Interview Christian Vander

Réalisée le 3 février 2002 après-midi, au Sunset, par Morgan Ågren
(Mats Öberg était également présent).


Hello… Avant toute chose, je ne suis pas journaliste. J’aime ton jeu de batterie, j’aime la musique de Magma et je n’ai fait qu’une interview jusqu’à présent avec un des guitaristes de Captain Beefheart Zoot Horn Rollo (Bill Harkleroad). A la base, je n’interviewe que des musiciens que j’admire pour mon propre plaisir.
J’ai un site Internet (morganagren.com) et je vais essayer de mettre cette interview sur ma page Web, comme l’est déjà celle de Zoot Horn Rollo. Je vais aussi essayer de la vendre à The Wire ou un magazine suèdois ou anglais.
D’accord…
Le but pour moi est avant tout de faire connaître la musique de Magma au plus grand nombre…

…Pour moi aussi.

Quand et comment te sont venus pour la première fois cette vision de Kobaïa, les mots de Magma et son univers musical ?

Ca a toujours été un concours de circonstances. J’ai été amené à découvrir ce monde, ou cette vision du monde par un ensemble d’événements qui se sont produits dans ma vie. Déjà très jeune j’étais en contact, grâce à ma mère qui connaissait beaucoup de musiciens très… honorés, notamment Elvin Jones, Billie Holiday, Chet Baker... tous ces gens qui étaient des amis intimes, donc j’étais au contact de gens très différents, et sans savoir ce que j’allais proposer, j’ai toujours su que j’allais faire de la musique, très tôt, à l’âge de 3 ans je savais que je voulais faire de la musique.

Mais qu’en est-il du langage ? Quand tu utilises des mots Kobaïens, est-ce que leur sonorité et leur contenu rythmique sont plus importants que leur sens lui-même ?

Les mots sont conçus, ou viennent, en même temps que la composition, c’est à dire au même instant, donc ils ont un sens certainement profond... bon, soit ils sont en effet chantés, ça peut être aussi dits sans musique, ou avec, mais en général ils sortent toujours directement avec la musique, ils sont conçus en direct, donc ils sont liés d’une certaine manière. Le sens, souvent je cherche selon les climats, après, à découvrir dans quel genre, quel type d’ambiance je répète certains mots, pour essayer de découvrir la clef.

N’as-tu jamais eu de doute après coup, pensé que tel ou tel morceau aurait pu être écrit en Français plutôt qu’en Kobaïen ?

C’est dans l’ordre où ça s’est effectué, je n’ai pas eu de doute. Comme j’ai dit souvent, il y a beaucoup de choses qui auraient pu être écrites en Français ou des sens qu’on a pu donner... Il y a tout un sens que je devais comprendre aussi moi-même, parce que je recherchais au niveau de la musique certaines choses, certains fonctionnements de l’être, donc j’avais besoin de découvrir ces choses naturellement dans le temps. Ce que je continue à faire, avant de me proposer des mots qui seraient encore une embrouille, proposer encore des questions plutôt que des réponses.

Etant musicien moi-même, et jouant une musique non commerciale, je sais à quel point c’est difficile de s’en sortir avec la musique. Je me demandais comment c’est aujourd’hui pour Christian Vander et comment c’était dans les années 70 ?

Si on peut s’en sortir avec la musique, c’est ça ? ...comment on peut faire ?

Par exemple, as-tu jamais du avoir un autre travail ?

En fait non, au début de Magma, Stella, qui chante aujourd’hui avec moi, m’a aidé. Elle travaillait et me permettait de subvenir à mes besoins... minimes... payer un studio... bon, on s’en sortait. De toutes manières, truc important, j’ai fait la musique sachant que ça allait être difficile, peut-être pas à ce point là, mais, il y a toujours des hauts et des bas, c’est jamais sûr. Faut pas se rassurer, hein, quand on fait cette musique, faut faire un choix, pour ceux qui l’ont fait avant nous. Quelque fois il peut y avoir un peu d’argent, mais il ne faut pas compter là-dessus, ça passe, c’est comme ça. Tous les grands musiciens que je connaissais n’avaient pas d’argent. Donc je suis parti, je n’avais rien à perdre. Si quelque fois il y a de l’argent, c’est bien, mais faut rien faire pour.

A combien de CDs vous pressez pour chaque nouvelle sortie ?

