Les Mémoires de la Musique (1/5)

Radio Suisse Romande – Espace 2
Emission du 24 février 2003

Les mémoires de la Musique.
Porte ouverte sur un huit clos.
Avec Christian VANDER, batteur, chanteur et compositeur.
Une série d’émissions proposée par Jean LECLERC et Patrick LENOIR.

(Musique)

Premier volet : chronologie des œuvres angulaires.

(Musique)

CV : Il faut s’exposer, en permanence, sachant tous les dangers. Parce que… on doit connaître le danger, ça c’est certain, vaincre la peur.

(Extrait musical : Mëkanïk Dëstruktïw Kömmandöh)

(Chants d’oiseaux, bruits d’eau).
Le cadre est verdoyant, baigné dans la chaleur insistante d’un mois de juin, et pourtant une impression de fraîcheur nous environne aussitôt notre arrivée. Nous atteignons une demeure, ceinturée de cours d’eaux, laquelle, sitôt qu’on en a franchit la grille, vous retient dans un monde où les repaires du temps s’évanouissent. Qu’importe, nous ne sommes pas venus ici pour… trouver des repères, mais… pour écouter. Ecouter et faire écouter la voix et l’œuvre d’un homme qui naît à la musique aussitôt après être venu au monde.

Christian VANDER est né il y a 55 ans, un 21 février, d’un père disparu qu’il n’a jamais connu et d’une fille mère qui a mené sa vie folle dans le Saint Germain des Près d’alors, et qui a épousé le pianiste Maurice VANDER.

Très jeune, il se fond dans le cercle des musiciens de jazz : Chet BACKER lui fournit sa première batterie, Elvin JONES lui transmet son savoir, et au bout de ses mains se mettent à pousser d’étranges prothèses : deux bouts de bois avec lesquels il va peu à peu faire résonner un monde, pas encore le sien. Pour le moment, une ombre immense semble le nourrir : John COLTRANE. Quand l’ombre s’évanouira, il sera alors tant d’affronter la lumière crue.

A la mort de COLTRANE, en 1967, Christian VANDER erre des semaines entières. Il trouve en Italie, à Turin, sa réponse. Je le cite : « La musique de MAGMA est née un jour de printemps de l’amour que je porte à John COLTRANE et de mon désespoir profond face à l’incompréhension entre les hommes. »

La musique naît, et les mots. Une langue : le Kobaïen. Christian VANDER et une poignée de musiciens fondent MAGMA. Les premières notes enregistrées, les premiers mots alignés, contrastent brutalement, organiquement, avec l’atmosphère régnante du « Power Flower ».

Au cours des dix premières années, le groupe se modifie, se décompose, se recompose, regorgeant chaque fois de nouveaux musiciens d’horizons multiples. Et Christian VANDER élargit le champ de l’expérience. Et les compositions naissent peu à peu, pièces plus ou moins importantes en durée, dont l’axe semble intangible, mais dont la forme se structure, à mesure qu’elles sont interprétées, sur scène, à mesure qu’elles sont jouées.

Ainsi la trilogie « Theusz Hamtaahk », dont la composition remonte à dix-neuf cent septante, peu après la naissance du groupe, et dont vous aurez l’occasion d’entendre aujourd’hui de larges extraits enregistrés les 13 et 14 mai 2000 au Trianon, à Paris.

D’un fond intemporel, d’une forme contemporaine, jour après jour et plus de trente ans après, le travail se poursuit. La nouvelle œuvre s’intitule : « Les Cygnes et les Corbeaux », vous en entendrez un cours extrait avant que nous y revenions plus complètement vendredi, où nous entendrons la pièce dans sa quasi-totalité.
Voici donc Christian VANDER, ses mots et sa musique.

(Extrait : « Mëkanïk Dëstruktïw Kömmandöh » :
« Hortz fur dëhn Stekëhn West ») puis fade et fin.

