CONCERTS. Magma vient de publier son premier disque studio depuis vingt ans. Le groupe propose trois soirées à Bordeaux, de lundi à mercredi. L'occasion de (re)découvrir une musique incomparable
La seconde jeunesse de Magma
Le retour en vogue de Mag-ma en pleine déconfiture
du marché du disque et sous dictature «culturelle» des
télés à cela de réjouissant que peu de groupes
ont su maintenir trente-cinq ans durant une attitude aussi farouchement anti-commerciale
et une démarche créatrice à ce point exigeante. Mais
à quel prix ! L'épuisement et l'humiliation ont souvent accompagné
le cheminement de ce groupe à part. « Les gens ont besoin de
ce genre de musique », peut se réjouir aujourd'hui, Christian
Vander, l'âme de Magma. « Des gens pas formatés. Au-près
des médias, avec nos morceaux de 45 minutes, on n'est pas dans le coup,
c'est sûr. Mais nous avons maintenant un public très jeune, très
ouvert, certainement en quête de quelque chose qu'il semble trouver
chez Magma. Il lui a fallu défricher pour découvrir cette musique-là,
ce n'était pas évident. »
Le groupe vient de publier son premier disque studio depuis vingt ans (1).
« Ça m'a fait du bien de savoir que ce disque a été
très bien accueilli, alors que d'autres sont sortis dans un silence
terrifiant. Qu'il ait pour origine une composition inédite datant des
années 1970 montre que notre musique n'a pas pris une ride.»
Christian Vander. "Les concerts sont une véritable épreuve
physique où il faut tout donner "
comme cet été à Marciac - Photo VIALA
Pas pour faire rêver. Jamais
dans le sens où souffle le vent: quand Magma est apparu, en 1969, le
mouvement peace and love prenait sa vitesse de croisière, chemises
à fleurs et musique planante. Christian Vander et sa bande se présentaient
tout en noir pour jouer dans la pénombre des airs terrifiants menés
par une rythmique martiale. Vander résume: « On ne voulait pas
que le public s'intéresse aux chaussettes jaunes du bassiste mais se
concentre sur la musique. Je ne compose pas pour faire rêver les gens,
ça non ; au contraire je veux les amener au plus profond d'eux même.
» II affirme créer une musique classique européenne d'aujourd'hui
»: Schématiquement, il s'agit de la rencontre d'Otis Redding
et de Richard Wagner sous les auspices de saint John Coltarane; soit une «chose
musicale » inconcevable pour le commun des mortels et que les Anglais
rois de la formule nomment gypsy metal ou electric Bartok. Christian Vander
a construit cette cathédrale sonore à force d'obstination et
d'illuminations. « Je compose, en chantant au piano. La musique naît
toute seule, je dois juste 1a suivre et les paroles (2) viennent avec. »
« Les Voix de Magma », le premier concert de la trilogie que le
groupe propose de lundi à mercredi, restituera avec un piano et cinq
voix tout 1e merveilleux de cette musique lyrique. Le lendemain, avec «
la Rythmique de Magma », place à la pulsation tellurique autour
de la phénoménale batterie de Christian Vander.
En final, le nonette livrera mercredi toute la puissance gothique de sa musique,
du pianissimo d'une voix solo au fortissimo de tout l'orchestre à fond.
Trois concerts Les Voix de Magma (lundi 31), la Rythmique de Magma (mardi 1er février) à 21 heures au Satin Doll (18 rue Bourbon à Bordeaux}, 28 et 18 euros. Magma, mercredi 2, à 21 heures à la Rock School Barbey, 25 et. 22 euros. 05.56.94.43.43.
(1) « Köhntarkösz Anteria » chez Seventh Records/Night
and Day
(2) Autre singularité de Magma, le groupe chante en kobaïen, une
langue inventée faite d'onomatopées
SUD OUEST – 25 Janvier 2005
Issèhndolüß Akhazhïr