Interview de Christian Vander et Klaus Blasquiz

La musique, c'est la vie

Vous changez souvent la composition de Magma. Est-ce difficile de faire rester les membres du groupe ?
Vander : Il est faux de dire que nous changeons les membres du groupe. Ce sont eux qui partent. Nous aimerions bien garder les mêmes musiciens, mais on ne peut pas éviter les changements fréquents. C'est du au fait que bon nombre de musiciens ont un but différent de celui de Klaus et moi. La musique est le plus important. En ce moment, il y a un nouveau membre dans le groupe, il devrait être préparé à travailler au service de la musique. Nous sommes un groupe, pas une assemblée d'individus. On est supposé fournir un effort commun. C'est quelque chose que les noirs ont compris. Aux États-Unis, ils comprennent ce que cela veut dire. Booker T & the MG's l'ont compris. Ils ont accompagné Otis Redding. Ils étaient réellement au service de la musique. Nous avons le même but avec Magma. En fait, Magma joue de la musique noire, c'est-à-dire une musique faite de dévotion. C'est une musique spirituelle. La musique des blancs est une musique de l'intellect. Principalement.
Blasquiz : Certains musiciens jouent avec leur cœur, d'autres avec leur cerveau. Nous essayons de jouer à la fois avec notre cœur et avec notre cerveau. De la musique vitale. Ce qui est ennuyeux avec la musique d'aujourd'hui, c'est qu'elle n'est pas assez vitale. Vous jouez et ensuite vous vous reposez. En Afrique, ils peuvent jouer pendant quatorze jours d'affilée. En Europe, la musique a pris une autre voie. Au lieu de l'intégrer à la vie, on laisse la musique en dehors. Vous jouez, et après vous vivez mais jouez après vous oubliez (mauvaise interprétation, ou erreur d'un des précédents traducteurs). La musique, c'est vivre. La musique est présente tout le temps. Avant de commencer l'interview, on parlait de rythme-notez bien cela : on interromp le rythme de la musique en le coupant du rythme de la vie. Les gens ont fait de la musique une forme d'art. Rien n'est plus faux que cela. La musique est là tout le temps. On ne peut pas l'exclure ou l'isoler selon la situation.

Coltrane ne faisait qu'un avec la musique

Est-ce que vous avez une définition précise de ce qu'est la musique ?
Vander : Il est difficile de définir ce qu'est la musique. La musique est la vie. La musique détient tous les secrets de la vie. C'est le moyen d'expression le plus clair pour l'homme. La musique peut contenir aussi bien la vie que la mort. La musique est un prolongement de soi, de notre manière de nous exprimer. La musique est universelle. Quand j'écoute John Coltrane, ce n'est pas son saxophone que j'entends mais sa voix. Je perçois la musique comme un discours. Le saxophone est son organe vocal, c'est lui qui parle. C'est Coltrane. Toute sa vie, toute son énergie sont passées dans son saxophone. Dans son cas particulier, l'instrument disparaît pour devenir un organe vivant, comme la voix. C'est ça la musique. Exactement comme pour un batteur. Le batteur ne devrait pas voir son instrument comme un ensemble fait de tambours et de baguettes. La batterie devrait devenir une partie de lui. L'instrument devrait devenir un organe vivant. Ca aussi c'est notre but. La voix est le plus bel instrument qui existe.

Comment vous sentez-vous sur scène lors d'un concert ? Que ressentez-vous ?
Vander : de la joie et de l'amour.
Blasquiz : la musique disparaît. On ne perçoit plus la musique. La distance entre soi et la musique disparaît. On ne se sent plus en train de jouer la musique. Je vois mon travail sur scène comme une activité mentale, une ligne de pensée.

