JANIK TOP
(extrait d'un article sur les meilleurs bassistes)

Janik Top est de ces très rares êtres qui sont nés musiciens. Il n'a pas encore réalisé ce qu'il porte en lui et a déjà plus apporté à la musique que la plupart des instrumentistes dont il a été question ici. Passionné par l'art de John Coltrane et par les compositeurs russes du siècle dernier, Janik a appris à jouer selon la technique propre au jazz et a accompli, comme Jean-Luc Ponty par exemple, l'énorme travail théorique (solfège, harmonie, composition, etc.) par lequel passent les musiciens classiques. Top accorde sa basse comme un violoncelle, instrument qu'il pratique longtemps et sur lequel il opéra l'essentiel de son évolution. Ce Marseillais, monté à Paris avec deux mille francs en poche, rencontre Christian Vander et devient, en 1973, remplaçant Francis Moze, le second bassiste de Magma. Le travail remarquable que Janik Top a fourni pendant qu'il appartenait au groupe a sans nul doute contribué à apporter à Magma une popularité nationale ("Mekanïk Destruktïw Kommandöh"). Techniquement, le jeu Janik Top consiste en un déferlement de notes et de lignes lourdes que ponctuent peu de breaks et de silences. L'emploi de séquences répétées en usant de sonorités modulées en cours de jeu concourt à créer une sensation de majesté, d'emphase qui servait dans le cadre de Magma le propos de Christian Vander, mieux que ne pouvait le faire les discours tyranniques et la brutalité de l'image scénique du groupe. Mais il émane surtout du style de Top une puissance magnifique, la vraie force d'un créateur. La Beauté. Porté vers les recherches électroniques (il utilise un synthétiseur), Janik Top prépare aujourd'hui une œuvre dont on attend impatiemment le prologue.

Enregistrements avec Magma: "Mekanïk Destruktïw Kommandöh", "Köhntarkösz".
Rock & Folk n° 128 - Septembre 1977

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