To Love

II est difficile de parler de Christan Vander sans tomber dans les sables mouvants d'un mysticisme peut-être quelque fois puéril (mais n'a-t-il pas dit qu'il fallait rester comme des petits enfants ?), d'une vision utopique, politicienne dans l'acceptation la plus large du terme, planétaire et même cosmique dans le sens ou certaines lois universelles sont à respecter, lois que les humains ont passablement bafoué depuis un certain temps... II faudra payer cash cet irrespect (cf. la tirade dithyrambique, en français pour une fois et non en kobaïen, à faire peur qui ouvre le troisième mouvement de Theusz Ham-taahk sur Rétrospectiw II).

Ce qu'il est possible de dire sur l’œuvre du maître, c'est qu'elle est protéiforme. II y eut tout d'abord le premier disque de Magma, double album qui fut un pavé dans la mare croupissante de la musique de l'époque; il fut enregistré à Paris en 1970; c'est le glaive brandi, une déclaration de guerre contre la vulgarité et le conformisme. Mais je vais m’arrêter ici, car vous trouverez dans ce numéro zéro de Sundïa, une critique faite par notre ami Pierre.

J'en resterai là quant à Magma, car nous comptons au fil des numéros de Sundïa vous faire découvrir, peu à peu, chaque œuvre parue ou nouvelle du maître.

Depuis quelques années, il suit d'autres chemins ; la série des Offering comporte à ce jour trois volets : "Offering part 1 & II", " part III & IV et 'A fiieh '. Dans ces œuvres, Christian Vander nous distille une musique beaucoup plus épurée que dans Magma, chaque note y est travaillée jusqu'à devenir parfaite avant l'impression. Non pas que les disques d'Offering soient chaotiques, mais le maître se laisse (comme me diront ses fans) aller à son inspiration. Pour prendre une métaphore, les disques de Magma sont des œuvres cent fois remises sur le métier avant d'être gravées alors que les disques d'Offering essayent, et réussissent le plus souvent, à capter la magie d'un instant.

C'est d'ailleurs encore le cas dans la série Akt qui ne cherche pas (comme le dit le maître lui même) la perfection musicale, ni la qualité de l'enregistrement, mais encore une fois et de manière plus accentuée qu'avec les Offering, qui sont tout de même longtemps mis à l'épreuve de la scène avant d'être enregistré, la recherche de l'instant magique et de l'accord spirituel des musiciens. Cette série comporte à ce jour quatre compacts.

II ne faut pas oublier le jazz, car au début de sa carrière de musicien Vander a flirté avec ce genre musical. Les disques du Trio Vander, accompagné par le contrebassiste Philippe Dardelle et de Emmanuel Borghi aux claviers, sont: "Day after day" et "65". II ne faut pas oublier non plus le disque "Fusion" réunissant Vander, Top, Lockwood et Wideman (hélas à ma connaissance actuellement épuisé dans sa version compact) qui est une suite d'improvisations menées avec une rare maîtrise, mais est-ce vraiment étonnant avec Top et Vander à la baguette ?

Pour finir ce petit tour d'horizon de la discographie de Christian Vander, ou du moins de ses lignes directrices, il faut parler aussi du disque de Stella Vander, qui est un petit bijou, du moins à mon sens et du disque solo de Christian `To love".

"To love" c'est ainsi que j'ai intitulé mon article, bien immodestement, mais pour dire mon amour du maître et de sa musique.
Le bien modeste Fanzine que vous avez entre les mains se nomme Sundïa, ce qui signifie en Kobaien, amour ou dévotion suprême. Et je me vante d'être à l'origine de ce fanzine et d'en avoir choisi le nom. Mais je n'aurais rien pu faire sans mes quatre acolytes :
• H.D.L.Z et son ombre noire, Primus, qui manient L'Ordinateur comme un jouet.
• Pierre, qui m'a copieusement engueulé parce que je ne faisais rien.
• André, qui manie aussi bien la plume que l'appareil photo.
Qu'ils soient tous ici remerciés de leur aide et de leur amitié. Pour finir, puis-je me permettre de vous donner un conseil ? La musique de Christian Vander, que j'ai appelé 'maître' au cours de ces lignes, n'est pas une musique facile à aborder. Aussi soulevez le voile avec précaution et circonspection, si vous ne le faites pas encore par dévotion et admiration. Je vous promets que vous ne perdrez pas au change.

Patrick Vilers
Sundïa N° 0 – Printemps 1995

Issèhndolüß Akhazhïr

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