INTERVIEW : MAGMA

Après un concert assez fulgurant (des musiciens en forme et une salle pleine à craquer de fans venus parfois de très loin), Klaus Blasquiz a bien voulu m'accorder quelques minutes pour une interview "éclair".

Roland Roque : Je crois savoir que Magma, à nouveau, a subi des changements au sein de son personnel... La formation est en effet composée maintenant de Christian Vander (batterie), toi-même aux chants et percussions, René Garber (chant), Jean-Luc Chevallier (basse, guitare) et les frères Hervé (basse, claviers). Ces derniers ne sont pas des inconnus, je crois...
Klaus Blasquiz : En effet, ils ont fait partie de Zoo, fameux groupe des années 70...
Michel Hervé : ... formé en fait avant Magma en 67 et qui, malgré une vaine tentative de résurrection sous le nom de Z.O.U., n'existe plus.
K. B. : Nous sommes de vieux combattants
M.H. : D'autant plus que j'avais joué avec Christian Vander avant la création de Magma, en 68 ! Comme quoi, il n'y a pas de hasard...

R.R. : Que répondez-vous lorsque l'on dit que la musique de Magma est hermétique ?
K.B. : Je pense que c'est au public de répondre. Non, nous ne faisons pas de la musique pour une élite. Tu as vu les réactions du public ce soir ? Peut-être ce reproche était justifié à nos débuts, mais cela n'a jamais été en tout cas le but recherché.

R.R. : Le "Kobaïa" serait donc un moyen de faire "passer" plus facilement la musique de Magma dans les pays anglo-saxons...
K.B. : Non. Tu as pu le remarquer, nous chantons certains morceaux en anglais et en français. Non, le "Kobaïa" est un élément, une partie inhérente de notre musique.

R.R. : Comment classer cette musique ? Du jazz, du progressif... ?
K.B. : Certainement pas du jazz. Plutôt une "nouvelle musique classique", classique dans le sens où elle fait école, où elle est une base de langage commun. On peut la qualifier aussi de "musique populaire classique".

R.R. : L'esprit est-il différent des "progressistes" anglais (Crimson, Yes ...) ?
K.B. : Oui... Nous ne recherchons pas de nouvelles sonorités (Mais Yes le fait-il vraiment ?). Chez Magma, il y a plus une association, une transformation de sons qu'une création. Magma n'est pas un groupe intellectuel mais instinctif. C'est de l'alchimie et non de la chimie, si tu veux.

R.R. : Quelle est votre position vis-à-vis des punks ?
K.B. : Ils font partie, comme nous, de la famille du rock'n'roll. Ce sont des gens qui ont plus d'énergie que les grands groupes.

R.R. : Magma ne serait donc pas sensible aux "modes" ?
K.B. : Pas plus qu'à un autre événement temporel...

R.R. : Quelle est votre position vis-à-vis du rock français et du "show-biz" (cf. disco ...) ?
K.B. : Nous sommes un groupe sans attaches. Néanmoins, Magma est certainement un "leader", dans le sens de "celui qui est devant" ; c'est le plus vieux groupe français et il sert de référence à ses cadets... Quant au show-business, je le qualifierais de "panier de crabes", tu vois ce que je veux dire ! ...

R.R. : Quelle est votre audience à l'étranger ?
K.B. : Les critiques sont en général favorables. Aux U.S.A., nous sommes connus des étudiants et musiciens, en Angleterre, dans le reste de l'Europe, nous avons un public assez important.

R.R. : Vos projets ?
K.B. Un disque, "Attahk", vient de sortir en août... Rien de précis pour l'instant sinon une grande tournée à travers la France.

R.R. : Merci et bon courage.

Roland ROQUE
Rock Hebdo - Octobre 1978

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