CV : Faut pas penser en écoutant, pas attendre quoi que ce soit, ne pas réfléchir. Moi, je dis il faut plonger comme des enfants, c’est l’idéal. Plonger dans cet univers, essayer, tenter. Est-ce… Est-ce que tout le monde est prêt, même dans le sens où… C’est le problème de familiariser avec des couleurs ou des ambiances que l’on a pas forcément l’habitude d’entendre, du moins rassemblées d’une certaine manière, parce que de toute manière les notes sont les notes, hein… On peut les jouer sur un piano, c’est quand même de toute manière en général des notes tempérées, ce qui se passe entre, c’est comme toutes les musiques, c’est ce qui forme la magie, notre patte. Mais… c’est de cette manière dont il faudrait l’aborder, à mon avis. Moi-même, je l’écoute de cette manière là, je… Je le ressens, je l’écoute de cette manière. Dans le temps, j’y découvre un peu… l’histoire, le fondement d’une histoire, ou… Bon, en général je sais quel est le thème, de toutes ces pièces… le thème majeur… Mais maintenant… Dans le temps, tout se relie, finalement, c’est un peu la manière de raconter toujours la même histoire de manière différente, un peu comme une parabole, des choses comme ça… Plus le temps avance, plus je pense qu’il faut descendre pour concevoir les choses, de l’intérieur, elles viendront de l’intérieur vers l’extérieur. Il faut toucher le fond. Et c’est ce que je tente de faire, trouver la clef, descendre, descendre. Le genre de philosophie de MAGMA, moi j’ai dis, bon… On tend vers quelque chose qui de toute manière ne nous appartiendras jamais. Ce n’est qu’à nouveau un passage qui nous amènera à autre chose, bon, ça, on sait. A une idée de but réel. On ira quelque part, et à ce moment là, déjà, on sera sur le chemin. Il y aura une respiration, une transition, je ne sais pas… Quelque chose qu’on n’a jamais entendu, des formules qu’on a jamais entendu d’une certaine manière agencées… Je trouve ç’est toujours passionnant. Ce qui m’importe, c’est d’entendre quelque chose de nouveau, et pas parce qu’on veut faire quelque chose de nouveau. Il y a des gens qui tentent des expériences, dans le classique, classique contemporain… Pour moi… C’est pas tout à fait comme ça que ça se passe, hein, d’abord, s’il n’y a pas un fil conducteur dont … Moi, je suis attaché à la mélodie, donc pour moi, c’est… c’est ça le fil conducteur dans... Mais dire, on fait une musique atonale, ou si… Moi, je suis d’accord aussi, mais quelque part ça doit former aussi une sorte de chose harmonieuse. Souvent, il y a un manque cruel de mélodie… Moi, c’est ce qui me gène toujours. Un chant, quelque part, qui se dégage de tout ça. C’est le chant qui manque. Tout se relie à partir du moment où il y a un chant véritablement à l’intérieur, ça c’est certain, quelles que soient les formes de musiques, de d’où elles viennent… C’est vrai, certainement… Un chant… C’est tout, et l’évolution de la musique est très lente, faut pas chercher à faire des pas de géant, d’abord tout le monde n’est pas John COLTRANE et en classique non plus… C’est pas, c’est… On avance tout doucement, péniblement, c’est très, très, très difficile la musique. On a l’impression, des impressions, surtout plus jeune, on a l’impression d’avoir franchit, dès qu’on est capable de jouer trois notes d’une certaine manière, on a l’impression déjà d’avoir tout inventé, pas du tout, ça a déjà été fait - c’est si, c’est ça… Dans le temps, il faut… C’est très compliqué, laisser une petite trace, une petite chose… La composition… Je ne sais pas ce qu’il restera de cette musique là, je sens qu’elle est authentique… Bon, pas authentique, parce que je la fais - j’y crois - non, authentique, parce que… Il y a quelque chose dedans que je ne découvre nulle part ailleurs… Et moi j’avais composé le premier mouvement de « Theusz Hamtaahk » en 1970, « Wurdah Ïtah » en 1971 et « Mëkanïk» entre 1971 et 1972. Il s’est trouvé que… on était tenté de jouer « Mëkanïk Kömmandöh» parce que l’aboutissement des trois mouvements, mais c’était la logique même, mais… On a été tenté… J’ai voulu jouer tout de suite « Mëkanïk Kömmandöh» et l’enregistrer d’abord, seulement… Ce qui a créé un déphasage dans la chronologie… Et dans le temps, j’ai essayé de remettre les pendules à l’heure, comme on dit, en expliquant aux gens « non, ça c’est le mouvement numéro deux, ça le un… » Toujours une confusion : « Qu’est ce que c’est que « Theusz Hamtaahk » ? C’est pas « Mëkanïk », c’est « Mëkanïk »… » Là, en enregistrant, en gravant cette chose interprétée par le même orchestre, dans le même disque, mouvements numéro un, deux, trois, tout a été je pense, très, très bien expliqué, on a un peu remis la chronologie… C’est ce qui fallait faire. Là, l’erreur, ça a été ça, d’enregistrer « Mëkanïk » avant d’enregistrer « Theusz Hamtaahk ».

