Entretien avec Christian VANDER - Nantes, 27 novembre 1998
Interview réalisée par Didier HOUDE - Alternantes FM


Alt : Presque 30 ans après sa création , Magma suscite toujours autant d'enthousiasme...
CV : Magma n'est pas une musique de mode . J'espère qu'elle passera au travers du temps ainsi qu'au fil des modes . Les gens sont attirés par quelque chose qui est différent . A partir du moment où on n'appartient pas aux modes, on est peut-être véritablement libre. C'est ce qui est donc différent... et puis vivant, donc !

Alt : Vous vous sentez réellement libre ?
CV : Quand je joue oui... Mais je joue pour tenter de libérer tout. La musique et puis un peu les gens ,quand ils l'écoutent, quand ils la ressentent. Se libérer c'est une belle chose... par tous les moyens... La musique c'est un des moyens.

Alt : Cette liberté, vous ne l'avez peut-être pas toujours eue. Est-ce que vous pensez que vous êtes davantage libre maintenant ?
CV : De toutes manières, plus on évolue, plus les champs sonores s'agrandissent aussi. C'est un peu comme le cosmos. Moi, je travaille plutôt sur l'infiniment petit, donc c'est plus à ma portée. On peut être libre dans l'autre sens aussi... Je prétends descendre, je ne cherche pas à m'élever.

Alt : Comment ça descendre ?
CV : Et bien, on dit qu'il faut s'élever, moi je prétends tenter de descendre. Je trouve que c'est plus intéressant. De toutes manières, si on imaginait, réellement, qu'il y avait un centre de gravité, il serait au centre de la Terre, n'est-ce pas? Donc, c'est du centre qu'on pourrait constater, véritablement, le cosmos qui "nous appartient" (NDLR : c'est vous qui mettez les guillemets.), celui qui nous concerne, plutôt. C'est du centre, donc, qu'il faut descendre. Si on monte, c'est comme si on montait sur la Terre pour regarder en-dessous. Ce n'est pas logique. Je pense que du centre on peut tout concevoir et non pas de dessus. Des gens disent qu'une pyramide se regarde de l'extérieur et qu'elle a quatre pans. Moi, j'ai toujours pensé qu'elle se constatait de l'intérieur, puisqu'elle se constate de l'intérieur vers l'extérieur. Ce n'est que de l'intérieur qu'on peut constater ses quatre pans, qui se rejoignent en un seul point, bien entendu. Donc l'idée c'est de descendre, de l'intérieur vers l'extérieur. C'est un peu comme si on plongeait ; on touche le fond et, à ce moment, peut-être, on peut prétendre remonter, en mettant un coup de pied comme le font les nageurs. Pour l'instant, on descend.

Alt : Comment expliquez-vous qu'il y ait énormément de jeunes dans le public de Magma ?
CV : C'est certain que des jeunes ont découvert Magma par leurs parents, par les anciens, mais des jeunes ont aussi cherché. Ça c'est important parce que, aujourd'hui, c'est très difficile de dénouer le fil, avec toutes les choses qu'on peut proposer, de très bonnes choses aussi. Il est très difficile de faire un choix dans ces méandres. Je crois que, quand on tire le fil, on retrouve tous les musiciens par lesquels tous sont passés. Je crois qu'en écoutant certains bons groupes, ou bons musiciens, on reconnaîtra encore le passage de certains musiciens dans les temps, de ceux qu'on aime de toutes manières. Il m'arrive d'entendre, que ce soit de la musique rock ou fusion, des gens qui, même inconsciemment, jouent des phrasés de John Coltrane. Ils ont entendu quelqu'un qui a entendu quelqu'un. Ça leur a plu. On retrouve le fil à l'intérieur de ça, mais c'est difficile. C'est bien de le faire, c'est bien qu'ils le fassent. Ça me fait plaisir.

