Sounds - Janvier 1988

Zïha Fabrice Bellarbre

Le reporter de poche Ron Rom nous parle de l'as dans le monde du billard, à savoir Steve Davis comme il se prépare à sortir de l'ombre et à entrer dans le monde impitoyable de la musique où l'homme est un loup pour l'homme. Petit aperçu d'une longue histoire.

L'étonnant Steve Davis a trouvé du temps entre chaque tournoi professionnel de billard qu'il gagne sous le soleil pour mettre un pied dans le monde impitoyable des promoteurs de rock, où se sont ceux qui ont les plus grosses balles qui gagnent le jour.

Lors d'une élégante soirée, qui s'est récemment déroulée au théâtre Bloomsburry à Londres; le même lieu où Steve a introduit Magma, un groupe jazz-rock français existant depuis 20 ans pour trois nuits les 14, 15 et 16 janvier; il a défendu son aventure dans l'industrie musicale auprès d'un lot de journalistes criant au "canular publicitaire", au "stratagème", ou encore au "détournement fiscal". Et quand j'ai réussi à lui parler, il paraissait sincère et se berçait de peu d'illusions à propos de cette aventure, dont il ne voit qu'une extension naturelle de son amour pour la vieille musique soul. Il possède une collection de 3 000 albums, m'a-t-il dit plutôt fière de lui.

"Je n'ai vraiment pas besoin de publicité, ce n'est donc pas un stratagème et je n'ai pas vraiment besoin d'argent. Je ne gagnerais rien, et perdrais probablement de l'argent pour ces trois concerts. Mais je suis un fan de Magma depuis 1974, 3 ans avant que je ne devienne un joueur de billard professionnel. Et quand j'étais en France dernièrement, j'ai su que Magma était en tournée mais qu'ils n'avaient pas prévu de venir en Angleterre. J'ai pensé que se serait une bonne chose de les faire venir en Angleterre, principalement pour des raisons personnelles, comme mon envie de les voir jouer en live à nouveau. Evidemment, je suis dans une situation privilégiée pour me permettre tout cela, mais j'ai pensé qu'à la place de gaspiller de l'argent sur des chevaux, je pourrais aussi bien faire quelque chose qui valait le coup. Qui sait, il y a peut-être un tout nouveau public qui attend et appréciera Magma!

- Depuis quand êtes-vous fan de musique?
"Depuis des années. Quand j'étais en terminale j'avais l'habitude d'écouter de nouveaux albums comme Iggy Pop et David Bowie. Ils étaient agréable à écouter mais ne m'ont jamais donné beaucoup plus. J'étais davantage avec Soft Machine.

- Vous étiez un hippy alors?
Je suppose que j'en étais vraiment un, il rit. J'avais un AFGHAN. En fait, la première fois que je suis allé voir Magma je portais mon AFGHAN.
Steve nous parle de son amour pour la musique avec l'autorité d'un enthousiaste, décrivant chaleureusement la musique avec des "belles voix", des "passages de batterie terrifiants" et de "fortes mélodies". C'est essentiellement un homme mélodieux et en accord avec lui-même.
Mais il n'y a pas à le nier, il connaît son travail et devient plutôt vicieux quand arrive le sujet Radio 1.

"Qu'est-ce que j'écoute quand je pars pour jouer? J'écoute Radio 1, comme ça j'ai rien dans la tête."

- Vous n'appréciez pas une grande partie de la pop commerciale alors?
Elle est utile, a un but je suppose. Quoi que, que voulez-vous que je vous dise après la sortie d'un album comme Snooker Loopy? En tout cas, pour moi ça rentre par une oreille et ça ressort de l'autre. C'est ce que j'apprécie à propos de Magma, ils ont plusieurs influences. J'écoute différentes sortes de musiques, allant de la musique africaine aux concerts irish.

- Que pensez-vous du groupe The Pogues?
Ils seraient bien si le gars pouvait chanter. Je sais qu'il y a un grand nombre de personnes qui ne peuvent pas chanter, comme sur "The greatest love of all" où Withney Houston sort de ses notes et je ne supporte pas cela".

- Avez-vous des projets pour l'avenir?
Hé bien, nous verrons comment cela tourne. Peut-être que plus tard je pourrais être capable de faire venir quelques grands chanteurs souls américains. Pour le moment, je préfère allouer mon temps libre pour la promotion de Magma. Mais si cela venait à s'accentuer je ne serais plus si sûr".

Nous l'avons quitté sur ces paroles. Steve s'est absenté pour faire sa sieste de l'après-midi, le groupe Magma s'est beaucoup plu et, heureusement, quelques billets se sont vendus pour le show, qui est décidément produit par un fan qui a de l'argent et qui meurt d'envie de voir un groupe qu'il n'a pas vu jouer depuis des années. Il y a quelque chose d'honorable à cette requête.

Zïha Caroline Leroy pour la traduction



WPB le 25 Juin 2013


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