En pleine forme, Magma attahk son second trentenaire
Si Magma est une entité en tant que telle quels que soient les musiciens qui la composent et en produisent le nectar, un homme a été, est et sera de tous les projets. Celui qui en tire la substantifique moelle, celui qui entretient le feu sacré se nomme Christian Vander, ou Zebehn Strain de Geustaah en Kobaién.
Diffciile en effet de dissocier Christian de l'oeuvre de Magma, même si des pièces somptueuses ont été façonnées par d'autres gens. Notre homme ne se contente pas de sa musique, de vivre de sa musique : ce n'est pas un tennisman. Christian est devenu musique. Il pense musique. La musique lui a sans doute plus apporté que la vie elle-même. Contrairement aux gens, la musique ne trahit jamais. Aux heures douloureuses de son adolescence puis de sa vie toute entière, les muses Euterpe et Erato et sa mère lui ont fait rencontrer des hommes, des musiciens, qui le marqueront à jamais.
Christian Vander est né le 21 février 1948. Sa mère Irène était la seule amie blanche de Billie Holiday. Elle lui présenta les rois mages Bobby Jasper, Elvin Jones et Chet Baker, celui-là même qui offrit sa première batterie à Christian. Initié par les plus grands, il écoute Wagner, Stravinsky, du Rhythm and Blues, du blues mais surtout John Coltrane qui sera toujours son "étoile du berger", sa source d'inspiration.
En 1966, son premier groupe fut les Wurdalaks, qui proposait du rhythm' n blues, puis les Chinese, dans lequel Christian interprétait des morceaux d Aretha Franklin et d'Otis Redding. Tout cela était un peu binaire, et un jour Christian eut envie de composer un morceau très influencé par Mc Coy Tyner et son solo de "Summertime" qui reprend un thème de Gil Evans. Il chercha un titre pour ce thème et trouva Nogma. Mais c'était Magma qu'il cherchait...
Puis ce fut Cruciferius Lobonz, déjà un groupe au propos "avant-gardiste" dans lequel il rencontra un certain Bernard Paganotti et monta des morceaux similaires à ceux de Magma, utilisant déjà une langue différente pour les paroles.
C'est en 1969 que Christian Vander fonde Magma.A la faveur de cette tournée 2004 et à deux reprises, la rédaction de Koid'9 a eu le plaisir de rencontrer Christian Vander pour une discussion à bâtons rompus juste avant sa prestation scénique. C'est un Christian Vander ouvert et réceptif à nos questions malgré la pression du concert imminent qui nous a reçus, un Christian qui nous a fait de nombreuses confidences. Récit...
Magma face à son public
Koid9 : Cette tournée 2004 est-elle le prolongement de la tournée 2003, la même set-list étant annoncée sur le site de Seventh Records, alors même que vous répétiez "De futura" (qui n'est pas listé) sur scène, tout à l'heure ?
Christian Vander : en fait, nous allons bientôt changer de répertoire, mais pour cela il faut répéter. Ce sont les derniers concerts avec ces titres là. Quoi qu'il en soit, comme tu t'en rendras compte, la set-list de ce soir sera quelque peu débridée...
(pour cela, lire le compte-rendu)K9 : Nous aurons je l'espère droit une fois encore à cette création ancienne jamais sortie en album : "ka anteria" ?
CV : Oui. "ka anteria" est en quelque sorte le chaînon manquant entre "Mekanik destruktiw kommandoh" et "Köhntarkösz".K9 : Une chose frappante et très positive, c'est que contrairement à bon nombre de "vieux" groupes ou de "revivals" le public de Magma se renouvelle, et chacune de vos prestations voit affluer son lot de jeunes gens. Le discours de Magma passe-t-il mieux aujourd'hui qu'auparavant ?
CV : A vrai dire je ne m'explique pas le renouvellement de notre public, mais c'est vrai que c'est positif. Tant mieux ! Ca me touche vraiment. Tu sais, au début de ma vie je suis allé jouer aux États Unis, avec Ron Carter notamment... c'était terrifiant... c'est vrai... et il y a tellement de musiques. Qu'aurais-je été capable d'apporter à la musique et au jazz aux États Unis ? Pas grand chose... et comment trouver les mots pour s'exprimer après John Coltrane ? C'est pour cela que je suis revenu en Europe, pour créer cette nouvelle musique classique européenne, la musique des forces de l'univers. En fait c'est pour combler un vide qu'est né Magma. C'est aussi cela le discours de Magma. Quant à savoir s'il passe mieux aujourd'hui que dans le temps... on verra.K9 : Aujourd'hui nous sommes à Nanterre, demain ce sera Six-Fours, hier c'était Granville, l'an passé Cergy Pontoise... comment se fait-il que Magma ne se produise que dans des villes de taille moyenne ?
CV : Oh, ce n'est pas un choix... ça se trouve ainsi, c'est tout. Mon choix à moi serait d'être sur scène tous les soirs, en dehors des périodes de création musicale évidemment. Et c'est loin d'être le cas en ce moment. Les propositions n'affluent pas. Et encore, Magma tourne... pour Offering par exemple nous n'avons pas de proposition du tout. Et de toutes façons ce n'est pas évident de trouver des musiciens qui aient envie de jouer cette musique.K9 : D'ailleurs après Christian, Stella, Julie Vander d'un côté, Antoine et Himiko Paganotti, les enfants de Bernard Paganotti de l'autre... on a l'impression que Magma est un peu une affaire de famille, non ?
CV : On peut, on peut. Mais ce n'est certainement pas volontaire. Le groupe est ouvert à tous les musiciens qui souhaiteraient y prendre part. Nous sommes prêts à les accueillir.K9 : Magma a toujours été une sorte de rouleau compresseur grand consommateur de musiciens. Comment expliques-tu cela ?
CV : Avant tout l'usure, la fatigue. Les groupes se sont usés. Tu sais, du temps où nous tournions beaucoup, nous faisions des 20 à 25 dates par mois ! Et souvent c'était le grand écart, géographiquement parlant, sans aucune logique : nous allions du Nord à Nice, puis retour à Calais ou Valenciennes... nous dormions la plupart du temps dans le camion quand ce n'était pas carrément sous le camion. Les tourneurs ne nous faisaient pas de cadeau. Parfois on nous promettait des hôtels, et à l'arrivée il n'en était rien. On touchait des fois des 50 francs par soirée, à se partager entre nous tous... et quand j'avais le malheur de faire entrer un musicien additionnel et accessoire dans le groupe en lui allouant une part égale aux autres, il y avait des grincements de dents. Et tout cela sans compter le public, qui n'était pas forcément toujours au rendez-vous. Nous nous sommes vus faire des 15 personnes à Marseille, des 20 personnes à Manchester... Nous avons été un peu mieux lotis à l'époque de Benoît Widemann. Et puis, en 76, c'était à mon tour d'avoir un coup de fatigue. J'étais vidé... je ne pesais plus que 59 kg... mon corps ne suivait plus.K9 : En 70, tu disais ne pas connaître tes limites. Cette expérience t'a-telle fait changer d'avis ?