Je ne sais pas, faut demander à Stella peut-être. Je crois qu’on presse par 5000 au départ, après je ne sais pas.

Quel est ton album de Magma préféré ?

Souvent le dernier, celui qui vient de sortir, parce que j’essaie toujours d’amener quelque chose de nouveau.

Mais si tu avais à choisir parmi les anciens ?

Il n’y a pas très longtemps, j’ai réécouté le premier album, il y a beaucoup de choses dedans aussi... chaque album a une histoire et le premier a une grande histoire. Il a été très mal enregistré mais il y a beaucoup de choses dedans. On pourrait dire aussi Mekanïk Destruktïw Kommandöh, mais il y a tellement de choses à chaque fois que c’est difficile d’être objectif, pour moi.

Y a-t-il des musiques aujourd’hui, à la radio ou à la télévision, que tu aimes écouter ?

J’ai l’occasion, souvent, d’entendre des choses, comme ça, mais, honnêtement, je n’ai pas beaucoup de temps pour écouter. Je travaille beaucoup sur la musique que je pratique et c’est à l’occasion que j’écoute, quelque fois il y a des choses... mais j’apprends toujours beaucoup de John Coltrane.

Achètes-tu des CDs aujourd’hui, à part des anciens ?

Non.

As-tu jamais eu envie de partir de France ?

Quelque fois, parce que c’est un pays qui est difficile au niveau de la musique. Dans la culture de la langue française, c’est plutôt la littérature, la peinture et en dernier lieu la musique, et ça se ressent beaucoup au niveau des gens qui ne sont pas prêts ou n’ont pas beaucoup de sens rythmique, c’est un peu étrange quelque fois.

Et où pensais tu aller ?

J’ai pensé « je suis là, je le fais ici », c’est simple. De toutes manières, aller aux Etats-Unis par exemple, bon, jouer du jazz ? Non, parce que ce n’est pas ma musique et si je viens d’Europe, j’avais à faire pour toutes les musiques plutôt continentales. Je ne peux rien apporter pour le jazz, je ne pense pas. J’aime le jazz, mais ce n’est pas ma musique.

Et pour composer ta propre musique dans un autre pays ?

Je ne pense pas, parce que je suis plus comme un récepteur. J’attends que la musique vienne en moi et je ne suis pas influencé, à part certaines petites choses, par les événements extérieurs, en tout cas consciemment. Je laisse la musique venir, c’est très important, je ne fais pas la musique.

Bien sûr je comprends que tu ne partes pas de France pour des questions de business, mais je me demandais…

…Enrichir ?

…si des musiciens ne t’avaient jamais invité…

Ah ouais, c’est un échange, oui ?...hhmm... Si ça se fait, si les choses se font naturellement...

N’as-tu jamais reçu de coup de téléphone des Etats Unis ?

Au commencement, juste au début de Magma, John Hicks, le pianiste qui a joué longtemps avec Pharoah Sanders m’avait demandé de venir avec lui à New York pour travailler. J’ai joué avec lui et il m’a dit : « Tu me rappelle un ami... », c’était Jack DeJohnette, et il me dit « tu joues comme Jack DeJohnette, faut que tu viennes aux Etats-Unis, viens avec moi à New York », bon, il voulait m’emmener, et puis je venais de faire Magma, c’était un choix difficile pour moi, c’est vrai, j’aimais beaucoup John Hicks, puis non. On a chacun fait son choix et je crois que, peut-être, on a fait le bon choix, du moins je l’espère.

Je pense que c’est bien que tu sois resté car les USA ne te méritent pas…

Ah… Peut-être que je pourrai apporter plus en travaillant ici pour eux aussi que de là-bas, je ne sais pas.

Mais tu as joué avec Magma aux USA ?

Oui.

Beaucoup ?

Quelques fois.

Combien de fois ? 10 fois, 20 fois ?

Non… Oh, en concert ? Plus… plus de 20 fois.

Dans les années 70 ?

Non, récemment.

Mais as-tu joué là-bas dans les années 70 aussi ?

Oui, en 1973 au Jazz Festival de Newport. On jouait avec les Brecker Brothers, qui jouaient Mekanïk Destruktïw Kommandöh avec nous, et Teddy Lasry, qui était le saxophone soprano du groupe, dirigeait la section.