Alt : Est-ce que la création de Seventh Records a contribué à donner davantage de liberté à Magma ?
CV : De toutes manières, on n'avait pas le choix. J'ai eu la chance de rencontrer Francis Linon qui a mis son studio à ma disposition. C'est lui qui a créé ce studio, qui l'a conçu. C'est un instrument fantastique. C'est sûr qu'aucune maison de disques ne voulait plus de nous. Soit les thèmes étaient trop longs, soit il fallait changer ceci ou cela. En fait, on n'existait plus. Comme la plupart des productions aujourd'hui. On me demandait de changer un couplet, pourquoi pas de changer les paroles. On s'est rendus libres d'une certaine manière... je ne sais pas... ce que j'ai répondu est suffisant.

Alt : Vous avez le temps que vous voulez pour répondre.
CV : Le temps !?... Oui... Justement, on ne profite pas du studio pour prendre le temps, mais on a plus de temps, aussi, que si on travaillait dans un studio normal. On n'est pas obligé de terminer en temps et en heure... 3 heures de studio, 3 jours.... On peut toujours déborder, ça c'est vraiment bien aussi. On peut quand même s'acharner sur un certain travail, et puis la disponibilité des gens, c'est important également. Il y a quelquefois des musiciens qui habitent très loin, qui ne peuvent venir que tel jour. On ne pourrait pas faire ça dans un studio normal mais bon, ce n'est pas tout se rendre libre... C'est un outil de travail... Que dire ?

Alt : Le label vous a permis de sortir et de faire découvrir des moments inconnus de la vie de Magma, comme le concert de Bruxelles en 1971.
CV : Je ne suis pas toujours d'accord pour sortir ce qu'on appelle des vieilles bandes, des pirates, parce qu'ils n'ont pas toujours la qualité. Moi, j'estimais, à une certaine époque, que le meilleur était enregistré, d'une manière générale. Certains concerts, en cassettes ou en bandes, étaient de bons concerts. On n'aurait jamais pu demander à une maison de disques de les sortir. Ils nous auraient répondu: " Vous avez déjà enregistré "Köhntarkösz" ou "Mekanïk". C'est sûr qu'à l'époque c'était impossible. D'une manière générale, ça nous permet de sortir d'anciennes bandes, quelques unes, sélectionnées, qui sont excellentes, mais on est aussi obligé de pirater des pirates. Il y a beaucoup de gens qui sortent des pirates. Pour éviter que ce soit n'importe quoi, on les sort chez Seventh. Il n'y a pas d'autre solution parce qu'on nous le reprocherait finalement. C'est assez compliqué. Il ne faut pas se plaindre car les concerts étaient, en général, d'excellente qualité. Le résultat n'est donc jamais un désastre mais c'est un peu dommage que les gens réagissent ainsi. Moi, j'ai voulu laisser un travail propre parce que j'avais l'exemple de musiciens qui avaient fait ça avant moi. Donc, je me suis dit: "Chaque disque ça doit être la qualité", c'est tout. Il faut dire aussi qu'il y a eu une longue absence. On n'a pas enregistré pendant beaucoup d'années, en tous cas pour ce qui est de Magma. Parallèlement, on a fait Offering, qui était un champ d'expérience incroyable, qui m'a permis d'évoluer énormément. Et puis j'ai joué dans le trio Jazz aussi. J'ai appris énormément de choses dont bénéficiera Magma.

Alt : Qu'est-ce que vous retirez de l'expérience Offering?
CV : Bon, ce n'est de toutes manières pas terminé. Moi, je fais une différence. Offering, c'est une musique plus improvisée que Magma. On va d'un point à un autre, donc j'ai plus ou moins dit qu'on jouait sur la corde raide. C'est passionnant. Quand on réussit c'est vraiment magique, sinon, c'est sûr, c'est... c'est dangereux. Bon, tomber dans ce gouffre en musique, on peut y tomber plusieurs fois, malheureusement, mais... Magma c'est une structure évidemment plus rigide. Il y a toujours une place pour un solo, à l'intérieur, mais, en fait, la musique est structurée. A l'intérieur de ça, on peut évidemment interpréter beaucoup de choses aussi. Je ne joue pas tous les soirs tout à fait de la même manière c'est sûr. Offering était très structuré mais on va d'une mélodie à l'autre. C'est passionnant, ça nous oblige à improviser, à être très vifs. Ca tient en éveil. Donc voilà, l'idée c'est de rester en éveil, c'est ça, aussi, l'idée de rester libre. Conscience en éveil, voilà. Toujours conscient et en éveil... et rapide!