CV : En 70 c'est vrai je pensais cela, mais j'ai rapidement senti une partie de mes limites, comme tu le vois. Je sentais que je ne pourrais pas aller au delà d'un certain point. C'était mental. Mais un groupe c'est comme une équipe, on peut tout donner si tout le monde joue comme un seul homme. Quand Magma a vraiment pris corps, nous avons pu développer certaines choses à fond. Ce sont aussi les autres qui te permettent de te découvrir. Je sentais qu'il y avait un potentiel et je ne pouvais pas tout exprimer parce que la musique ne le permettait pas. Celle que je pratiquais à l'époque en tout cas, que ce soit le jazz ou autre chose.
K9 : Mais tu te sentais brimé intellectuellement ? Techniquement ? Physiquement ?
CV : Tout est lié. Je crois qu'on ne sent plus l'énergie. À partir du moment où spirituellement on se sent bien, on se donne à fond. Et il faut que le physique suive évidemment. C'est difficile à exprimer mais je savais déjà que pour moi Magma c'était définitif, mais je ne savais pas si on allait arriver à ce son là... On sentait qu'il y avait une ambiance extraordinaire, pour la première fois de ma vie, je me suis trouvé dans un Son qu'on avait créé tous ensemble. A chaque groupe il fallait à nouveau pratiquer pour trouver le Son. C'était rarissime quand il était tout prêt. À plusieurs ça change tout. On changerait un élément aujourd'hui, ce serait très difficile, il faut créer une osmose, ça prend du temps.K9 : Faites-vous des impros lors des concerts de Magma ?
CV : Quand nous proposons un titre sur un album c'est que son thème a été brassé un certain nombre de fois avant de décider de le graver. À ce moment-là il y a eu une improvisation du jour ou du moment. C'est au musicien de rassembler tout ce qu'il a pu imaginer de mieux sur le passage et d'en faire quelque chose d'intéressant et non pas une improvisation "boeuf".
Mais sur scène il y a de la place pour l'improvisation, oui, sans toutefois que la structure ne disparaisse. Nous savons à peu près où nous allons. II y a des couleurs harmoniques prévues de façon à ne pas dénaturer l'ambiance du morceau. Nous développons ces couleurs et allons quelques fois au delà du point que nous nous étions fixé, et ça c'est extraordinaire ! C'est stimulant de savoir qu'on se dirige vers ce point. De même qu'à la première mesure de MDK, qui dure 40 minutes, ce qui est stimulant ce n'est pas forcément ce qu'on est en train de jouer dans l'instant mais de savoir ce qu'on est en train de développer dans toute se durée. On reste habité par la chose tout du long. La musique peut être un peu aléatoire ou fragile (parce qu'on est dans un mauvais jour par exemple) et on risque de s'effondrer, un peu comme le jazz en général d'ailleurs, qui est très fragile. Ce n'est pas tous les jours qu'on trouve un chorus merveilleux, même si on prend un thème qui paraît simple, on ne s'en sort pas forcément.Magma dans le paysage musical
K9 : Parfois, chez les disquaires, on trouve Magma au rayon "Rock", et parfois au rayon "Jazz". D'après toi, où vaudrait-il mieux classer votre musique ?
CV : II faudrait surtout que les disquaires créent un rayon "Zeuhl" ! La musique de Magma n'est ni rock ni jazz. C'est de la Zeuhl, la musique des forces de l'univers, cette nouvelle musique classique européenne, car les racines de notre musique demeurent résolument européennes.K9 : Justement, peux-tu nous expliciter ce paradoxe : tu as toujours dit que la musique de Magma puisait ses racines dans les folklores germano-slaves, qu'accentuent d'ailleurs les sonorités du Kobaïen, et en même temps Zeuhl veut dire musique céleste, celle que tu perçois quand tu es en état de "réception".
CV : Cosmique ne veut pas forcément dire que ça vient du ciel. Le cosmos, c'est interne, c'est à l'intérieur. Je suis originaire de l'Est (son grand-père était un musicien tzigane NdlR) et s'il en reste quelque chose si j'ai entendu des choses avec lesquelles j'étais en osmose, ce que je reçois de l'intérieur, chose que je m'explique mal. II n'y a rien d'étonnant à ce qu'elles se traduisent par une similitude avec certains folklores.K9 : Tu as aussi un jour déclaré : "au départ, mon rêve c'était de jouer avec des musiciens noirs parce que je pensais que certains avaient ce cri qui était celui de Coltrane".
CV : Oui, parce que j'ai senti que ces gars s'investissaient à fond dans la musique alors qu'ici les gens intellectualisent tout, petit à petit et il ne reste même plus l'essence de la chair. En fait les gens peaufinent les choses sans les avoir vécues totalement. Donc ils nous restituent le jazz aujourd'hui comme de la musique classique. Si je vais jouer avec un orchestre dit "jazz" en France on va me reprocher de jouer trop fort, alors que j'ai une grande palette de nuances, très fin et très forte en même temps, mais forte c'est inconcevable pour les gens aujourd'hui. Ils écoutent Elvin Jones, qui joue beaucoup de balais. Imagine l'éventail sonore d'Elvin, d'Art Blakey... de gens comme ça. Le jazz a été enfanté dans la douleur, ce n'est pas une musique de chambre ! Lorsque j'ai fait le choix de Magma alors que j'étais soi-disant destiné à devenir LE jazzman français, la nouvelle flèche, il ne s'est plus trouvé que des gens pour me casser la gueule, pour être clair.K9 : Es-tu surpris de la longévité d'Ange et de Christian Décamps, que tu traitais de "rigolo" dans les années 70 ?
CV : Surpris, pas forcément non. A partir du moment où les gars croient à ce qu'ils font. Je disais cela parce qu'ils semblaient être de bons vivants et s'amusaient avec la musique plutôt que "d'entrer en musique". Mais il en faut aussi, bien entendu. C'était vraiment dans ce sens-là, rien de péjoratif. On nous a souvent comparés à Ange ou à Gong. Même encore aujourd'hui, alors que ces musiques n'ont aucun lien. Je ne comprends vraiment pas. C'est hors sujet et même assez angoissant à la limite. II faut comparer ce qui est comparable, ce n'est pas parce que nous nous produisions dans les mêmes salles que nous sommes comparables. Si nous avions tourné avec Archie Shepp nous aurait-on dit la même chose ?! A la limite j'aurais presque préféré... je m'en sentais plus proche. Nous avons toujours pris la musique au sérieux et même dans les moments difficiles nous sommes toujours parvenus à nous maîtriser.
K9 : C'est vrai que géographiquement vous étiez souvent proches de Gong alors même que leur démarche est différente. Mais qu'en est-il de gens comme Michel Portal, par exemple ?
CV : Oh, nous avons fait quelques concerts avec Michel Portal. Mais il ne fait pas vraiment du jazz. Il le dit lui-même d'ailleurs, c'est assez étonnant. Il est beaucoup plus proche du free-jazz...K9 : En 94 dans "Music annonce" tu disais que "l'important en musique était de créer son propre son". Des guitaristes comme Eddie Van Halen ou Mark Knopfler par exemple sont-ils respectables en ce sens ?
