Le Fils de MAGMACe mois-ci, suite de ce feuilleton qui passionne les sphères du rock français depuis l'an 1970 : les aventures de Magma. "Magma se sépare", "Le retour de Magma", "Magma chez les Bretons", "Magma a disparu", "Magma revient", "Du Rififi chez Magma", etc.
Tout le monde se serait lassé depuis bien des lunes, si les individus qui peuplèrent ces péripéties n'avaient toujours montré un talent et surtout une ambition au-dessus de la moyenne (et pas seulement française). Aujourd'hui, ce serait plutôt "Le fils de Magma", car non seulement le personnel du groupe a changé une fois de plus, mais l'orientation musicale semble prendre un tour tout à fait inédit. Sans aller, comme des bruits circulaient à Paris, jusqu'à affirmer que Magma faisait du "Stevie Vander", on peut dire que sa musique s'est considérablement assouplie, allégée. Cette évolution du répertoire de base est d'ailleurs en strict parallèle avec celle de la composition du groupe. Christian Vander quitte en effet fréquemment sa batterie pour chanter, micro en main, ou s'accompagnant au piano (l'un de ses talents les plus méconnus). Ce fait est rendu possible par la présence du batteur Clément Bailly, précédemment avec Stivell, qui le supplée ou dialogue à deux batteries (c'est pas triste, paraît-il). Klaus Blasquiz chante et percussionne toujours, cependant que Guy Delacroix a repris la basse de Janick Top, ce géant qui ne supportait l'improvisation qu'en musique..., mais s'en sert d'une manière plus traditionnelle. Benoît Wideman est de retour aux claviers, mais, nouveauté, c'est la guitare de Jean De Antoni qui prédomine, conférant à l'ensemble un son moins haché, plus rock.
Seul leader, Vander entraîne sa troupe docile dans un nouveau style qui donne aux piliers du répertoire du groupe, comme "De Futur " (de Janick Top I) ou "Mekanïk Kommandöh" un bain de jouvence mélodique. C'est ce qu'on pourra sans doute apprécier, entre autres, lors du grand concert parisien du 14 mai prochain à l'Hippodrome.
C'est pour Magma, miné par son instabilité chronique, enlisé dans des péripéties discographiques ("Utopia" est dissout) une sorte de dernier sursaut. Chacun se doit de l'aider à réussir.
Christian LEBRUN
Best n° 106 - Mai 1977