Le groupe MagmaDeux concerts joués à guichets fermés, une salle archicomble, des organisateurs complètement débordés : le groupe français Magma vient de donner, à Paris (1), le coup d'envoi d'une tournée de deux mois à travers la France.
Née il y a sept ans, cette formation dirigée - et maintes fois remaniée - par le batteur Christian Vander échappe à toute classification et se distingue tout à fait des autres. Par sa musique d'abord : fascinante, agressive, inspirée de Bela Bartok, Stravinsky, Carl Orff et de courants jazzistes. Par sa philosophie ensuite : Magma détient son propre langage, "le kobaïen", et interprète la vie selon une symbolique de l'univers basée sur la magie blanche.Sur scène, les six musiciens offrent un véritable psychodrame. Voici "Theusz Hamtaahk" et "Köhntarkösz" (2). A la rigueur harmonique de l'organiste BenoîtWideman se mêle le rythme lancinant de la mélopée et les transes vocales de Klaus Blasquiz, les sons électriques et dissonants du violoniste Didier Lockwvod, le tempo brutal de l'énorme machine rythmique manoeuvrée par Christian Vander.
Le spectateur, médusé, assiste à une véritable catharsis flamboyante. La secte Magma va l'exorciser pendant deux heures. Un seul reproche : l'absence su sein de cet ensemble exceptionnel d'une section de cuivres, remplacée désormais par un synthétiseur et des instruments à cordes électrifiés.
(1) Théâtre de Chaillot.
(2) "Magma live"Jean-Luc Wachtausen.
Le Figaro - 24 janvier 1976