Alt : Et ne pas avoir peur, non plus, du danger dans Offering de ne pas arriver à faire ce que vous voulez faire?
CV : Bien sûr... Et puis c'est certain que le public n'était pas forcément indulgent... Il a raison. Mais, c'est une expérience. On ne l'a pas précisé, bien entendu. C'est bien de pouvoir s'exposer au danger, parce qu'on vit une vie un peu trop facile, dans une époque où on est un peu trop protégé, préservé. L'idée ce n'est pas de trop provoquer, mais il faut pouvoir s'exposer un minimum. Donc, c'est très dangereux de s'exposer dans la vie pour apprendre. Ce qui est important dans la vie, c'est le vécu. Chaque moment où on a pris un risque et où on est arrivé au bout, c'est une chose acquise et une chose qu'on mettra à nouveau en pratique dans la musique et dans la vie. Je ne dissocie pas l'un de l'autre, c'est la même chose pour moi. L'idée c'est de toujours rester en éveil et de combattre.

Alt : Et quand vous jouez des pièces comme "Khöntarkösz", vous pensez à cette expérience, au chemin qu'il a fallu faire pour aboutir à ça?
CV : Il fallait passer par là. C'est toujours passionnant de jouer "Khöntarkösz", on le redécouvre de toute manière. Heureusement, la composition tient toujours dans le temps. C'est toujours difficile et on peut aussi prendre beaucoup de risques et on cherche toujours les risques. On ne va pas jouer comme si on écoutait un disque, on est en train de faire quelque chose, on cherche toujours quelque chose d'autre à l'intérieur de ça. On cherche peut-être aussi la nouvelle musique à l'intérieur de celle-là. Il ne faut pas non plus dépasser le sujet ou déborder. Il y a une proposition, il faut la respecter dans une marge possible, cohérente. Après ça, on déborde du sujet, du thème mais ça reste dans les normes. C'est assez ouvert, quand même, pour qu'on puisse développer énormément de choses à l'intérieur d'un thème qui semble, peut-être, rigide. On joue énormément de choses. Ceux qui connaissent bien cette musique là se rendent compte qu'on ne joue pas du tout comme dans les disques qu'ils ont pu entendre.

Alt : Comment expliquez-vous que peu de musiciens se soient attaqués à la musique de Magma, parce que des pièces comme "Mekanïk" et "Khöntarkösz" ont une dimension universelle, elles touchent.
CV : Tout d'abord, il n'y a pas de partition de "Khöntarkösz", et beaucoup de musiciens qui ont écouté cette musique n'ont pas compris où se situait la mesure, le premier temps, puisqu'en fait, tout est pratiquement basé sur une sorte de contre-temps. L'idée, c'était de mettre un contre-temps comme un temps fort et au bout d'un moment, on ne sait plus où est le temps, le contre-temps. C'est un placement spécial et je crois que le mystère, il n'y a que ceux qui le jouent qui le percent. Il y a des gens qui peuvent relever des choses mais il y a énormément de choses qu'on ne peut pas relever véritablement. Il faudrait des partitions. On ne peut pas relever ça, comme, je dirais, "Kobaïa"... c'est plus complexe. Même "Theusz Hamtaahk", il y a beaucoup d'endroits mystérieux. Même les gens qui travaillent avec le disque et les partitions ont du mal à suivre. Ce sont donc des morceaux qui ne sont pas faciles à aborder. Beaucoup de musiciens ne sont pas... pas capables... (NDLR: après une longue hésitation et un rire), je dirais, de jouer ces thèmes, tout simplement. Déjà à l'époque, parce qu'il ne faut pas croire qu'on évolue vite rythmiquement, il a été très difficile de trouver des musiciens pour jouer " Khöntarkösz ". On a beaucoup cherché et j'ai eu du mal à trouver un pianiste . J'ai trouvé deux pianistes , j'avais Jean-Paul Asseline et Benoît Widemann qui ont réussi à jouer le morceau, et j'ai entendu des pianistes ! La difficulté reste. J'ai eu la chance de travailler avec des musiciens qui ont un bon sens rythmique, harmonique aussi, mais rythmique au départ. Emmanuel Borghi, au piano, avec qui je travaille dans le trio, est un grand musicien et un grand rythmicien.