CV : Oui, oui, bien sûr... Un musicien doit avoir un son reconnaissable, on ne lui demande pas d'avoir un son énorme mais qu'il soit reconnaissable... Tiens ? C'est Lui ! Bien souvent quand on arrive en studio, et aujourd'hui encore malheureusement, surtout ici, certains ingénieurs du son ne savent pas restituer le son du musicien. Ils le transforment dès le départ et te disent "ton son de grosse caisse est trop petit ou trop gros, ta cymbale est trop grave..." et au final c'est un batteur méconnaissable que l'on entend. Quelquefois je cherche à jouer d'une certaine manière mais c'est parfois au détriment du son. Après un concert il m'arrivait de demander à ma mère, qui était très mélomane, comment c'était. Elle me répondait toujours "c'était génial mon fils, mais le son, le son..." Nous n'avons pas de maestro, au sein du groupe, pour nous taper sur les doigts si nous perdons notre son ! C'est comme si un saxophoniste jouait avec un son très large, très gras sur des passages médiums et que soudain il essaie de jouer un thème trop rapide... là il perd le son parce qu'il joue très vite et que les notes n'ont plus le son.K9 : "Mon rêve serait de pouvoir enregistrer avec un orchestre symphonique tous les thèmes que j'ai composés" disais-tu il y a déjà plus de trente ans. Ce grand projet est-il toujours d'actualité ?
CV : J'ai entendu le Philharmonique de Baltimore (je crois) reprendre MDK avec des choristes classiques donc, et des percussions. Ca sonne totalement différemment et je dirais même plus près de la réalité parce que tout étant acoustique, c'est plus proche de la version dont j'aurais pu rêver un jour et dont je rêve toujours. C'est un grand et beau rêve... mais hélas tout est une question de moyens. Magma n'est pas Debussy : nous ne disposons pas d'un orchestre à la demande !
Il y a eu des tentatives qui pour l'instant n'ont pas abouti. Je sais qu'il y a un chef d'orchestre assez connu qui veut monter la Trilogie ou une partie au moins, mais pour l'instant pas de nouvelles. De toutes façons, il faudra être là pour superviser !K9 : Pourquoi ne pas lancer une souscription auprès du public?
CV : Je n'y avais pas pensé, je ne sais pas, mais en tous cas c'est un projet passionnant !Magma d'hier, d'aujourd'hui et de demain
K9 : Tiens, une petite question en passant : qu'est-ce que cet "orchestre claviers" dont tu parles et que tu utilises notamment sur "Les cygnes et les corbeaux" ?
CV :Parfois, le clavier ne suffit pas, et le recours à des instruments samplés est nécessaire. C'est à cela que sert un orchestre claviers.K9 : Depuis 83, il n'y a pas eu d'album de Magma. A quand ce nouvel album que tout le monde attend ?
CV : Sans doute pour cet automne. J'ai voulu terminer d'abord "Les cygnes et les corbeaux", c'est pour cela que le nouveau Magma a pris un peu de retard. II sera constitué de "ka anteria", mais pour l'instant nous n'avons pas terminé le 3è mouvement. Nous y travaillons. II faut que nous renforcions les voix, aussi.K9 : Ton perfectionnisme ne confine-t-il pas à l'obsession ?... Nous avons tous hâte de voir sortir cet album...
CV : On m'a reproché d'être très pointilleux en studio, mais de mon côté il faut bien comprendre que j'ai conscience de graver quelque chose qui va perdurer et j'essaie de faire le meilleur travail possible, pour que les musiciens ne se disent pas en écoutant le disque qu'ils étaient "faux" à tel endroit ou "en dedans" à tel autre. J'essaie que la musique soit la plus "belle" tout de suite et le demeure pour un certain temps. Mais ne te méprends pas : cette musique, je la fais d'abord pour moi. Si je ne suis pas moi-même content et ne prends pas de plaisir lorsque je passe le disque je ne vois pas comment je pourrais présenter une chose pareille aux gens.K9 : On dit que vous disposez de matière pour faire au moins une douzaine d'albums. Est-ce vrai ?
CV : Oui oui. Pas forcément des albums du groupe Magma, mais oui. Car pour moi Magma est synonyme de groupe, et toute la matière dont nous disposons n'est pas forcément celle du groupe. J'ai une dizaine de projets en cours...K9 : De quels titres parlais-tu en 93 lorsque tu disais avoir rêvé 7 titres en Kobaïen en une nuit ?
CV : Ah oui, je m'en souviens, ça fait partie des morceaux qui étaient destinés à ce disque de "machine"...K9 : Magma Aeterna c'est cela ? Dont tu as dit qu'il serait le plus fou et le plus clair ?
CV : Voilà, je m'en rappelle très bien, ça faisait comme une formule, c'était : Apt, Dena, Abseiz, Werb, Oufact, Deneis et il y avait le 7eme qui était noté entre parenthèses parce que c'était la fin du rêve et j'avais encore des doutes sur le son. Mais à force d'y penser il reviendra. Cet album n'est pas dans mes projets immédiats, car il nécessitera énormément de travail.K9 : "Il n'y a pas de rythme simple, l'idée c'est de savoir poser ce rythme", as-tu déclaré un jour. L'important n'est-il pas aussi dans tout ce que l'on n'entend pas ? Dans les silences ?
CV : Ce que je veux dire c'est qu'il faut connaître une multitude de rythmes pour pouvoir pêcher chacune des notes qui tombent dans l'espace et en faire de la musique, sans se dire que cette note est hors sujet. Elle est hors... parce qu'on est "hors". Miles Davis disait : "il n'y a pas de blue note" (c'est-à-dire de fausse note). La grande classe ou l'Art de ces choses-là c'est de prendre la note, de pêcher la note dans l'espace et d'en faire de la musique. On ne sait donc jamais, quand on écoute un phrasé d'un grand ou d'un black qui connaît ces choses-là, si c'est véritablement le phrasé qu'il a voulu jouer. Il a dû en faire de la musique alors qu'ici très souvent, en plus de connaissances rythmiques notamment, on entend une note sortir du son : elle nous fait peur... Que se passe-t-il ? Elle est foirée ? Et puis on l'écoute et c'est trop tard... La note est définitivement lâchée... Et seule.
K9 : Peut-on considérer que les voix interviennent dans Magma à la place de ce que pourraient faire un ou plusieurs sax, sachant qu'aucun d'eux ne pourrait sonner comme le cri de Coltrane ?
CV : Pas forcément. La musique de Magma peut se satisfaire d'un piano et d'une voix, c'est certain. Klaus (Blasquiz) avec sa voix très large, profonde pouvait assumer ce rôle, mais après lui, ça n'a pas été évident de retrouver un chanteur aussi capable. Donc, avec un renfort de voix, nous arrivions à obtenir le son. Si on pouvait avoir une vingtaine de voix sur scène ce serait fantastique. Là aussi c'est aussi une question de moyens. Mais même avec un sax qui jouerait comme John, cette musique ne se prête pas à ce développement. Elle est plutôt conçue comme classique, contemporaine, mais à sa manière, plus folklorique. II y a beaucoup de mélodies. Nous recherchons plutôt une chorale avec quelques solistes.K9 : Qu'entendais-tu par "élite et masse" lorsque tu disais "si dans la salle il y a 2000 personnes de l'élite et 20 de la masse je jouerai pour ces 20 là" ?