(Extraits : « Theusz Hamtaahk » :
« Malawëlëkaahm »
« Sëwolahwën öhn Zaïn »
MAGMA TRILOGIE AU TRIANON, 13 et 14 Mai 2000).

CV : En réalité, moi, je compose toujours au piano, au piano et au chant. Donc toutes les mélodies je les chante, et, bon, comme je l’ai dit, quelques fois, c’est vrai… Les sons, les mots kobaïens, viennent… Simultanément. Donc…, je… je n’écris jamais les paroles après… Elles sortent en même temps. Ce qui montre qu’il y a quand même une chose étrange aussi, encore une fois de plus dans cette musique, c’est que… A une certaine époque j’avais acheté un multipiste, pour faire des recording, donc je composais je ne sais plus quel morceau, peut-être bien «Mëkanïk », et j’avais fais une des parties, j’ai improvisé pendant 25 minutes sur un passage, ensuite j’ai fais un « re-re », mais j’ai chanté exactement les même mots, je les connaissais pas, je les avais dits comme dans une sorte de rêve éveillé, heu, quelques minutes avant, donc, et à nouveau, je faisais un « re-re » avec les même sons. Quoi, j’aurais pu dire autre chose, c’est pas, le problème rentre pas dans les onomatopées, hein, c’est les sons qui doivent venir avec cette musique, ils sont liés quelque part dans l’espace définitivement avec cette musique, à quelques erreurs près… L’erreur, c’est quand on se réveille au milieu de la composition et qu’on a l’impres… Même quelques fois, je dirais, on a une sorte de trou, mais pas le trou noir, où véritablement on se dit : « ha ! Entre tel accord et tel accord, je me suis réveillé, je me suis retrouvé là, dans la pièce, assis au piano… Bon, qu’est-ce qui s’est passé, bon, deux minutes où j’étais pas là, ça doit représenter deux minutes de musique, il faut que je retrouve ces deux minutes qui étaient là puisque après j’ai ré enchaîné à nouveau… » Et quelque fois les deux minutes, ce n’est pas deux minutes, c’est des fois trente minutes, c’est des fois toute une pièce qui est entre les deux accords, voilà… C’est étrange…

(Extraits : « Wurdah Ïtah » :
«Für dï Hël Kobaïa » (Pour la vie éternelle)
«Blüm Tendiwa » (L’âme du peuple)
MAGMA TRILOGIE AU TRIANON, 13 et 14 Mai 2000)