Je connais un peu Daniel Denis (batteur de Univers Zéro - ndr), il m'a dit avoir aussi fait partie de Magma pendant une courte période

Oui, oui…

Mais il n'y a pas d'enregistrement de cette période ?

Non, on a répété, et puis ça ne s’est pas fait. Je cherchais à jouer avec un 2ème batteur à l’époque et c’était pas le moment, on était pas prêt.

As-tu étudié la musique quelque part, en conservatoire ou autre ?

Non, j’ai beaucoup travaillé seul. En réalité, au tout début, j’ai connu Elvin Jones qui m’a donné quelques notions et Chet qui m’apprenait à jouer des choses, des 4/4... On a travaillé comme ça. Je travaillais seul, et j’ai voulu aller dans un conservatoire, et puis, c’était en cours d’année, et le professeur de tambour qui m’a vu arriver avec mes baguettes sous le bras m’a dit : « Oh, vous savez, les élèves ici ont déjà 2 ans de tambour... », et il a demandé à un élève de jouer, et il a joué ce qu’il avait travaillé en 2 ans. Je l’ai regardé et j’ai dit : « bon, je vais continuer tout seul » (rires).

Puisque nous parlions des USA, la dernière fois quand nous nous sommes rencontrés au Trianon, je t'ai demandé si la raison pour laquelle je ne t'avais jamais vu dans Modern Drummer (plus grand magazine de batterie aux USA - ndr) était parce que tu avais refusé une interview éventuelle ou s'ils n'avaient jamais appelé, et tu m'as dit qu'ils ne t'avaient jamais appelé…

Non, ils n’ont pas appelé, moi je n’ai pas refusé.

Ils sont vraiment malades… Ils sont très USA USA USA… C'est incroyable. Pourtant, tu sais que parfois ils demandent à un batteur de lister ses albums favoris, et je ne me souviens plus de qui il s'agissait, mais un grand batteur américain citait entre autres un album de Magma. Il connaissait ton travail et citait ce disque comme étant un de ses favoris. Ils sont vraiment à côté de la plaque de ne jamais t'avoir contacté. Peut-être après tout que je pourrais vendre cette interview à Modern Drummer… (une version "édulcorée" de cette interview est parue dans le Modern Drummer de juin 2003 - ndr)
Peux-tu nous citer 3 de tes albums favoris ?

« Expression » de John Coltrane
« Lohengrin » de Wagner... J’aime beaucoup les ouvertures de Wagner.
Et... je ne sais pas... de toutes manières, c’est déjà beaucoup.

La raison pour laquelle tu as démarré Seventh Records ? Etait-ce une volonté de contrôle ou as-tu démarché d'autres labels qui ont refusé ?

On était au départ avec des grandes maisons, A&M... des gens comme ça, puis quelqu’un a racheté Magma à A&M et on a été dans une merde, comme on dit, pas possible. C’est des américains qui ont racheté ça, on avait pas de contacts, ils sortaient pas les disques, ils n’envoyaient pas les avances pour travailler en studio, enfin bon, on a eu de gros problèmes. Et de toutes manières, les gens ne veulent pas de cette musique. Ils ne veulent pas de ces choses là, ils écoutent très rapidement et ils disent : « Faut couper ça, ça c’est trop long, là faut changer ci... », mais ils ne connaissent pas la musique. On n'est pas libre, il n’y a pas de liberté. Je sais que ce sera dur, mais c’est comme ça, il faut agir de cette façon. A moins que demain une grosse maison propose que l’on puisse s’exprimer librement, même sur des thèmes d’une heure, c’est pas un problème. Mais on a fait Seventh aussi pour rassembler toutes les oeuvres, toutes les pièces de Magma depuis le début, revoir les pochettes, essayer de se rassembler un peu et c’est arrivé comme ça. Le but était aussi de remettre tout dans la chronologie, c’est très important aussi pour qu’on écoute pour suivre une histoire. Quand j’ai découvert qu’il y avait une histoire, une continuité... je le savais, mais je voulais remettre un ordre dans les choses parce que je sais que dans le temps on peut "confuser" sur une histoire. Je suis très attaché à la chronologie. Je pense que c’est en écoutant la musique de John Coltrane que j’ai découvert ça. Parce que je me suis rendu compte que chacun des disques détenait la clé du disque suivant. On sentait les prémices de ce qui allait se passer ensuite, il y a toujours un message, dans chacun des disques il y avait une évolution de disque à disque. Donc, j’ai toujours enregistré à partir du moment où j’avais quelque chose de nouveau à proposer, que ce soit une idée véritablement nouvelle qui étincelait ou alors une petite chose, un grain, mais il y avait toujours quelque chose de nouveau.