CV : C'était pour les gens qui viennent écouter les concerts sans en entendre le fond. Ils venaient voir l'image et non plus écouter de la musique. Tant et si bien que quand nous évoluions les gens faisaient de la résistance et rejetaient systématiquement tout ce qui était nouveau... C'est même allé plus loin : des groupes de l'époque que je ne citerai pas se réclamaient de cette musique-là, étaient plus royalistes que le roi et nous ont reproché de ne pas être assez zeuhl sur scène ! Contrairement à d'autres, nous avons toujours joué comme des musiciens, échangé des sourires de complicité... nous ne nous sommes jamais comportés comme des robot ! On pouvait donc voir des gens vêtus de noir mais raides comme des piquets en train de jouer une musique finalement aussi raide qu'eux. Ce n'était pas du tout la musique de Magma qui au contraire de l'apparence donnait une idée excessivement souple et fraîche. Pour revenir à ta question, je joue pour les personnes. Pour celles qui sont capables d'entendre la musique. S'il n'y en a qu'une, je joue pour celle-là.Magma et le Kobaïen
K9 : Quelle est ta vision du Kobaïen aujourd'hui ? II semblerait que plus on avance dans le temps plus vous prenez de la distance avec la langue.
CV : De la distance, pas vraiment... non, il a toujours fait partie intégrante de la musique de Magma. Il vient parallèlement à la musique. J'ai toujours pris les mots tels qu'ils venaient. Puis je les travaille en creusant, en descendant vers le centre... là où je trouve à m'élever! C'est paradoxal mais c'est ainsiK9 : Tu aurais travaillé sur un dictionnaire de Kobaien. Qu'en est-il ?
CV : Aujourd'hui nous essayons de fournir un livret comportant les paroles avec chaque album, mais il y a des tas d'albums pour lesquels cela n'a pas été fait. II faut donc tout relever et c'est un gros boulot. Et puis il faut trouver le temps d'y consacrer plusieurs semaines... pas facile. Cela dit je l'ai déjà fait pour la Trilogie du Trianon... ça viendra.Mythes & Légendes
K9 : Tu as dit un jour "La musique doit être épurée à l'extrême". Que penses-tu de la techno ?
CV: En vérité je suis pas fan de technologie... et les musiques électro... heu... mais j'ai l'occasion d'en écouter via les autres musiciens ou les amis, ça me permet de savoir à peu près ce qui se passe actuellement.K9 : Donc tu n'exagérais pas quand tu prétendais en 70 n'écouter que Coltrane et que rien d'autre ne t'intéressait ?
CV : Non, je n'exagérais pas, d'ailleurs je le dis franchement, quand John est parti en 67, j'ai failli partir aussi.K9 : Jannick Top affirme que s'il y a des morceaux courts sur "Üdü Wüdü" c'est pour séduire les radios. Qu'en est-il ?
CV : Si c'est vrai ce n'est pas de mon fait. En fait, le but du disque c'était d'enregistrer le morceau de Jannick "de futura". Moi, à ce moment-là je n'avais pas forcément de musique à enregistrer. Et puis à l'époque (76) les faces de vinyls ne pouvaient pas aller au-delà de 18-20 minutes sans risquer de perdre en résolution.K9 : Est-il vrai que tu as fait retirer la première pochette "d'Üdü wüdü" parce que ton nom y avait été mal orthographié (Wander et non Vander) ?
CV : Ca c'est complètement faux, c'est encore une légende. II fallait sortir le disoue et i'ai demandé à Klaus (Blasquiz) d'en réaliser l'illustration. Tout ça a été fait très rapidement, la maison de disque en a sorti une autre ensuite mieux réalisée. Mais tu sais, il y a des tas de choses qui ont été déformées. Je suis tombé sur des interviews sur des sites Internet ou ailleurs dans lesquelles on me fait dire des choses inouïes !K9 : Le jour où on t'a demandé quel était ton disque de chevet, tu as répondu "Berthe Silva". Penses-tu que "les roses blanches" est la plus belle chanson française ?
CV : Ca c'est certain ! En fait c'est une chanson que chantait parfois ma mère et comme je ne l'ai pas eue aussi souvent que je l'aurais souhaité à mes côtés, c'était une grande souffrance que d'entendre cette chanson. Chaque séparation était une déchirure et il y a des fois où c'était très dur de l'entendre. Un peu comme j'ai eu beaucoup de mal à réécouter "Expression" de John Coltrane après 1967 : il m'a fallu attendre 1978-79. En fait, je l'avais écouté pendant toute cette période-là, mais j'étais tellement mal tous les soirs à cause de ça, parce que je plongeais dans sa musique, parce que je voulais plonger à côté, et que j'ai mis au moins 10 ans avant de pouvoir la réécouter véritablement.Magma et sa tribu
K9 : Le site de Seventh Records, alors qu'il pourrait être particulièrement informatif sur toute la carrière de Magma et des musiciens gravitant et ayant gravité autour, se borne en réalité à être un site de vente par correspondance. II faut visiter les sites de fans, pas toujours à jour, pour trouver des infos sur toi. Ce n'est pas un peu dommage ?
CV : Si, bien sûr, mais tu sais, ce n'est vraiment pas mon rayon, ni même celui de Stella... je me consacre à la musique, entièrement à la musique, et j'ai déjà fort à faire. Mais tu as raison, nous devrions faire quelque chose.K9 : T'arrive-t-il de repenser ou de revoir certains anciens musiciens de Magma ?
CV : Oui, mais je ne pense pas à ces choses. J'avance. II faut toujours avancer dans la vie... poursuivre son but. C'est ça qui importe.Magma vu de l'extérieur
K9 : Es-tu conscient que la musique de Magma a influencé et influence encore des tas de gens, en France comme à l'étranger ? Je pense à Runaway Totem en Italie, par exemple, mais aussi à des gens pour qui c'est moins évident, comme les suédois d'Anekdoten.
CV : C'est bien. Mais ce n'est pas mon but. Je sais que tas de gens nous apprécient alors même si nous n'avons jamais fait la une des magazines. Et c'est tant mieux.K9 : Et bien ce ne sera plus vrai puisque tu vas au moins faire celle de Koid9 ! Cela dit, Magma n'a jamais été très présent à l'étranger. Comment s'est passée votre prestation au NEARFest l'an dernier, par exemple ?
CV : C'était absolument super. Et en plus nous avons rencontré ce groupe finlandais au nom imprononçable, là... comment c'est ... Alamaailman Vasarat... ils font une musique extraordinaire. Au NEARFest ? Nous sommes arrivés en parfaits inconnus, et le lendemain nous étions les Rolling Stones ! Un accueil incroyable... ça nous a fait du bien. Mais les États Unis sont comme ça : un jour tu n'es rien, le lendemain tu es porté au pinacle. En France, les gens sont blasés... un tel accueil n'est pas possible.K9 : II nous reste à te remercier de ta collaboration, en tous cas !
CV : C'est moi, et si à l'avenir vous avez d'autres questions en suspens, je préfère vous donner les réponses plutôt que de laisser les choses en plan... tant de choses ont été déformées.K9 : À bientôt alors. Comme tu le vois, nous voyons un intérêt à évoquer toutes ces choses des années après !
CV : Pourquoi pas. Il y a encore tant de choses que les gens ne savent pas ou qu'ils ont lues d'une certaine manière... même la chronologie de la Trilogie, par exemple, ils ne la connaissaient pas avant que le concert du Trianon leur apporte enfin des éclaircissements... mais nous aurons sans doute l'occasion d'y revenir.Projets parallèles à Magma
Trio : Christian Vander (batterie), Emmanuel Borghi (piano) et Philippe Dardelle (contrebasse). Une formation dédiée à la gloire de John Coltrane.
