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Bien qu'étant traditionnellement un moment peu propice
aux sorties de disques, ce dernier été aura donc été
marqué par la double sortie, en compact et en vidéo, des concerts
de Magma à Bobino en Mai 81. Car il s'agit effectivement d'un événement
et le nombre de chroniques parues dans une presse habituellement peu concernée
par les productions vanderienne en témoigne.
Commençons par la vidéo. Aussi étrange que cela puisse
paraître il s'agit ici du premier document «officiel» sur
le groupe. Filmé à l'origine par l'équipe du défunt
Chorus d'Antoines De Caunes, cette bande de deux heures doit être considérée
avant tout comme un document. On est certes loin des standards de qualité
de la vidéo professionnelle mais, à la façon des autres
volumes de la série AKT, c'est le fond qui importe ici et non la forme.
Présenté dans son intégralité,
ce concert de deux heures présente un reflet fidèle du Magma
« ressuscité » de ce printemps 81. Il s'agit d'ailleurs
de l'un des premiers concerts de la série donnée à Bobino
durant trois semaines. Outre les différences d'interprétation
par rapport au compact, cette vidéo présente un groupe profondément
remanié et dont l'orientation scénique a fait couler beaucoup
d'encre à l'époque.
Car, il faut bien le reconnaître, l'aspect visuel de cette formation
était pour le moins discutable. Cette succession de costumes voulait
à l'évidence rendre le groupe plus accessible. L'intention était
certes louable mais le résultat visuel ne m'a, personnellement, jamais
convaincu. Excepté cet épineux problème, cette vidéo
passionnera bon nombre d'entre vous et notamment ceux qui n'avaient jamais
vu cette formation à l’œuvre.
Après une tournée en province en Février et Mars, cette
série de concert marque le retour du groupe après deux ans de
silence. Si les trois concerts de l'Olympia en juin 80 avait permis de faire
le point sur la première décennie magmaïenne, le groupe
entame ici une nouvelle orienta-tion.
Klaus Blasquiz parti, c'est Christian Vander qui prend en main les vocaux
et de quelle façon ! La formation s'est d'ailleurs considérablement
renouvelée puisqu'il ne reste de la mouture précédente
que Stella, Lisa et Jean Luc Chevalier. Les cuivres font ici leur première
réapparition depuis 1972 en la personne des frères Guillard,
auparavant dans le Weidorje de Bernard Paganotti, Benoit Widemann retrouve
le groupe qu'il avait quitté fin 77 pour mener une carrière
solo et Doudou Weiss, ami du tout début, prend la seconde batterie.
On retrouve Dominique Bertram à la basse, ancien du Neffesh Music de
Jeff Seffer et bassiste d'Alien Quartet et enfin, Guy Khalifa, rencontré
par Stella au sein d'Odeurs, au piano et au chant.
Le répertoire est composé de morceaux interprétés
par le groupe précédent : Hhaï, Urgon & Gorgo, Rétrovision
et Zëss, et de nouveaux morceaux : Zain, Who's my love, Otis et You.
Présenté comme le début de la phase 2,
ce Magma 81 se situe dans la continuité de la tournée Attahk
de par la couleur rythm'n blues de l'ensemble. La masse sonore des deux basses
est pourtant moindre et les cuivres apportent une nouvelle couleur au son
du groupe. A l'exception de Zëss, les longues fresques ont cédé
la place à des morceaux plus courts où l'improvisation fait
son apparition, annonçant en cela l'évolution vers Offering.
Pour la première fois depuis 10 ans Mekanik n'est plus joué
et le traditionnel chorus de batterie a également disparu.
Pourtant le groupe n'a sans doute ja-mais été aussi proche du
son du rock. La raison en est simple : la présence de la guitare de
jean Luc Chevalier. Assurant la plupart des chorus cruciaux et dynamitant
les rythmiques lorsqu'il est à la basse, Chevalier est particulièrement
mis à l'honneur sur ces enregistrements. Le contraste est d'ailleurs
saisissant avec le jeu de Dominique Bertram. Celui-ci ne m'a jamais paru à
l'aise dans le groupe et le son de sa basse est très éloigné
des standards magaïien en la matière. Ceci est ainsi flagrant
pour le duel Urgon & Gorgo dont la version présentée ici
est très éloignée du déferlement sonore des versions
jouées lors de la tournée Attahk.
Avec le recul on se donc trouve ici face à une période transitoire,
le répertoire oscillant entre différents univers. D'ailleurs
les différences entre les deux concerts proposés ici illustrent
rétrospectivement l'évolution de l'orientation musicale du groupe.
La zeuhl, bien sûr, avec Hhaï, Zain et la version électrique
de Zëss dont il s'agit enfin de la première apparition sur disque.
Mais de nouvelles couleurs font leur apparition avec des thèmes tels
que Who's my Love, You ou surtout Otis en version kobaïenne. Les structures
sont plus légères, laissant plus de place aux improvi-sations
vocales de Christian Vander qui après quelques tentatives en 77 et
79 se révèle ici totalement comme chanteur.
Etrangement la plupart des morceaux présentés ici ne seront
pas gravés sauf Otis mais dans une version très différente
sur Merci et You sur la compilation Ennéades. En dépit du succès
rencontré lors de ces trois semaines le groupe connaitra de profondes
modifications quelques mois plus tard. Le répertoire sera également
modifié puisque de nouvelles compositions feront leur apparition :
Joïa et Another Day.
Chaînon manquant entre Attahk et Merci, la parution de ces concerts
comble donc un vide dans la discographie du groupe. La présence de
Zëss, ultime Grand Oeuvre magmaïen à ce jour, et de la version
originale d'Otis achèvera de convaincre les plus septiques d'entre
vous.
H.D.L.Z.
Double sortie estivale sur AKT, coffret de 2 compacts live et
vidéo tirés des concerts à Bobino, voci le Magma 81 qui
avait investi la scène parisienne pendant trois semaines. Ce premier
document vidéo officiel constitue en soi un événement
suffisamment important pour nous faire oublier la qualité technique
du document. En effet l'image est assez moyenne mais la qualité sonore
est acceptable en dépit du mixage spécialement réalisé
pour la télévision.
Bien sur les inconditionnels regretteront que d'autres documents plus fondamentaux
à notre sens dorment toujours dans les coffres dorés de Seventh.
Car il ne s'agit pas ici de la meilleure formation de Magma mais la musique,
elle, est toujours là, servie d'une main de maître par la batterie
de Christian Vander, épaulée ici par Alain Weiss, voire remplacée
lorsque Christian chante. Avec les chorus de Jean Luc Chevalier alias Gorgo
cela nous fera oublier le minimum syndical de Dominique Bertram et le manque
d'inspiration de Guy Khalifa alias Zurëss. Bien que la démesure
du Magma des années 70 ne soit plus là, l'énergie de
la formation se retrouve très bien sur ce document qui permettra aux
novices d'appréhender l'impact scénique du groupe.
En résumé voici un document historique indispensable à
tous et en particulier aux batteurs qui pourront apprécier ici la créativité
de Vander, créativité mettant au second plan une technique pourtant
immense. La présence d'un long extrait de Zëss en version électrique
justifie à elle seule la possession de cette vidéo. Ce morceau
historique n'avait été gravé à ce jour qu'en version
acoustique avec Les Voix. La pièce prend ici un tout autre relief avec
le solo hendrixien de jean Luc Cheva-lier. En résumé: à
posséder !
H.P.L.Z
Photos : Patrick Thubaut
Issèhndolüß Akhazhïr