Vous avez dit que la musique était comme la vie. Pourtant, si on peut changer la musique, on ne peut pas changer la vie.
Vander : C'est facile de changer la vie si on le veut vraiment. On peut orienter la vie dans n'importe quel sens, celui qu'on veut. Tout comme la musique. La musique peut changer la vie, et inversement. C'est pour cela qu'on ne peut pas séparer la vie de la musique. Bob Dylan a changé la vie de nombreuses personnes. On peut faire des choses incroyables avec la musique. La musique est un pouvoir, un pouvoir invincible.

Musique et révolution

Vander : on peut lancer une révolution avec la musique. La musique est un élément très puissant en tant que facteur politique. C'est un des agents les plus efficaces qui existe. Elle peut influencer l'esprit, la capacité qu'a chacun de penser, la conviction et elle peut changer la vie. Comme une révolution.
Blasquiz : Il n'y a pas de différence entre la vie et la musique. La révolution peut venir de plein de choses différentes mais avec la musique comme expression et comme outil, c'est nettement plus efficace. La révolution doit entrer dans la vie quotidienne, petit à petit.

Où est le public dans la discussion ?
Blasquiz : Le public n'existe pas. Le public et vous, c'est pareil. On touche maintenant à l'essentiel. On rassemble le public, on joue devant un public qui est également nous-mêmes, afin de créer une forme de respect et d'amour à travers la musique.
Vander : Si un fleuriste, après avoir vu un de nos concerts, rend son magasin plus beau en rentrant, alors Magma aura réussi à faire quelque chose. Ce que nous voulons faire, c'est que les gens qui marchent dans la rue fassent chaque pas dans la joie. Si nous rendons les gens heureux avec notre musique, alors nous voulons aussi que ces gens rendent d'autres personnes heureuses. Exactement comme dans une réaction en chaîne. Certaines des races qui existent sur terre ont une telle relation d'amour entre elles, et il se trouve que ce sont ces races qui, sur terre, sont le plus imprégnées par la musique. Ce n'est pas une coïncidence. Même si ça peut paraître ridicule.
Blasquiz : Pas du tout, il n'y rien de ridicule dans une telle relation entre l'amour et la musique. C'est dans ce but que nous travaillons. Pour rendre les gens conscients. peut-être que Magma en a les moyens. Du moins c'est ce que nous espérons...
Vander : Un homme politique va louer un endroit afin de s'adresser à son public. Nous faisons pareil, sauf que nous utilisons la musique comme moyen d'expression.

La joie dans la musique

Vander : Parallèlement, nous ne devons pas oublier qu'on devrait réaliser de la joie avec la musique. La joie d'être ensemble, d'écouter ensemble. Le musicien n'est pas seulement un musicien, et ceux qui écoutent ne font pas qu'écouter. Et puis, il y a de nombreuses façons d'écouter.
Blasquiz : Vous jouez un accord. Une personne peut le percevoir comme étant une expression d'amour et une autre personne comme une expression de haine. Magma essaie de trouver la musique universelle idéale. C'est notre travail. Magma n'a pas encore atteint ce but, mais on s'en approche. On essaie de créer une musique universelle complètement nouvelle, un nouveau mode d'expression.

Avez-vous pu associer le rythme avec l'intellect ?
Vander : La musique de magma est basée sur la pulsation, le rythme. Tout est rythme.

Est-ce que votre forme de musique complexe ne crée pas de problème avec les nouveaux musiciens ?
Vander : Pas si le musicien maîtrise assez bien son instrument. Le problème pour les nouveaux musiciens est plutôt d'ordre spirituel. Il y a des musiciens qui sont plus "Magma" que d'autres. Certains ont la technique mais pas la conviction, d'autres ont la conviction mais pas la technique. Ce dont on a besoin avec Magma, ce sont de musiciens qui ne soient pas fermés. Pour être accepté dans Magma, il faut connaître la musique classique, le rock, la musique de Tamla-Motown et être capable d'utiliser la technique de ces formes de musique.

Maintenant, il y a deux batteurs dans le groupe...
Vander : J'ai toujours voulu cela. Cela me permet de jouer du clavier et de chanter.