Welcome, une autre formation dédiée à la gloire de John Coltrane, très jazz, avec Simon Goubert.
Fusion : Christian Vander + Jannick Top (guitare + basse), Didier Lockwood (violon) et Benoît Widemann (claviers).
Allen Quartet : Christian Vander avec Benoît Widemann, Dominique Bertram et Patrick Gauthier.
Des projets avec Alby Cullaz, Michel Graillier (décédé l'an passé), Francis Lockwood, le saxophoniste Arrigo Lorenzi et de nombreux autres.
Offering, avec notamment Christian Vander (piano, chant, batterie, tambourin), Stella Vander (chant), Simon Goubert (piano), Jean-Marc Jafet (basse) ...
...et les albums solos de Christian Vander.Magma
en concert, le 31 janvier 2004 à la Maison de la Musique de Nanterre
Chouette salle que cette "Maison de la Musique" de Nanterre. Assez vaste pour accueillir 500 personnes (assises ! Ô joie !), avec une scène large et profonde, et des plans inclinés pour que chaque spectateur bénéficie de la meilleure vision. Voir Magma dans un tel écrin, la soirée se présente plutôt bien.
Sinon, on ne sait pas trop à quoi s'attendre ce soir : en interview, Christian Vander nous avait parlé d'une set-list "débridée", d'un programme varié en attendant un nouveau répertoire, encore en gestation. C'est "kobaïa" qui démarre le concert, trente secondes après que le noir se soit fait. Un très vieux titre, sympathique avec sa pulsation joyeuse, le truc qui met de bonne humeur. Formation importante, neuf musiciens dont deux claviéristes face à face (l'expérimenté Emmanuel Borghi et le petit nouveau Fred D'Oelsnitz), le bassiste barbu Philippe Bussonnet, le guitariste James Mac Gaw, Stella et Isabelle Feuillebois sur le coté droit de la scène, Antoine et Himiko Paganotti sur le coté gauche et Christian Vander au centre. C'est la disposition classique de Magma depuis la tournée des 30 ans.
La présence des deux pianos électriques n'est pas anodine et mérite d'être soulignée. Dans Magma, on parle souvent des choeurs, du batteur, du bassiste, bref de tout le monde sauf des claviers. Or, lorsqu'il y a deux pianistes en concert, la musique des kobaïens prend une toute autre dimension, avec la construction d'une base mélodique qui devient un ciment rythmique puis une intense toile de lignes répétitives qui va permettre aux autres musiciens d'exploser hors du schéma structuré.
Le son est très correct, malgré quelques déséquilibres au niveau des voix (mais tout va rentrer dans l'ordre pendant le premier morceau, "kobaïa") pour devenir absolument parfait avec "ka anteria". Une totale nouveauté que ce long titre (+ de 45 minutes) sans rapport avec "africa anteria", le morceau un peu fou de la face B de "The unnamables" d'Uniweria Zekt, puisqu'il s'agit d'une création, dont les racines sont à rechercher dans les années 70. Et il y a fort à parier que ce morceau va devenir un classique dés qu'il aura été couché sur CD par le qroupe (c'est prévu pour cette année). "ka anteria" est difficile à décrire car il ne ressemble à aucun autre titre de Magma et pourtant il en possède toutes les caractéristiques. La première partie est très axée sur les chants, avec de nombreux thèmes différents qui s'échangent ou se complètent, l'auditeur est un peu perdu mais la magie opère assez vite. Le 2eme mouvement est plus simple, plus centré sur le travail rythmique du groupe, et s'achève sur un superbe chorus de James Mac Gaw, entouré des quatre chanteurs qui semblent le contraindre à se sublimer. Le dernier mouvement est quasi-monolithique, avec un truc monstrueux d'Emmanuel Borghi qui se lance dans un long solo de synthés, simple et inspiré, puis qui continue au piano, sans une seule redite, sans un temps mort, sans facilité, et derrière le groupe martèle, accélère, ralentit, cogne et martèle encore... Très impressionnant de par l'absence de respiration et le refus de laisser retomber l'intensité.
Après "ka anteria", le spectateur est crevé, vidé... mais pas le groupe, car il redémarre aussi sec sur "mekanik destruktiw kommandoh". Cela fait une heure que les musiciens jouent sans discontinuer, sans pause et les voilà repartis pour 40 minutes de folie ! On dira ce qu'on veut, mais "mekanik.." est le titre qu'espère tout amateur de Magma lors d'un concert. La version proposée ce soir est plus sereine que puissante. Oh ! Cela cartonne toujours sec, surtout après un excellent solo de Philippe Bussonnet, le jeune bassiste qui nous a fait la totale, cordes pincées, glissées, frappées, jeu en accords (épatant !), résonances en tapant le corps de l'instrument et enfin polyphonie de basses en usant de reverb, delay et autres boucles d'effets. Marrant, car Didier Lockwood faisait exactement la même chose en solo avec son violon il y a 15 ans.
Le final est toujours aussi éblouissant de force et de beauté, un instant d'exception chaque fois plus proche du nirvana, silence et applaudissements, public debout (spontanément !)... on n'est pas loin du triomphe ! Magma revient avec "de futura" pour le rappel, et là, il va se passer quelque chose de magique, un truc tout bête mais surprenant, même quand on a déjà vu jouer plus de 10 fois ce titre sur scène : au beau milieu de l'accélération vertigineuse de la basse et de la batterie, un inconscient a eu l'incroyable idée d'éteindre progressivement toute lumière. Le black out complet, plus aucun repère sensoriel si ce n'est ce réacteur atomique devenu fou, qui hurle face au public et qui le propulse comme des ombres dans l'espace-temps. Obligé de tenir son siège dans ces cas-là, et de prier pour que cela ne s'arrête jamais. Cinq minutes d'amour et de terreur, cinq minutes que l'on garde toute sa vie, cinq minutes hors de la réalité ...La tête qu'on devait avoir quand le vaisseau a freiné et que les lumières sont revenues !!! Bon gré mal gré le public est redescendu du vaisseau, a pris congé des extra-terrestres en se promettant de revenir le plus vite possible, avant que ne survienne le long silence...DISCOGRAPHIE ABRÉGÉE
Magma/Kobaïa - 1970
Musiciens : Christian Vander, Claude Engel, Francis Moze, François Cahen, Teddy Lasry, Richard Raux, Klaus Blasquiz, Alain Charlery.Un pavé ! Un pavé brûlant dans la mare du Rock foisonnant du début 70, voilà ce que représente cet album, double LP qui plus est, en termes de carte de visite. La pochette est célèbre... et incongrue ! La musique est étrange, totalement nouvelle. Le message en Kobaïen, virulent et passionné, étonne. Les prouesses musicales et vocales impressionnent. 30 ans plus tard, cet album n'a pas vieilli (le son peut-être, la musique non !) et on reste subjugué par la beauté de "kobaïa" ou de "thaud zaia", par la complexité de "schxyss" et par le superbe "stoah". Ceci dit, de par son foisonnement d'idées et ses références au jazz, ce premier disque reste difficile à assimiler et n'est pas à conseiller au novice désireux d'entrer dans le monde de Magma.
