MAGMA en concert

Une surprise de taille à l'entrée : un seul petit car de police avec seulement deux policiers devant la porte ! Incroyable !

Dans la salle il est vrai que c'était loin d'être l'affluence ! Un public approximativement identique en nombre à celui des deux derniers jours. Scandaleux, pensa le jeune homme, le meilleur groupe français, l'un des meilleurs groupes du monde et une salle à moitié pleine.

Les sept musiciens du groupe entrèrent sur scène sous un tonnerre d'applaudissements, et ils allaient réserver des surprises à leurs admirateurs. La première partie du spectacle eut du mal à décoller, les exécutants se cherchant et ayant bien de la peine avec une sono défectueuse. Ils interprétèrent "Stoah", "Muh" et d'autres thèmes pour parvenir jusqu'à l'arrivée de leur vaisseau sur la planète Kobaïa - ce paradis où l'homme ne tricherait pas.

Après un court entracte, Giorgio Gomelsky, le célèbre manager du groupe, se livra à un court monologue, expliquant comment il était devenu le responsable du groupe, comment ce dernier surmontait les difficultés de travail et de bas problèmes d'intendance, pour imposer une expression dans un pays où la culture musicale est nulle. Il affirma que depuis trois mois le groupe n'arrêtait pas de tourner, visitant tour à tour les MJC et les centres socio-culturels, remportant à chaque fois l'adhésion totale des spectateurs. Après quelques vannes au sujet de la société éditrice des disques de Magma, pour la Kolossal publicité faite autour du passage du groupe à l'Olympia, il rejoignit le pupitre de sono pendant que les sept musiciens revenaient sur scène.

En deuxième partie, les thèmes s'envolèrent plus facilement, les chorus s'assurèrent et portèrent le public jusqu'à un irrésistible solo de batterie de Christian Vander. Le jeune homme, pourtant blasé des solos de batterie, n'avait jamais vu un batteur aussi fantastique, et pendant tout le chorus il eut l'impression d'assister à un opéra pour cymbales, toms, grosse caisse et caisse claire. Bien évidemment, le public réserva un triomphe à cette démonstration. Les musiciens se présentèrent un à un et annoncèrent qu'exceptionnellement un organiste et un batteur belges entourés de cinq choristes allaient se joindre au groupe pour le dernier morceau ; un Mekanïk Kommandöh de vingt minutes.

Comment définir cette œuvre Kolossal ! La grande musique commence où s'arrêtent les mots, c'est bien connu. Tout ici s'envolait : l'orgue, le piano, les cuivres, les percussions et les voix ; cette voix aussi, belle, puissante, soutenue par toutes les autres, Klaus impérial devant un Vander radieux. Influencée par Coltrane, Stravinsky et d'autres, la musique de Magma n'a jamais été aussi fantastique, aussi… Les mots manquèrent au jeune homme.

En sortant, il s'adressa à son ami et lui confia son espoir. Depuis deux ans, je savais ce que valait Magma ! Ce soir j'ai vu combien ils ont progressé et je suis convaincu qu'ils n'ont pas de limite. J'espère qu'un jour le public français se rendra compte qu'il possède l'un des tout premiers groupes du monde.

EXTRA n° 19 - Juin 1972

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