Lors d'un concert à Paris, vous avez chanté pendant un chorus de batterie.
Vander : Pour beaucoup de batteurs, un chorus consiste seulement en une démonstration technique et rien d'autre. Le chorus de batterie doit être un véritable morceau, et c'est pour cela qu'il devrait être conduit de façon sensible. Je divise mes chorus en trois parties. Dans ma première, je définis un niveau et je prépare le public à ce qui suit. Un chorus doit contenir une certaine émotion. De la tristesse, de la mélancolie, etc. Quand j'accompagne un chorus avec du chant, c'est parce que j'ai composé un morceau qui doit être accompagné par du chant. Ca ne peut pas se faire d'une autre manière.

Le kobaïen

Vous avez inventé votre propre langue. Pourtant, est-ce que ce n'est pas important de comprendre ce qui est dit dans les chants ?
Blasquiz : Oui, c'est très important, mais dans de nombreux cas, on donne beaucoup trop d'importance au texte, en ignorant ainsi la musique. la musique est alors réduite à quelque chose de moindre importance. Le chant est important, mais pas autant que la musique. Le kobaïen a été créé en même temps que la musique. C'est quelque chose de logique. C'est un langage physiologique, un rituel, une forme d'espéranto universel. C'est une langue faite de musique. Le kobaïen est facile à chanter et en même temps, il est là pour empêcher les gens de penser à ce que nous voulons dire avec le texte ou un vers particulier. C'est une forme de musique sans sémantique. Ce qui n'exclue pas l'idée qu'un jour, nous essayerons quelque chose d'autre. Nous avons inventé une langue phonétique sur des éléments de langues slaves et germaniques afin de pouvoir exprimer des choses en musique. La langue a, bien sur, un contenu mais pas si on la prend mot à mot. La langue a un contenu global, et c'est ça qui est important.

Les disques de Magma ont jusqu'à présent été des albums-concepts qui, assemblés, forment une histoire. Le dernier est différent...
Vander : En fait, il s'agit d'un disque-pirate. C'est un disque qui a été enregistré avec un magnétophone et qui consiste en des répétitions, des enregistrements radio, etc. Le disque est une forme de statut pour nous. Il y a des morceaux avec des musiciens qui ne font plus partie de Magma maintenant. Et puis, il était temps qu'un album de Magma sorte, parce que le précédent est sorti il y a assez longtemps. En plus, nous avons changé de producteur, donc on avait besoin de sortir un album avec lui, alors on a sorti "Inédits". Les enregistrements sont assez basiques, mais il y a un autocollant sur la couverture qui prévient les gens que la qualité du son n'est pas excellentes. C'est plutôt une sorte de documentaire. Si la musique est assez bonne, alors la technique ne compte pas.

Magma et le public

Que pensez-vous du public danois ?
Blasquiz : On a pas encore assez joué ici pour se faire une bonne impression, mais les réactions sont assez différentes de celles qu'on a d'habitude. On a joué lors d'un festival l'année dernière et les réactions qu'on a eu étaient vraiment formidables (Roskilde festival).
Vander : C'était un de nos meilleurs concerts. D'un autre côté, hier après le concert, j'ai eu l'impression que dans cette ville, les gens sont plus hésitants vis-à-vis de notre musique. Peut-être était-ce à cause de ce groupe étrange. Quel était leur nom, déjà ? (Blasquiz lui répond qu'il s'agissait de "Totalpetroleum" - un groupe humoristique qui mélange des samples des "Residents", du rock, et des numéros de satire politique de la radio danoise et de l'establishment). Peut-être que le public n'était pas assez bien préparé à notre style de musique. Nous aimons bien un peu mystifier le groupe. Nous nous habillons en noir, parfois avec du blanc pour contraster, ça rend le groupe plus mystique. On aimerait bien faire quelque chose pour la scène. Peut-être travailler un jour avec un théâtre...