CV : j’ai dit à une époque, donc ça devait certainement être souvent par des temps pluvieux, mais c’est parce que j’ai toujours dit, euh, ça prête, ça incite à la composition (rires), ça, je préfère les temps plutôt gris, je dirais, ça… Peut-être c’est comme la concentration, c’est comme… Des choses comme ça. Sur scène, je ne suis pas fou des éclairages forts, hein, je me sens « mis en musique », bon, il suffit d’avoir un spot, parce que ce n’est pas une chose naturelle… Qui est sur moi pour quand même m’obliger à penser à ce spot des fois… Simplement donne une chaleur qui n’est pas celle, qui n’est pas la bonne chaleur du corps après l’effort. C’est quelque chose en plus qui n’amène rien de plus par rapport à la musique, qui est donc ce qui peut déconcentrer. Donc les temps entre deux, un peu gris, mais c’est magnifique pour la composition. Il faut être –comment dire- ouvert, disponible à chaque instant, pour recevoir cette musique. Pour ça il faut être prêt, très ouvert en permanence, je peux me précipiter sur le piano (rires) et puis… « Theusz Hamtaahk » est né très rapidement, et « Wurdah Ïtah » également. Il faut penser quand même que j’ai composé une bonne partie des morceaux du premier double album, de fin 69 à début 70, et j’ai composé pendant ce temps là aussi « Theusz Hamtaahk » et « Wurdah Ïtah » ! J’ai également ébauché « Mëkanïk Kömmandöh». Je n’avais pas saisi à l’époque ce qu’il se passait, à la fin de « Wurdah Ïtah », je suis arrivé sur une sorte de Ré, un Ré, bon, une sorte de bourdon, mais alors là il ne se passait plus rien, j’avais ce Ré, ce Ré qui restait… Je suis resté à jouer un Ré pendant trois semaines ! Si bien que je me suis dit, à un moment : bon, ben ça doit être la fin, la fin du morceau. Mais un Ré comme ça, maigrelet au piano, c’est pauvre ! Alors (rires) j’avais un petit multipiste, aussi à l’époque, j’ai fait des « re-re » de Ré (rires). Je faisais… J’avais un petit quatre pistes, je faisais quatre Ré, puis après ça j’ai fait, j’ai refait des « re-re », finalement je me suis retrouvé à faire cinquante Ré ! Finalement, je réduisais la largeur de bande, et puis mon Ré il était aussi petit qu’au début, de toute manière ! Bon, ça donnait une sorte de souffle énorme, et soudainement, de ce Ré est sortit quelque chose : une mélodie de « Mëkanïk Kömmandöh». Emergée de cette chose, du Ré. Je ne savais pas ce qu’il se passait, « Mëkanïk Kömmandöh» je ne connaissais pas puisque, bon, il n’était pas né et pour moi c’était peut-être la fin de « Wurdah Ïtah », je ne sais pas… Puis après j’ai compris que tout ça c’était une longue suite, et je suis arrivé au bout de « Mëkanïk Kömmandöh». Ça a été plus long, « Mëkanïk », je l’ai composé sur toute l’année 1972.

(Extraits « Mëkanïk Dëstruktïw Kömmandöh» :
« Nebëhr Gudahtt »
« Mëkanïk Kömmandöh» MAGMA TRILOGIE AU TRIANON, 13 et 14 Mai 2000)

