Le retour de Magma au Fort de Bertheaume
La grand-messe du gourou VanderC'est avec une heure de retard pour cause de pluie, mais un décalage géré dans la bonne humeur, que le concert de Magma tant attendu par ses fans a commencé, dimanche soir, sur le site splendide du fort de Bertheaume.
Le cadre est magnifique. L’amphithéâtre découpé dans le promontoire du Fort de Bertheaume offre une vue exceptionnelle qui s'étend de la plage de Berthaume (Plougonvelin) au Tas de pois. Le public, essentiellement composé de fans avertis, remplit doucement l'arène, attendant avec impatience le groupe mythique qui ne s'était pas produit dans la région depuis plus de quinze ans et qui revient d'une tournée aux États Unis. Mais c'était sans compter sur les caprices de la météo. Le vent d'ouest amena les sombres nuages, déversant sur le site des trombes d'eau impressionnantes poussant tout le monde au repli. La soirée n'en sera que plus appréciée.C'est donc après quelques coups de serpillière sur la scène et avec une heure de retard, que la douce Stella Vander annonce au public que le concert peut enfin commencer, et lui demande indulgence pour les éventuels problèmes techniques liés aux intempéries.
Mais d'indulgence. il n'y en eu nul besoin. Les trois morceaux de la Trilogie « Theusz Hamtaahk » se sont succédé sans aucun accroc, au grand bonheur des 850 fidèles qui écoutaient, en transe, cette musique incantatoire venue de nulle part. Les têtes des jeunes et moins jeunes balançaient et tournaient à l'unisson sur les chants en « kobaien », langue inventée par le leader du groupe. Comme d'habitude. les morceaux, ou plus précisément « mouvements », ont duré de vingt à cinquante minutes.
Christian Vander, fondateur et leader de Magma est l'un des meilleurs batteurs au monde.
Une nouvelle formation
Christian Vander, bottes rouges aux pieds, au centre de la scène, est entouré de ses sept symbales et d'une formation de jeunes musiciens et chanteurs talentueux: les chanteuses Isabelle Feuilllebois et Stella Vander, les deux chanteurs Bertrand Cardiet (subjugant) et Antoine Paganotti (le fils de son père), l'excellent bassiste Philippe Bussonnet. James Mac Gaw è la guitare et Simon Goubert, au clavier. Les yeux levés vers le ciel, le sourire passant constamment de l'extase à la tension, il envoûta un public conquis d'avance.
Le mouvement qui mena la soirée à son paroxysme fut le dernier: « Mekanik destrukfiw Kommandôh ». Le plus court des trois, il se distingue des deux précédents par des accents plus jazz, et par sa composition plus construite sur le modèle classique. Si le temps avait été plus clément, le groupe aurait été ravi d'offrir à ses fans un quatrième morceau. Malheureusement, et en dépit des appels des fans, dont certains étaient même venus de Genève, le froid les a poussés à rapidement s'éclipser sous la pleine lune.II n'était sans doute pas le seul à être heureux. Le BDE (bureau des élèves) de l'ENST de Bretagne, association organisatrice du concert, était également comblé. «On peut dire que c'était une soirée réussie » affirme Alex, un des membres du BDE à l'origine du projet, le sourire aux lèvres. S'il est vrai que le nombre d'entrée n'a pas été extraordinaire (850), et que le budget de l'association devra être sérieusement renfloué, il y a de quoi être satisfait.
L'objectif premier du concert était d'offrir une fête de fin d'année originale aux étudiants et d'en faire profiter les fans du groupe des années soixante dix. Le deuxième objectif était de marquer l'intérêt de l'école pour la culture. S'il n'est pas certain que ceux qui se sont déplacés pour Christian Vander ait tous su qui était l'organisateur de ce concert exceptionnel, ce qui est sûr, c'est qu'ils en sont repartis transportés et comblés.
Sophie Prima
Ouest France - 29 Juin 1999
Zïha John Trap