Quelle est la part de routine et la part d'imprévu dans vos concerts ? Apparemment, il n'y a pas vraiment de place laissé à l'improvisation.
Blasquiz : Il ne faut pas penser quand on joue. Il faut jouer ! Au moment où on commende à se dire que le guitariste va jouer ça ou ça, alors c'est trop tard. Alors on pense et donc, automatiquement, on est plus dans la musique. On est en dehors.

En pensant, on écoute

Blasquiz : Alors qu'il faudrait créer un son, au moment où on pense, on écoute et alors on est plus dans le son. Les musiciens ne devraient pas créer leur propre son mais être partie intégrante du son du groupe. Les choses devraient se dérouler naturellement. Il faudrait que les doigts bougent de façon automatique, que chaque strophe soit chantée de façon automatique. Il ne doit pas y avoir d'espace laissé à la pensée.
Vander : La musique devrait être dans la colonne vertébrale de chacun ; Si je commence à écouter le bassiste ou le guitariste, alors je vais jouer de manière hésitante et les autres musiciens vont le ressentir, et vice-versa. La musique doit avoir une structure solide, où tout est basé sur la sécurité et la routine. Ce qui ne veut pas dire que le détail doit être perdu dans l'ensemble. Attention, une pièce qui est bien pensée, bien répétée et basée sur la conviction peut très bien contenir des détails et des ombres, s'ils sont créés par les différents musiciens.

Alors est-ce que ça ne reviendrait pas au même de mettre une machine sur scène ?
Blasquiz : C'est facile de jouer comme une machine, mais alors le coeur de musicien ne sera pas systématiquement dans la musique, et c'est là la différence. La musique ne sera jamais comme une machine. C'est le cœur qui contrôle la musique. La machine est sourde, pas l'homme. L'homme doit se concentrer et ce n'est pas facile pour un groupe de musiciens de se concentrer ensemble. Nous jouons avec le cœur, et pourtant nous ne pensons pas, mais nous nous concentrons et c'est en ça qu'il y a une différence entre une machine et Magma.
Vander : Les musiciens "professionnels" pensent à d'autres choses que la musique. Ils se demandent s'ils sont assez bien payés, s'ils ont du succès, mais ils ne pensent pas à la musique. Ils se demandent s'ils sont bien habillés, ils s'interrogent sur leur futur, etc.... Nous, on s'habille en noir, c'est mystique, soit mais en même temps, c'est discret. nous chantons dans une langue phonétique, c'est mystique mais le contenu ne peut pas être trop éloigné du son dans sa globalité.
Blasquiz : On joue toujours les mêmes pièces. On utilise les mêmes mots mais cependant, à chaque fois, l'expérience est nouvelle. On aura jamais une relation "professionnelle" envers Magma.
Vander : C'est essentiel ! Si on prend Mekanïk Kommandöh par exemple... (Vander prend deux baguettes et joue le rythme sur la table). Toujours le même rythme, c'est ce qui est à l'intérieur qui change. Je ne considérerai jamais cette pièce comme une ligne de rythme mais comme quelque chose plus proche d'une pulsation. Quand on a joué cette pièce, une fois, en plein milieu d'un concert, je me suis trouvé comme le plaignant dans une salle d'audience, avec des témoins, le grand jeu. A ce moment, la batterie est le vrai instrument, c'est le but. Et soudainement, la musique voulait dire quelque chose pour moi : j'étais la musique. Le son de la batterie a complètement disparu de mon paysage sonore. c'était une expérience extraordinaire, qui se répète parfois. A chaque fois de nouvelles expériences, à chaque fois un nouveau rôle pour la charleston, à chaque fois un nouveau son pour les cymbales. C'est ça la musique. Et c'est ça qu'on vise avec Magma. Le groupe ne devrait pas être une série d'individualités, mais une seule : Magma !