Mais vous avez des contrats de distribution en dehors de l'Europe ?

Oui, mais je pense que c’est peut-être Harmonia Mundi

Mais ils officient en dehors d'Europe, pas seulement en France ?

Je crois que c’est difficile la distribution, on n'a pas toujours les contacts, c’est pas facile. Par exemple, en Allemagne actuellement, on n'a pas de distributeur.

Ca se fait donc par courrier ? Vous envoyer les CDs directement là-bas ?

Je ne sais pas exactement comment ça se passe, ça parait fou, mais j’avoue franchement que je ne m’occupe que de la musique et je ne sais pas trop pour le reste. Ca c’est le genre de question qu’il faut poser à Stella peut-être…
On a un distributeur au Japon, mais il y a des pays, en Allemagne par exemple, où il n’y a pas de distributeur.

A Stockholm en tout cas on trouve des disques de Magma…

Oui, ils ont acheté des disques. Il y a un gars actuellement qui achète des disques pour les écouler.

Encore une question et j'en aurai ensuite 2 plus spéciales, d'abord donc la question régulière : Futurs projets ?… Musique ?… CDs ?

Bien là je viens de terminer un disque que j’ai composé entre 1982 et 1997 qui s’appelle « Les Cygnes et les Corbeaux ». C’est une pièce qui dure une heure cinq et qui est le fruit de 15 ans de travail. Parallèlement, j’ai composé d’autres choses, mais chronologiquement, je devais enregistrer ça d’abord, c’est pour ça que ça a mis autant de temps. Là c’est enregistré, c’est terminé et ça devrait sortir en mars.

Est-ce que tu écris la musique sur papier ? Comment la transmets-tu aux musiciens ?

Moi je travaille beaucoup avec des bandes, après on répète avec le groupe, je propose les parties aux musiciens… les parties sont écrites… chacun a sa partie écrite.

Tu veux dire que tu joues au piano et que tu écris au fur et à mesure ?

Non, j’enregistre, parce que, comme très souvent, je ne dis pas que je compose, je mets quelque fois des années à rassembler les éléments. Mais très souvent il peut m’arriver aussi de composer une pièce de 30 minutes sans interruption, elle vient naturellement de cette manière, donc après on relève.

Tu joues du piano, mais joues-tu également d'un autre instrument ? Basse ? Saxophone ?… J'ai vu une photo de toi tenant un saxophone…

Oh non (rires)… Tu sais… "harmonix"…
Non, non… j’aimerais jouer du saxophone, mais on ne peut pas tout faire. Mais dans le dernier disque, « Les Cygnes et les Corbeaux », c’est enregistré un peu comme une formation classique, je joue sur un clavier tous les instruments ; cordes, basse, cor... toute la formation d’un grand orchestre symphonique. Là je joue tous les instruments, mais sur clavier. D’ailleurs Il n’y a pas de batterie dans le disque, juste du tambourin.

Pour cette dernière partie, je vais te dire des noms et tu me diras ce qui te vient spontanément à l'esprit en quelques mots. C'est juste pour rire…

Elvin Jones
Je l’aime

Jacques Tati
Je ne sais pas

Elvis Presley
Je ne sais pas vraiment

Frank Zappa
mmhh, Frank Zappa... Il y a un mot que je dis toujours, c’est « dérision »

Jimi Hendrix
mmhh, oui...

Oui ?…
Univers Zéro
Des bonnes choses

Buddy Rich
Des bons frisés

Keith Jarrett
Le sens de la vibration

Keith Richards
mmhh, je connais moins

Stravinsky ou Olivier Messiaen ?
Ouch... difficile...

