VANDER
Un batteur mélodiqueEPINAY SUR-SEINE, 15 octobre, 15h30
"LES VOIX DE MAGMA"En 1970, le rock français se prenait une grande claque dans la gueule : Magma venait de naître et bouleversait tout sur son passage. Vingt-cinq ans plus tard, Magma est toujours, plus vivace que jamais.
Après une introduction chantée par huit choristes, Christian Vander apparaît sur scène en tenue de magicien, et entame le long chorus vocal de "Zëss". Un morceau d'une incroyable intensité : Christian improvise à tout va, la salle est pétrifiée. Le second titre, "Open Windows (I must return)" est plus anodin, on attend la suite.
Mais que se passe-t-il ? Vander se lance dans un discours d'anniversaire, puis quitte la scène, remplacé par... 80 enfants, acompagnés de percussionnistes, d'un pianiste, d'un clarinettiste, qut vont décliner "Mekanïk Destruktïw Kommandöh" au mode "chanson pour enfants" : l'adaptation s'appelle "Baba Yaga la sorcière" ; les mômes sont survoltés (surtout les plus jeunes), ça coule de source, c'est beau, c'est drôle, ça a une pêche d'enfer, en un mot : FAN- TAS-TI-QUE ! Après une pause d'une demi-heure, le groupe revient et interprète en ouverture un titre qu'ils n'avaient jamais joué en intégralité jusqu'alors : "Emehntët-Rê", vingt minutes de magie pendant lesquelles Christian Vander nous rappellera quel batteur gigantesque il est. La deuxième partie du concert de terminera par "Theusz Hamtaahk", la trilogie mythique qui comprend entre autre "Mekanïk Destruktïw Kommandöh", et qui s'étendra sur plus d'une heure. Epoustouflant : Deux rappels ne suffiront pas à calmer le public, qui restera bêtement debout à applaudir (j'en faisais partie) pendant 1/4 d'heure, alors que les lumières se sont déjà rallumées. Visant D. et moi-même en pleurons encore. Magique !NANTES, 3 novembre, 21h00
Beaucoup de monde ce soir au Pannonica. Le public, très jeune pour un concert de jazz, est essentiellement composé de fans de Magma. Cette fois cependant, point de grand orchestre, Vander se produit en trio ! Deux heures durant, les trois compères vont alterner reprises de standards et compositions originales, avec pour point(s) d'orgue un morceau de Michel Grailler, "Dear Mac", qui s'étendra sur une trentaine de minutes, une reprise de Coltrane, le poignant "Lonnie's Lament", un "My Favorite Things" très proche de celui que le même Coltrane interprétait au début des années 60, et bien sûr le chorus de batterie (très attendu par le public). Le groupe est particulièrement en forme ce soir : Emmanuel Borghi (piano) et Philippe Dardelle (contrebasse) essaient tant bien que mal de suivre un Vander en perpétuelle éruption : puissance et finesse sont les mots-clés de son jeu ; la batterie ne soutient plus les thèmes, elle les chante ! Et justement, la voilà, l'originalité du Christian Vander Trio : les rôles du piano et de la batterie semblent avoir été inversés, donnant ainsi une nouvelle couleur à des standards maintes fois revisités. Pas de doute, Vander est un maître, il est d'ailleurs temps que les organisateurs de concerts s'en aperçoivent et l'invitent dans nos villes bretonnes et françaises : lui ne demande que ça, nous aussi !
Remerciements à Christian Vander et Pascal Zelcer (7th Records) pour leur disponibilité.
ZEF n° 20 - 8 au 22 novembre 1995