Alt : Vous n'avez pas envie de jouer seul aussi ? Vous l'avez déjà fait dans "Love in the darkness" et "To love", et j'ai lu que vous aviez un projet d'album solo avec que des machines.
CV : Oui, j'ai beaucoup de thèmes prévus pour ça, mais il y a un ordre de choses. Je dois d'abord enregistrer un morceau qu'on avait beaucoup développé dans Offering, qui s'appelle "Les cygnes et les corbeaux". C'est une pièce assez longue, j'y travaille depuis 1982, et j'ai dû la terminer en 1997. A peu près 15 ans de travail... Et là, je l'enregistre. J'ai déjà enregistré la musique et j'y tiens beaucoup. C'est une oeuvre à part entière, comme " Khöntarkösz ", mais ce sont de nouvelles choses véritablement. Je crois qu'il faut absolument réussir cet enregistrement. J'enregistre pratiquement tout moi-même parce que peu de musiciens l'ont pratiqué et la musique n'est pas forcément évidente. Donc je vais le réaliser de manière plus classique. Plus tard, je pense qu'on l'enregistrera en groupe aussi, de manière concert... de façon plus fragile, à la manière d'Offering. Mais là, je vais laisser une version classique sur "Les cygnes et les corbeaux". C'est une pièce qui fait au moins une heure, peut-être plus. Je ne sais pas encore là. Ca, j'y tiens. Après, il y aura certainement un disque Magma groupe. Le fameux disque, spécial, avec des bandes que j'avais annoncé, "Magma Aeterna", ça c'est autre chose. C'est un énorme travail que je ne peux pas encore mener parallèlement à tout ça. Les disques solo, j'espère en faire quelques-uns, parce que j'ai la matière et j'aime beaucoup ces thèmes. Il y aura des textes en français mais un style de textes que j'espère nouveau, qui parlera justement de toutes ces ambiances, de l'idée de ne pas s'élever. Une sorte de philosophie que je développe au travers d'un livre que je suis en train d'écrire mais c'est encore trop tôt pour en parler.

Alt : Est-ce que l'impact de Magma est aussi dû à cette philosophie véhiculée, dans la musique bien sûr, mais qu'on trouve dans cette histoire de Magma, dans cette mythologie aussi?
CV : Je ne sais pas ce que les gens en connaissent de cette philosophie, ou ce qu'ils en comprennent, ce qu'ils ressentent. Ce que j'essaie dans le temps, c'est d'être le plus clair et le plus expressif possible. Je travaille dans l'idée de l'expression, pour qu'on ne confonde pas soleil et lune, tout simplement. Si je parle du soleil, je veux qu'on le comprenne. L'idée n'est pas d'empêcher les gens d'interpréter, c'est d'être clair. Je trouve cela passionnant de dire soleil et que les gens comprennent soleil. C'est tout simple en fait, maintenant c'est à moi de travailler et d'évoluer, c'est certain. Dans la musique de Magma ou dans les musiques à l'intérieur desquelles je travaille, j'essaie de développer un espèce de mouvement qu'on arrive pas à expliquer avec les mots justement, et qui ne s'apprend pas dans les écoles. Une sorte de... bon, je disais au début du feu, ou une sorte d'énergie, mais qui ne tient pas à ça en réalité. C'est une sorte de vibration, une manière d'aborder la musique et de vibrer à l'intérieur du temps. C'est une division qui va au-delà de la division mathématique. C'est une chose qu'on ne peut pas communiquer, faire passer, qu'on ne peut pas expliquer. Il faut le pratiquer, il faut un jour tomber dedans. Peut-être à la naissance, ou on le découvre progressivement, quand on le veut vraiment. Moi, je m'aperçois que les grands musiciens que j'ai entendus jouaient ça. Je ne comprenais pas au début, je me disais: "tiens, il y a une sorte d'énergie spéciale". En fait, c'est ça, le jour où on tombe dedans, on ne peut plus jouer autrement. Au début, je comptais beaucoup sur une énergie physique aussi. Maintenant, cette énergie existe également, elle vient de l'intérieur, ce n'est pas tout à fait pareil. Cette énergie vibratoire, ce n'est pas un mot vain, elle existe véritablement. Ce n'est pas une fanfreluche comme la vibration, "good vibration", des choses comme ça. C'est quelque chose de palpable, sinon, je n'en parlerais pas. Je ne parle pas de choses abstraites.