Magma II/1001° Centigrades - 1971
Musiciens : Christian Vander, Louis Toesca, Francis Moze, François Cahen, Teddy Lasry, Louis Sarkissian, Klaus Blasquiz.Trois morceaux seulement sur ce second opus, signés Vander, Lasry et "Faton" Cahen. Si le message de Magma demeure inchangé, sa forme est ici encore plus complexe et torturée. Le titre "riah sahiltaak" en est le parfait reflet avec ses incessants breaks, changements de rythmes et ses nombreuses parties chantées. II n'est pas rare que l'on ait un peu de mal à appréhender ce disque ébouriffant et contrasté. Signalons que la réédition CD comporte la pochette (très sobre !) voulue par le groupe à l'époque, en remplacement du hideux volcan stylisé imposé lors de la sortie par Philips.
Mekanik Destruktiw Kommandoh - 1973
Musiciens : Christian Vander, Jannick Top, René Garber, Claude Olmos, Jean Luc Manderlier, Teddy Lasry, Stella Vander, Klaus Blasquiz et quatre choristes.Sept titres enchaînés formant l'oeuvre la plus aboutie, la plus forte, la plus inspirée des Kobaïens. S'il n'y a qu'un seul album de Magma à posséder, y'a pas de doute, c'est celui là ! "Mekanik..." est une sorte d'OVNI, un truc impensable, un chef d'oeuvre improbable et évident. Comment commenter un disque pareil ? Que dire devant la Joconde ? Que rajouter à Guernica ? Comment décrire la fusion entre grâce et énergie ? Disons simplement que les points culminants de l'album sont "mekanik kommandoh" et "kreuhn kohrmahn" et que si un grand frisson ne vous parcourt pas et que les larmes ne vous montent pas aux yeux à l'écoute de ce prodige, c'est que nos cerveaux et nos coeurs ne fonctionnent pas de la même manière.
Köhntarkösz - 1974
Musiciens : Christian Vander, Jannick Top, Gérard Bikialo, Michel Graillier, Brain Godding, Stella Vander, Klaus Blasquiz.Nombreux changements de personnel depuis "Magma II" et le groupe intègre ces nouveaux musiciens pour proposer une évolution majeure dans sa musique. La forme change, devient épique, le message devient conte et l'ensemble plus Rock, plus percutant encore, avec des crescendo vertigineux et des paroxysmes qui laissent pantois. Magma raconte ici l'histoire de Köhntarkösz pénétrant dans la tombe d'Emehnteht-Ré. La poussière de ce lieu devient alors magique et lui expose une vision extatique de l'Égypte ancienne. Ce morceau est d'une force inouïe, d'une beauté rare et constitue sans aucun doute l'un des chefs d'oeuvre de Magma. II faut mentionner l'excellent "ork alarm" composé par Jannick Top.
Wurdah Ïtah/Musique du le film "Tristan et Iseult" - 1974
Musiciens : Christian Vander, Jannick Top, Stella Vander, Klaus BlasquizUn excellent disque, très technique, axé sur les voix qui sont ici magnifiques. Cet album est un peu méconnu des amateurs de Magma et pourtant, il est majeur dans la discographie du groupe. Toutes les qualités mélodiques de la formation sont rassemblées et magnifiées par une instrumentation sobre et efficace. Ses douze titres forment un tout indissociable préfigurant l'ossature de "theusz hamtaahk". "Wurdah Ïtah" a d'ailleurs été une sublime révélation pour beaucoup lors de son exécution en public pendant la tournée des 30 ans de Magma, avec il faut insister là dessus, des chants absolument merveilleux.
Magma Live - 1975
Musiciens : Christian Vander, Bernard Paganotti, Gabriel Federow, Didier Lockwood, Benoît Widemann, Stella Vander, Klaus Blasquiz, Jean Pol Asseline.Magma est un groupe de scène qui n'a cessé de parcourir l'Europe depuis plus de 30 ans. Et c'est sur scène que sa musique prend sa véritable dimension. La plupart des fans ont pris la claque de leur vie en assistant à un concert du groupe et en 1975, c'était le meilleur moment pour la prendre, c'te claque ! Beaucoup de changements de personnel avec l'arrivée du violoniste Didier Lockwood (dont le violon aérien et suraigu contraste idéalement avec le grondement de la section rythmique), du pianiste Benoît Widemann, de l'immense bassiste Bernard Paganotti. C'est sans doute la meilleure formation de Magma de tous les temps. Et puis c'est tout ! Toujours cette dualité entre beauté sereine "lihns" (la pluie ) et la puissance tellurique de "kohntark II" de "Köhntarkösz". L'adjectif explosif me semble le mieux convenir à ce monstrueux "kohntark II" avec sa batterie qui cogne de plus en plus fort, sa basse omniprésente, son violon incroyable d'énergie et son envolée finale qui fait décoller l'auditeur. Bon, ce "Magma Live" est devenu "Magma Hhaï" en version CD, je ne sais pas pourquoi.
Üdü Wüdü - 1976
Musiciens : Christian Vander, Bernard Paganotti, Jannick Top, Michel Graillier, Lucille Cullaz, Stella Vander, Klaus Blasquiz, Catherine Szpira, Patrick Gantier, Alain Hatot, Pierre Dutour.Retour de Jannick Top pour cet album où le bassiste compose le morceau phare "de futura", titre halluciné, répétitif, peu axé sur les voix mais habité d'une progression rythmique ahurissante et hyper technique. On note aussi la présence du titre "weidorje", écrit par Bernard Paganotti, très différent du style habituel, avec une ambiance orientale, très calme mais pénétré d'une basse percutante. Une jolie réussite qui possède le nom du groupe que fondera "Paga" après cet album (Weidorje). On note sur ce disque que les titres sont moins longs, moins torturés et plus variés. La forme a changé, le fond aussi avec une nette baisse de la virulence du groupe et une diminution sensible de l'agressivité. Le volcan semble s'apaiser...
Inédits - 1977
Musiciens : Christian Vander, Gerard Bikialko (1,2,4,6), Mickey Grailler (1,2,4), Benoît Widemann (3), François "Faton" Cahen (5), Jean Luc Manderlier (5,6), Francis Moze (5), Jean-Pierre Lambert (6), Jannick Top (1,2,4), Bernard Paganotti (3), Claude Olmos (1,4), Marc Fosset (6), Gabriel Federow (3), Didier Lockwood (3), Klaus Blasquiz, René Garber (5,6), Teddy Lasry (5), Yochk'o Seffer (5), Louis Toesca (5)"Enregistré avec les moyens du bord", c'est écrit sur la pochette ! Eh ben, ça s'entend aussi car le son est vraiment limite (voire pire que ça) tout au long de cet album. Je pense qu'il était intéressant de faire connaître certains fonds de tiroir aux amateurs de Magma. Des titres comme "om zanka" ou "sowiloï" sont bons mais tellement noyés dans le souffle et le bruit de fond qu'ils en perdent toutes leurs qualités. Pour fans ultimes, quoi !