Les improvisations sont guidées

Peut-on ôter aux musiciens leur désir de jouer ?
Vander : Non, ce n'est pas possible, mais on peut le contrôler et le guider. Je vais encore faire référence à John Coltrane. Il avait compris comment faire pour guider ses improvisations, il n'a jamais cédé à la tentation de simplement jouer comme il en avait envie ou bien de se détourner de ce qu'il voulait faire. Il contrôlait parfaitement sa musique et pourtant il parvenait à improviser. Il ne jouait jamais une note a hasard. Parfois, il se laissait aller, et ça nous arrive à nous aussi, mais il avait la capacité de toujours se contrôler.

Vous n'improvisez jamais dans vos chorus de batterie ?
Vander : Je sais toujours où je suis. Je ne pense jamais à ce que je vais faire après, ni au moment où je devrais utiliser les cymbales. Je sais toujours à l'avance comment je vais jouer. Si je ne vais pas me servir des cymbales je le sais à l'avance, je peux le sentir.
Blasquiz : Je vais appeler ça une pensée globale. Parfois en arrivant sur scène, je prend soudainement conscience de comment tout va se dérouler. Du début à la fin. Il est déjà arrivé que je me trompe mais c'est très rare et souvent dû aux conditions extérieures.
Vander : Hier, dans la salle de concert, il faisait très chaud. Tellement chaud que mes mains étaient très moites. J'avais du mal à tenir les baguettes et j'ai fait des erreurs en jouant. Il y avait des choses qui auraient dues être jouées très fort et je ne pouvais pas le faire. J'ai dû sauter des passages et dans certains cas jouer de façon différente.

Dans ces moments-là, vous pensez ?
Vander : Non, je saute des passages.
Blasquiz : Il y a une différence entre penser et se demander quelque chose. On peut penser quand il y a de la musique, mais quand on joue, la pensée vient comme un éclair dans un ciel bleu. Peut-être que c'est plutôt une sensation ou un sentiment. Mais au moment où on commence à se dire "Qu'est ce que je devrais faire après ?", alors, comme Christian l'a dit, on est coupé de la musique. Peut-être que ceci explique mieux ce que Christian voulait dire.
Vander : Notre musique est construite pour former un mouvement naturel et continu, mais parfois il arrive que je m'enferme dans la même séquence et n'arrive plus à en sortir (Christian Vander prend de nouveau les baguettes et répète le même mouvement sur la table) et je rejoue la même séquence, encore et encore, j'attend, mais tout en rejouant la même séquence jusqu'à ce que je puisse avancer de façon logique et automatique. Je ne pense pas "Comment est-ce que je dois continuer, là" mais je ne fait que jouer, jusqu'à ce que j'avance, automatiquement.

Nous avons seulement évoqué les concerts-comment parvenez-vous à donner la même authenticité à la musique en studio ?
Blasquiz : C'est difficile, parce qu'il faut recommencer, encore et encore. Et à chaque fois, il faut recommencer au début jusqu'à ce qu'on atteigne le point où on se dit : c'est là, maintenant la musique, l'engagement est présent.
Vander : Je ne pense pas que ça soit si difficile que ça de réussir à faire de la musique en studio. Je suis motivé pour jouer, que ce soit pour seulement trois personnes ou pour une grande salle de concert, le nombre de spectateurs n'a aucune importance pour moi. Ce que je donne avec mon cœur à la musique est toujours pareil. Dans un studio, il y a un technicien pour le son et deux personnes dans la salle de mixage et ça veut dire : je joue pour ces trois personnes. Mon engagement est le même. On ne devrait jamais penser que ça ne vaut pas la peine de jouer. Ce n'est pas l'individu qui compte mais la musique.

Interview de Poul Erik Sørensen pour un ancien magazine danois appelé MM (numéro de août - septembre 1977). L'interview a lieu à l'occasion du Silkeborg Multimusic Festival au Danemark en juillet 1977.

Traduction : Emilie Desassis

[retour liste des interviews]