Magma Renaissance
Le théâtre de la Renaissance, à Paris, fut, pendant plus d'une semaine le bien nommé. Magma y a en effet triomphé, fin octobre, devant des salles de plus en plus bourrées au fil des jours et c'était bien une renaissance. On y a, en effet, retrouvé le Magma swinguant, hypnotique, électrique, agressif qui semblait un moment s'être perdu dans une sorte de grandiloquence perfectionniste.
Si Magma dure, ses formules, elles, vont et viennent, se prolongent rarement plus d'un an et demi. Cette instabilité a coûté cher sur le plan français et même européen à un groupe qui frôla souvent (notamment en Grande-Bretagne) la lisière du grand succès mais se débanda avant de la franchir. Mais les raisons ne manquèrent pas à ces fluctuations et les musiciens ne portent certes pas l'essentiel des responsabilités. Faites un groupe de ce calibre en France, essayez de durer autant que Magma, et vous nous en direz des nouvelles
Christian Vander, batteur impérial, et Klaus Blasquiz, cette voix-instrument si originale, se sont faits depuis longtemps une raison. Ils sont là depuis le début, ils resteront, impassibles et déterminés dans le marécage national. Leur obstination est depuis longtemps un exemple pour nombre de nouvelles formations. Car les "galères" continuent. Ne serait-ce que le retard de sortie d'"Üdü Wüdü" par manque de coordination entre les bureaux d'Utopia que Giorgio Gomelsky a définitivement transférés à New York, et ceux de RCA à Paris. D'où un mois de retard et une pochette provisoire, bricolée, plutôt triste.
Néanmoins, Magma semble entré à nouveau dans une période faste avec le retour de Janick Top qui, selon de nébuleuses exigences hiérarchiques est désormais co-leader avec Vander. (Et Klaus, c'est un figurant ?). Top est l'un des bassistes les plus impressionnants du moment. II a une place tout à fait évidente au côté de Vander. Comme lui il sait transcender sa technique, s'aventurer hors des sentiers battus, faire parler son instrument. Comme lui il se donne tout entier, se défonce, se projette totalement dans son jeu. Janick Top a un son très particulier, en flirt constant avec la saturation, mais toujours maître des opérations. Avec lui Magma retrouve toute sa hargne, tout son mordant. Avec lui Magma bouge, vous parle à nouveau directement. Et le résultat, une fois de plus, fut grandiose. Avec Gabriel Federow (guitare), Didier Lockwood (violon) et Mickey Grailler (claviers), Magma s'offre des reins solides. "De Futura" de Janick Top et l'éternellement efficace "Mekanïk Destruktïw Kommandöh" furent les grands moments de ces shows Parisiens.
Magma s'embarquait ensuite pour une tournée française avant d'attaquer 1977 avec au programme rien moins que les USA, la Grande-Bretagne, l'Europe, et une huitaine de grands concerts en France à nouveau. A notre avis, s'ils restent unis, c'est bien parti
Best n° 101 - Décembre 1976