Alt : Vous avez récemment joué au Japon. Cela faisait très longtemps que Magma n'avait pas traversé les océans. Comment c'est passée cette tournée ?
CV : C'est à la demande des Japonais qu'on est allés là-bas. Ils avaient envie de connaître Magma. Ca s'est bien passé. Le Japon nous a ... émus. Un peuple totalement différent, un autre monde. Quelque chose que j'aurais bien aimé connaître ici, un jour. Il y a une fraîcheur, ce sont des gens excessivement émouvants. J'étais retourné. J'espère que j'ai pu donner quelque chose. C'est dur à dire, ils avaient l'air contents, mais ce serait prétentieux de ma part de dire que je leur ai apporté quelque chose.

Alt : Si c'est la vérité !
CV : J'espère. Il faut le leur demander.

Alt : J'ai justement demandé à un musicien japonais, Tatsuda Yoshida, de me parler de sa rencontre avec Magma. Vous le connaissez ?
CV : Oui.

Alt : Voila quelqu'un qui joue une musique proche de la vôtre, et ça semble être le seul. Comment expliquer, si c'est possible, qu'un Japonais joue une musique proche de Magma alors que vous puisez dans des sources européennes ?
CV : C'est, peut-être, ce qui est justement mystérieux à l'intérieur de toutes les musiques. Le côté vibratoire qui touche aussi. Je pense qu'on peut jouer la musique de Magma et qu'elle ne touche personne aussi. C'est ce qui est dans le temps très délicat, parce que je me dis : "mais alors, des gens comme... sans comparaison, bien entendu, Bach ont laissé une musique interprétable". Ca c'est quelque chose quand même ! On arrive à interpeller Bach, il en reste quelque chose. Je me dis : "Est-ce que des gens qui interprètent Bach peuvent se faire entendre comme Magma se fait entendre". C'est difficile. Je crois qu'on a la chance d'avoir pu enregistrer, ils ont entendu ces mouvements, ces vibrations. Donc on peut prendre peut-être n'importe quelle musique, et, la jouant de cette manière là, on va toucher des gens. Peut-être n'importe quelle musique. Peut-être pas. Moi j'ai l'impression que oui. C'est peut-être une question d'intention, des vibrations internes. Par contre, J'espère qu'elle est interprétable dans le temps. C'est la seule chose qui m'angoisse.

Alt : Vous pensez qu'après votre mort, il n'y aura pas de musiciens qui joueront votre musique ? Moi, j'en suis convaincu.
CV : Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. J'espère que beaucoup de gens ont saisi cette vibration pour pouvoir la restituer. Jouer la musique de Magma simplement sur une partition qu'on aura écrite, bon ceci est une simple croche... en réalité ça va bien au-delà d'une sextuple croche, par exemple... rien que ça, j'espère qu'au delà de ce qui est écrit, ils vont interpréter au-delà des mots, des tâches... les partitions qu'ils vont sentir. C'est bien plus important. Je crois en cette musique, j'espère qu'elle est interprétable, c'est ça que j'ai voulu dire. C'est difficile pour moi de parler de ça. J'essaye de laisser un travail clair et précis. A partir de ce moment où il est expressif, on comprendra, comme je l'ai dit, soleil et non lune... si je parle du soleil.

 

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