CV : « Les Cygnes et les Corbeaux » est un morceau que je viens de terminer, quinze années de travail, de 1982 pour terminer en 1997, où là j’ai vraiment senti que le morceau était… Accompli, sinon il y avait toujours des ouvertures, des possibilités et en 1997, là j’ai senti que c’était terminé donc j’ai décidé de l’enregistrer… Et des gens entendaient d’autres choses avant, mais le problème est toujours un problème de chronologie, je ne voulais plus faire les erreurs du passé. C'est-à-dire, dans l’ordre, il fallait enregistrer « Les Cygnes et les Corbeaux », malheureusement ça a pris beaucoup de temps, parce que…J’étais pratiquement seul… impossible de faire autrement parce que on n’est pas Debussy, on n’a pas un orchestre à demeure, lui il avait son orchestre (rires) à demeure, il pouvait recommencer jusqu’à ce que ça lui semble sonner définitivement en faisant, en changeant cinquante fois la partie de flûte, ou autre, dans ses orchestrations, bon, c’est sûr, c’est pas tout à fait pareil, je me suis imaginé, bon, là c’est un morceau qui demande une instrumentation classique, bon, en l’occurrence j’ai dû utiliser des samples, mais pas d’artifices, que des sons enregistrés : cordes… Mais beaucoup de sons ne sont pas passés parce que je… Il y avait une base de piano acoustique, et c’est très, très riche en harmoniques, alors quand on a inclus des sons artificiels, vite, on les vide de toute essence et il ne reste plus aussi que l’écorce, l’enveloppe, et ça donne des sons très disgracieux. J’ai voulu utiliser certains sons de cuivres, ce n’est absolument pas passé. J’ai dû prendre des bois, certains passages où j’avais prévu des cuivres. Donc ça, ça nous a freiné, il fallait trouver les sons qui se mélangeaient avec ce piano acoustique. Ca nous a fait perdre beaucoup de temps. Ou un orchestre, de près de vingt ou trente musiciens - sauf que en plus c’était des sections, donc ça fait beaucoup plus de musiciens - et des chanteurs de MAGMA, ou autres, m’ont aidé aussi. Il fallait que je passe par « Les Cygnes et les Corbeaux », j’avais dans l’idée de mêler des orchestres et des sons, avec des harmonisations, pas toujours évidentes à entrecroiser de manière harmonieuse et qu’on en sente toujours au travers de ça la mélodie. Donc, ça a été un champ d’expérience, aussi, « Les Cygnes et les Corbeaux », tout en proposant évidemment une musique cohérente. Mais « Zëss », qui est un peu l’accomplissement de tout ça, je ne peux pas le réaliser tout de suite, il faut que je passe encore par des caps. Par exemple, sur le final de « Zëss », moi, j’avais l’intention de mêler toutes les musiques que j’avais pu aimer, dans leur harmonisation et leur tempo d’origine. Mêler toutes ces musiques, passant au travers de « Zëss » qui continue à dérouler harmonieusement aussi avec ces musiques qui traversent toutes ces choses, et que ça sonne ! Pas dans le genre de trucs inaudibles, cacophoniques, pas du tout ! Toujours harmonieux, où l’on sent bien les densités de chaque chose et comment le rythme passe au travers de tout ça, et relié sans que l’on puisse saisir comment ! Et semble totalement logique. Pour ça il fallait passer par là, encore.

(Extraits : « Les Cygnes et les Corbeaux » :
« Le vent »
« En avançant vers le vent »
« Le semeur vers le nord »)

Nous écoutions de larges extraits, tirés de la Trilogie « Theusz Hamtaahk », enregistrée les 13 et 14 mai 2000 au Trianon, à Paris, pour les 30 ans de MAGMA. Egalement un court extrait de l’œuvre pour voix, piano et grand orchestre intitulée « Les Cygnes et les Corbeaux », que nous aurons l’occasion de vous présenter vendredi, dans un volet spécialement consacré à cette œuvre d’actualité.
C’était « Les Mémoires de la Musique », une émission de Jean LECLERC et Patrick LENOIR, avec la collaboration de Laurent SAMBO et Daniel GOLAY. Si vous voulez vous tenir au courant de l’actualité des concerts ou de la discographie de Christian VANDER, nous vous conseillons de vous rendre sur le site www.seventhrecords.com. L’émission de demain aura pour titre : « du rythme, de la mélodie, et de l’harmonie ».

Zeuhl Merci :
Laurent SAMBO
Evelyne CERMOLACCE, pour sa fidèle retranscription.

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