Attahk - 1977
Musiciens : Christian Vander, Benoît Widemann, Dominique Bertram, Stella Vander, Klaus Blasquiz, Guy Delacroix, Lisa Bois, Tony Russo.C'est sûr, Magma a changé. D'ailleurs le disque est étiqueté Christian Vander's Magma. Cet album comporte sept titres plus courts, plus concis, censés condenser l'esprit et la musique du groupe. Le son semble plus léger, moins fourni qu'auparavant malgré la présence des deux bassistes (Stoht Ürgon et Wurd Gorgo). Cela dépote malgré tout pas mal ! Le morceau "maahnt" est absolument diabolique par sa rapidité, par les grognements des deux monstres (un par enceinte) et par son incroyable ligne de basse. Il y a un titre magique : "dondaï", sorte de ballade amoureuse (c'est sous-titré : to an eternal love) dansant sur un rythme répétitif et lancinant, où une voix venue d'ailleurs vocalise avant que les choeurs ne viennent la soutenir. Le résultat est de toute beauté, d'une douceur peu commune alliée à une interprétation littéralement aérienne. Un grand moment !
Retrospektïw 1 & 2
Musiciens : Christian Vander, Klaus Blasquiz, Stella Vander, Liza Deluxe, Claire Laborde, Maria Popkiewicz, Didier Lockwood, Gabriel Federow, JeanLuc Chevalier, Patrick Gauthier, Benoît Widemann, Bernard Paganotti.
La production discographique de Magma est abondante, surtout parce que le groupe existe depuis 35 ans, pas parce que les kobaïens ont pris l'habitude de sortir un disque dés qu'une composition est enregistrée. La démarche de Christian Vander est celle d'un perfectionniste constamment insatisfait de la qualité de sa musique et qui répugne à présenter une oeuvre inachevée ou imparfaite. De fait, il existe 10 albums studio de Magma et autant de live, qui reflètent tous, à un instant privilégié, le groupe à son maximum musicalement, techniquement et au niveau de l'inspiration. Comment hiérarchiser des titres aussi sublimes que différents ? Pourquoi mettre "Mekanik ..." en exergue et passer "de futura" sous silence ? Pourtant, après concertation, "Retrospektïw 1 & 2" mérite une attention toute particulière. C'est pourquoi nous avons pris le parti de le détailler un peu plus, de le promouvoir en quelque sorte. II s'agit sans conteste d'un album d'île déserte voire même de tombeau, si tant est qu'il y ait des platines 33 tours dans l'au-delà. Magma est sans conteste un groupe de scène, c'est à dire que face à son public il prend une dimension humaine et inhumaine insoupçonnable sur ses enregistrements. Ceux qui ont vu le groupe avant 1980 comprendront facilement ces propos. Pour les autres, il faut expliquer que la puissance du groupe à cette époque enterrait n'importe quel groupe de métal. On parle ici de puissance, de force, d'une impression de "trop", de musique si impitoyable qu'elle explose le cerveau des spectateurs. Rien à voir avec une puissance vulgaire issue d'un excès de décibels. Des salles ont chaviré en une seconde sous l'impact d'un "smash" de cymbale. Des milliers de personnes retenaient leur souffle simultanément, créant un grand "blanc", un "vide" monstrueux.
On ressentait alors une sorte de pulsation, en accord avec tout son être. On sait alors, avec autant de certitude que d'humilité ce que peut être la Musique, ce que doit être la Musique. Un tel préambule n'est pas fait pour vous appâter ni vous intriguer. C'est simplement que Christian Vander a raison, dans son scepticisme pessimiste, d'affirmer que les gens préfèrent une musique sans goût et sans effort, une musique grasse et aseptisée qui reflète l'auditeur qui l'écoute. Mais je pense aussi qu'il faut informer les amateurs de musique, leur dire que de telles choses existent, leur répéter qu'il faut essayer au moins une fois dans leur vie de mélomane d'appréhender le monde de Magma ! Et la meilleure façon d'aborder cette musique difficile consiste sans doute à le faire avec ce double live qui révèle, exprime et démontre ce qu'était Magma sur scène au début des années 80. La version vinyle est certainement préférable au CD : tout d'abord, le visuel du double LP est délirant, l'impact de la page centrale est d'enfer. En plus la pochette du CD n'est plus la même, remplacée par un logo froid et quelconque. Au niveau du son, si le CD est plus "confortable", sa dynamique est assez faible et son rendu peu crédible. Cela sonne mat, plat ou agressif... Avec le 33 tours, on en a les cheveux qui se hérissent... Avec le CD ,juste la chair de poule. Par contre, le double CD cache un titre supplémentaire et ça, c'est un argument intéressant.
Bon, passée cette pub pour l'analogique, venons-en au coeur de ce concert. Deux morceaux au programme, et c'est tout ! Bon, plus de 40 minutes chacun. Ah, quand même ! Donc, des interprétations de "Theusz Hamtaahk" et de "Mekanik Destruktiw Kommandoh" parmi les plus cinglantes que l'on puisse être donné à entendre. En 1980, Magma est à son sommet, de par l'incroyable talent de ses musiciens (carrément : Vander, Lockwood, Paganotti, Widemann, Top, Federow etc. Si nous n'avez jamais vu cette formation, vous ne connaissez pas vraiment Magma). Au sommet aussi de par la sincérité et la détermination de ses solistes qui jouent ici dans la note, avec autant de hargne qu'un troupeau de pitbulls. Au sommet encore de par l'homogénéité du groupe, que l'on entend distinctement devenir "un" sur certains passages. Au sommet enfin de par la clarté et la beauté des chants. Quelle force ! Quels timbres ! Quelle douceur ! La voix de Klaus Blasquiz est une apothéose, celle de Stella un prodige. De la rencontre des deux naît la fureur ou la paix. Dans la 2ème partie de "theusz hamtaahk", les deux voix se répondent, s'affrontent puis se mêlent formant ainsi les passages les plus divins qui soient, une vraie représentation de la beauté, la vraie, celle qui fait fermer les yeux. Mais il y a un miracle plus grand encore ! ("T'es sûr qu'on n'en fait pas un peu trop, là ?" " Me coupe pas ! Tu déranges mes lecteurs !") . Le miracle, donc, c'est que "theusz hamtaahk" est un morceau parfaitement accessible. Tourmenté certes, construit à la manière Vander, mais tellement mélodique (et énergique) qu'il devient abordable pour tout auditeur attentif, déjà habitué à des musiques élaborées. Bref, le titre idéal à faire écouter à un progster. Plus immédiat que Köhntarkösz", moins extrême que "Mekanik", le choix qui s'impose pour se faire une idée. Et puis, c'est un titre qui contient tout Magma. Les 2 claviers qui se répondent, les breaks inattendus, les montées progressives, la basse (mais une basse ! une basse !) qui vole et cogne, un batteur qui pousse sans cesse, des choeurs inouïs, des passages psalmodiés, tout quoi ! Comme disait un ami néophyte après un concert "De la messe noire jusqu'à la guerre !"... La version de "Mekanik destruktiw kommandoh" proposée ici est une version de référence. "Mekanik.." c'est la guerre, la révolte, le déferlement sauvage, la rage ...En studio, la version d'origine est une folie, la face B (et ouais, c'était en 1972) était pleine de démence et de fureur. En concert , il reste surtout la colère. Alors, oui ,bien sûr, la fin du titre apporte une embellie, un immense espoir, un instant où l'auditeur est transcendé par la Révélation. Difficile d'envisager "Mekanik" dans sa version live comme autre chose qu'une tuerie terriblement lucide, un rush suicidaire, un flash insoutenable de notre misérabilité, de notre nonêtre. D'ailleurs, l'intro reste terrible avec son célèbre "Terrien, si je t'ai convoqué, c'est que tu le mérites..." une sorte d'ultimatum lancé à la race humaine... et c'est une atmosphère de guerre qui ouvre la 2e" partie de ce titre. En 1980,Magma atomisait tout avec ce titre, et cette version spectaculaire le prouve. Décernons une mention toute particulière à la section rythmique basse et batterie, mais aussi claviers percutés, frappés, tout vient scander le tempo et tout participe à la montée paroxysmique du final. Plus fort ? Ça existe peut-être, mais il va falloir bien chercher... Ce disque est un témoignage de ce qui a été. II est fruste, brut, fidèle et authentique. Il mérite l'attention et le respect de tout mélomane digne de ce nom. Un dernier point : ce n'est pas l'auditeur qui décidera s'il aime ce "Retrospektïw 1 &2 " ou pas. Car la musique de Magma, telle l'opium, choisit seule ses adeptes. Si ça ce n'est pas de la magie...