Billy Cobham ou Narada Michael Walden ?
Billy Cobham

Terry Bozzio ou Vinnie Calaiuta ?
Terry Bozzio

Jack DeJohnette ou Tony Williams ?
Ouch… Complémentaires

Une dernière ; Toms ou cymbales ?
Cymbales

(Emmanuel Borghi commence à jouer… L'interview se termine par une remise de CDs à Christian par Morgan avec explications, une boite de chocolats, une dédicace pour Simon Steensland, remerciements…)

Il y a une chose dont on n'a pas parlé, mais c’est une chose dans la musique qui pour moi est essentielle, c’est le côté vibratoire. C’est une matière qu’on ne voit pas avec les yeux, mais qui existe et qui fait qu’on peut relier la musique dans l’espace d’une manière qu’on appelle « magique ». En réalité il n’y a pas de magie, c’est tout simplement atteindre un certain degré de division rythmique pour passer outre les césures. C’est à dire quelque chose qui n’appartient plus au calcul quantifiable. C’est dépasser ce qui est quantifiable et à ce moment là, la musique est comme accrochée dans l’espace par quelque chose d’impalpable et pourtant oui. C’est une chose qui existe chez tous les grands musiciens qu’on connaît, il faut l’atteindre et à partir de là, la musique devient autre chose complètement. C’est le travail, on est en fonctionnement dans la musique. Mais bon c’est à développer, ça amène des questions des fois, peut-être pour une prochaine fois...

…Musique et mouvement.

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Version originale de la préface de Morgan Ågren destinée au magazine américain Modern Drummer de juin 2003 :

Penseriez-vous que je plaisante si je vous disais que l’un des musiciens les plus charismatiques est un batteur vivant en France, qui a formé son propre groupe voilà plus de 30 ans, que ce groupe chante dans son propre langage appelé Kobaïen…

…ET que vous n’en avez probablement jamais entendu parlé ?

Quoiqu’il en soit, voilà 2 ans je suis venu à Paris pour voir le batteur Christian Vander et son groupe légendaire Magma célébrer leur 30ème anniversaire. J’avais déjà des enregistrements de Magma dès mon adolescence, mais je n’avais jamais eu la chance de les voir en concert. Cette fois, un ami français m’a appelé pour me prévenir que 3 concerts étaient annoncés à Paris pour la célébration de leur 30ème anniversaire. J’habite en Suède, à Stockholm, et vous pouvez faire le trajet en avion pour moins de 3 heures, c’est donc ce que j’ai fait.

Je ne suis pas du tout journaliste, je gagne ma vie en tant que batteur moi-même. Mais quand je suis revenu à Paris pour voir Magma pour la deuxième fois, j’ai de nouveau rencontré Christian et j’ai pensé ; Pourquoi ne pas faire une interview avec lui ? Ca pourrait être très sympa, et peut-être que je pourrais la faire publier dans un magazine quelque part. En fait, je savais que Christian n’était jamais apparu dans Modern Drummer, ce qui pour moi était impossible à comprendre. J’ai demandé à Christian ; « Leur as-tu répondu « non merci », ou n’ont-ils jamais demandé ? ». Il m’a répondu ; « ils n’ont jamais demandé ».

C’est difficile de décrire le son de Christian et de Magma ; l’esprit et les expressions qu’il possède quand il joue doivent être vus. Mais pour vous donner une idée, imaginez la puissance de quelqu’un comme Narada ou Bozzio, mais jouée sur la batterie d’Elvin Jones. C’est à la fois intense, fort, et délicat. Mais le « son jazz » de la batterie de Christian le rend très différent, car normalement les batteurs ne jouent pas comme ça avec une grosse caisse de 18.

La musique de Magma sonne parfois comme un croisement entre le « Carmina Burana » de Carl Orfs et Mahavishnu Orchestra… Comparaison un peu facile peut-être, mais c’est juste pour vous donner une idée.

Comme je le disais, ils chantent dans leur propre langage, créé par Christian. Il y a la planète Kobaïa, Univeria Zekt, la musique Zeuhl, Mekanïk Destruktïw Kommandöh, etc. Toutefois, ces données ne sont pas si essentielles maintenant, et je n’ai de toutes façons pas assez de clefs pour vous en faire la lecture. Mais vous n’avez pas à être au fait de cette partie pour vous prendre une bonne claque avec le jeu de Christian Vander et la musique de Magma.

Vous n’avez qu’à essayer, je l’ai fait et je ne le regrette pas… Je reviendrai pour les voir de nouveau. Et sincèrement, il n’y a pas beaucoup de groupes ou de batteurs auxquels je m’intéresse suffisamment pour voyager ainsi loin de chez moi. –Da Zeuhl Wortz Mëkanïk !
Morgan Ågren
Traduction : Jean-François Devanneaux
Zïha Jean-François Devanneaux


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