant des spectateurs au nombre également croissant. Il semble qu'est maintenant terminée la période où seuls les groupes anglais réussissent à remplir le Gibus. Il ne faut pourtant pas rêver en prétendant que Magma a obtenu l'audience qu'il mérite car nous n'en sommes pas encore là. Le succès de Magma reste un succès alors qu'il devrait pouvoir atteindre le stade du triomphe. Au fil des mois, la progression de Magma peut se résumer simplement : "Cela fait de plus en plus mal". Tout en faisant preuve d'une assez exceptionnelle richesse au niveau musical, le groupe possède un second atout, d'ailleurs nécessaire pour faire d'un bon groupe un grand groupe : l'Impact. Le spectateur qui ressort d'un concert de Magma, qu'il ait aimé ou détesté, se doit de reconnaître qu'il s'est passé quelque chose. Même si parfois, les spectateurs semblent un peu désorientés (ce qui est consécutif à la richesse offerte par le groupe), ils ne restent jamais longtemps indifférents. Autre caractéristique du succès : les quelques secondes qui s'écoulent entre la fin des morceaux et les applaudissements. On a l'impression que le public cherche à reprendre son souffle, à récupérer, avant de se manifester (avec conviction). Magma ne peut se résumer et n'a pas à l'être, mais le simple mot "Violence" donne une idée assez précise de la musique du groupe. Ceux qui en doutent encore n'ont qu'à regarder l'excellente affiche qu'ils ont fait tirer : une vision d'après cataclysme, une langue de feu, évoquant à la fois les serres d'un rapace et un champignon atomique. Allons-nous attendre que les Américains découvrent Magma avant de pouvoir se risquer à dire que trous possédons un très grand groupe ? Va t-il falloir que "Tendeï Kobaïa" se classe au Top 30, au Top 20 ou dans un quelconque autre classement, du moment qu'il soit d'obédience anglo-saxonne, pour que Magma puisse tourner régulièrement ? Est-ce que l'on doit attendre le moment où, lassés de travailler trop rarement, les musiciens décideront de se séparer pour accompagner des "vedettes", pour découvrir les deux excellents albums déjà réalisés ? Bref, quand Magma sera-t-il reconnu à sa juste valeur, celle d'un des groupes les plus passionnants à l'heure actuelle ? Du 8 juillet au 11 septembre, le groupe est resté sans travail ; c'est ça la France (fin du plaidoyer).
Revenons au Gibus à proprement parler (le paragraphe Magma ayant été réalisé au moment de leur dernier passage, les 6, 7 et 8 juillet), en regrettant que cet article ne puisse avoir le contenu que je lui avais primitivement destiné. Article "incomplet", car j'espérais pouvoir y faire figurer le programme des nombreuses festivités qui vont marquer l'ouverture de la saison 71-72. A défaut de programme, je peux cependant vous donner mi conseil : téléphonez au 700-78-88 et demandez tous les renseignements qui vous intéressent concernant les passages des groupes. Third Ear Band et Mott the Hoople sont deux des groupes qui doivent se produire en septembre. Ce n'est pas mal, mais, comme il y en a bien d'autres encore, vous pouvez vous faire une petite idée de ce que peut être le programme. En plus de ces groupes, vous aurez aussi le privilège, disons une chance (pour être modeste), de rencontrer les membres de l'équipe rédactionnelle ou (si vous préférez) du comité de rédaction dit journal.
Chers lecteurs, il ne me reste plus qu'à apposer mon nom au bas de ces colonnes pour clore ce monument journalistique que constitue la rubrique "Pop France", après quoi je pourrai déguster, l'esprit libre et serein, un grand verre de rosé (comme vous le savez delà, principale boisson Best).
Trêve de plaisanterie, je vous rappelle que l'on peut m'écrire pour me communiquer des dates de concert, me suggérer tel ou tel sujet, me faire parvenir toutes informations concernant la pop française. A bientôt avec un Pop France un peu plus chargé, n'oubliez pas le guide, prochaine visite dans un mois.
Jean-Paul Commin
Best n° 38 - Septembre 1971