Retrospektïw 3
Musiciens : Christian Vander, René Garber, Stella Vander, Liza Deluxe Maria Popkiewicz, Guy Khalifa, Didier Lockwood, Jean Luc Chevalier, Benoît Widemann, Bernard Paganotti, Jean Pierre Fouquey, François Laizeau, Dominique Bertram.En comparaison du fantastique et surhumain "Retrospektïw 1 & 2", "Retrospektïw 3" semble un peu sage, un peu gentil, fade presque. Intrinsèquement, "rétrovision" est un bon titre, bien construit mais apparaît un peu hors sujet. En fait, il rappelle le changement amorcé avec "Attahk" et préfigure "Merci".
Merci - 1985
Musiciens : Christian Vander, Guy Khalifa, Michel Graillier, Benoît Widemann, Stella Vander, Marc Eliard, Simon Goubert, Jean Pierre Fouquey, François Laizeau et une section de cuivres.Changement ? Révolution oui ! Titres en anglais, chant en anglais, ambiance Rhythm'n'Blues et surtout départ de Klaus Blasquiz remplacé au chant par Christian Vander himself. II ne s'agit pas à proprement parler d'un "mauvais" disque, non. Simplement, ce n'est pas du Magma. L'hommage à Otis Redding est très beau, vibrant et pénétré, mais ne ressemble en rien aux précédents titres du groupe. Si cet album était sorti sous le nom d'Offering, cela aurait été parfait. Mais là y'a comme une erreur... Mention toute particulière au titre "eliphas levi", simple et émouvant comme "dondaï" sur "Attahk".5
Mythes et légendes - Kompila
Grâce à son label 7th Records, Magma a poursuivi le pressage en CD de nombreuses bonnes choses. Les compilations "Mythes et légendes" et "Kompila" sont d'excellentes introductions à l'univers du groupe. Des concerts inédits de toutes époques ont vu le jour : Bobino 81, Londres BBC 74, Douarnenez 1992 "les voix", Toulouse 1975, Reims Opera 1976, Bruxelles 71 et le triple CD "Theusz Hamtaahk" issu de la tournée des 30 ans d'existence. Il est clair que pour le fan tous ces lives sont intéressants voire incontournables. Le concert de 1976 qui contient enfin un chorus de batterie (accompagné à la voix) dans son intégralité et dans toute sa perfection est absolument extraordinaire. Une grande leçon de musique et de puissance !
Voilà un rapide tour d'horizon de la discographie chronologique et officielle de Magma. Mais il en reste... Plein ! La place nous manque hélas dans Koid'9 pour en faire état (il faut bien aussi évoquer le reste du Rock & du Prog), mais vous pouvez retrouver la discographie complète de Magma sur le site de Koid'9 (http://koid9.fanzine.free.fr) et sur www.amarokprog.net.
Petit lexique de Kobaïen
Kobaïen > Français
dewa > arbre
etnah > hérédité
glao > sang
hamtaï > saluer
hamtaahk > haine
hell, hel > vie
itah > terre
kobaia > éternel
Kreuhn Kohrmahn > L'Être Suprême
lihns > pluie
sowilei > débile
stoah > nostalgie
theusz > temps
undazir > vision
wurdah > mort
zain > cerveau
zeuhl > musique céleste
zunh > sonMême si Christian Vander parle d'entrer en musique comme on entre en religion, Magma n'a enfanté ni d'une secte ni d'une nouvelle église, mais incontestablement d'un nouveau courant musical appellé "zeuhl" (musique céleste en kobaïen). D'autres appellent aussi ce courant "Nouvelle Musique Européenne".
Outre d'anciens musiciens de Magma comme Bernard Paganotti sous son nom ou celui de Weidorje, Yochk'o Seffer et François "Faton" Cahen, avec ou sans Zao, Benoît Widemann etc... qui ont apporté leur pierre à l'édifice, de nouvelles formations ont entretenu ou entretiennent encore la flamme. Citons pêle-mêle Troll, Xalph, Eskaton, Shub Niggurath, Eider Stellaire, Pataphonie, Pseu, Lydia Domancich et son album "Chambre 13" (sur lequel on retrouve Stella Vander). N'oublions pas la nouvelle vague italienne avec Runaway Totem, Universal Totem Orchestra, les japonais Djamra, Gestalt, Happy Family, les finlandais d'Hoyry Kone ou d'autres français comme Potemkine ou Jean-Paul Prat et bien d'autres encore de par le monde, preuve que la "Nouvelle Musique Européenne" a essaimé et fleurit pour les générations à venir.
En 1981, on a demandé à Christian Vander s'il avait connu personnellement John Coltrane. Voici ce que fut sa réponse : "Non, j'ai connu tout le monde : Elvin, Garrison, Mc Coy Tyner, mais pas Coltrane. Un soir, après un concert, ils sont tous allés à l'Apollo faire le boeuf. J'étais assis tout à côté de lui, il les regardait, il les surveillait comme ses enfants, il ne bougeait pas, il ne disait pas un mot. On m'a raconté alors qu'il avait pris un chorus de deux heures et demie sur "Impressions" et qu'à la fin, tous les vaisseaux de son visage avaient éclaté, qu'il saignait du nez et de la bouche en continuant de jouer. Là, il ne parlait plus de musique, il parlait d'autre chose. Puis il s'est arrêté, est parti dans sa loge, à l'arrière, et a recommencé à jouer. Avec Magma, on veut en arriver là ..."Pour conclure ce dossier, les auteurs voudraient remercier ici Christian Vander pour sa gentillesse, sa disponibilité et le temps qui/ nous a consacré. Mais nous lui sommes surtout tous reconnaissants pour la Musique qu'il nous offre. Merci Christian. En espérant ne pas avoir par trop trahi ta pensée. À bientôt. Que la Foi soit avec toi...
Un dossier préparé par Bruno Cassan, Benoît Herr et Dominique Reviron
Photos Serge Llorente (www.progpix.com)KOID'9 n° 49 - Avril 2004
Zeuhl Merci : Benoît HERR, Serge Llorente et toute l'équipe de KOID'9BONUS : téléchargez l'article de KOID'9 au format PDF (669 Ko) - Cliquez ICI