LIVE EXPERIENCE

MAGMA
Paris (Olympia) - 27 Janvier 2005

Magma revit ! Magma renait ! ...
Grâce au succès objectif de son dernier opus, K.A. Et grâce à la couverture médiatique la plus large que le groupe aie jamais connue depuis 35 ans. Tout cela pour le plus grand bonheur des fans, venus à 2500 ce 27 janvier à l'Olympia. « C'est comme il y a 25 ans » a dit à un moment Stella Vander. « Merci à tous d'avoir bravé le froid et la neige pour venir. Merci » (faisant référence à leur passage dans la même salle en juin 1980)... Et, une fois n'est pas coutume, Christian Vander a paru heureux. Je veux dire vraiment heureux, au moment où Klaus Blasquiz, venu en vedette américaine chanter sur « Kobaïa », le premier rappel, a présenté les membres du groupe en terminant par Zebehn Strain de Geustaah (nom Kobaïen de Christian Vander). Il faut dire qu'il y avait de quoi être heureux : en introduction nous avons eu droit à la grande reconstitution inédite de « Emëhntët-Rë » (cf. interview parue dans Crossroad #28) avec une intro (présente sur le Live) suivie de « Hhaï », de « Zombie » puis des trois mouvement dont le second figure sur la réédition de l'album Üdü Wüdü. Trente quatre minutes au total pour cette fresque reconstituée et manifestement pas terminée, qui ressemble pour l'heure encore plus à un pot-pourri qu'à une oeuvre véritablement cohérente. Mais on sent que le groupe y a travaillé, y travaille encore et a une volonté farouche d'en faire quelque chose du même niveau que K.A. Moment privilégié que la découverte de sa version embryonnaire. Il va être très intéressant de suivre l'évolution de ce morceau dans les mois qui viennent. Sans doute qu'au Triton en mai/juin il aura considérablement mûri grâce à ces musiciens hors pair et au top niveau qui constituent le groupe depuis plus de sept ans maintenant, ce qui en fait le line up le plus stable de toute la longue existence de Magma. Bien rangée et ouverte, comme offerte au public, la salle accueillait neuf musiciens tout de noir vêtus comme à l'habitude, dont deux claviers (l'incontournable Emmanuel Borghi pour l'état civil, lüsz dëh Dzeuhr Ëmëhnëtt pour les Kobaïens et Frédéric d'Oelnitz ou Loï Dëwëhiünn), James Mac Gaw (Staïïss Ësslëhnt) à la guitare, Philippe Bussonnet (Gëhnohr Dügohnnà à la basse et les voix de Stella Vander (Tauhd Zaïa) Isabelle Feuillebois (Enör Zanhka), Himiko (Okita Sgëhmka) et Antoine Paganotti (Wöss Këmkah) et bien sûr Zebehn Strain de Geustaah. Après avoir démarré très fort sur ce « Emëhntëht-Rë » qui est resté l'attraction de la soirée, les Kobaïens ont enchaîné sur « Sowiloi » et « KMX », un morceau dont la seule trace enregistrée se trouve sur l'album inédits. Puis, comment ne pas faire la part belle à la vedette du moment : « K.A » est venu égrener les plus de 50 minutes de ses trois mouvements dans une version magistrale et absolument splendide, d'une profondeur et d'une puissance inouïes, il est alors déjà plus de 23 heures (le temps passe vite en compagnie des Kobaïens). Mai c'est là que Klaus Blasquiz (alias Klötsz Zaspiaahk. Chanteur historique des premières heures de Magma) a fait son apparition, en jeans et blouson de cuir ouvert, jurant un peu avec les autres artistes présents sur scène, pour attaquer « Kobaïa », titre tiré du premier album, de 1969. Mais alors sa voix, bien que moins puissante, demeure à peu près préservée, ce sont surtout ses mimiques et ses attitudes qui collaient mal avec l'ambiance générale. Pourquoi faire le clown en tapant dans les mains ? Sans doute parce que le gaillard anime aujourd'hui une école de samba ! Malgré l'heure tardive, la direction de l'Olympia, dans son infinie bonté (!?), consent à laisser Christian jouer un morceau supplémentaire, ce sera la très belle et émouvante ballade, avec Christian Vander au chant, qui avait déjà servi de conclusion aux concerts du Triton en 2004.
Ce succès indiscutable, comme ceux du Splendid de Lille et des autres récentes prestations scéniques du groupe va doper les musiciens qui répètent en ce moment un répertoire gigantesque, couvrant l'ensemble de la carrière de Magma, pour les quatre fois une semaine (une semaine par période) de concerts du mois de mai/juin au Triton.
Et tout cela sans compter qu'entre la sortie de K.A et la tournée actuelle, Christian a trouvé la ressource de remonter Alien sous la forme d'un quintet (CV + Emmanuel Borghi + Philippe Bussonnet + James Mac Gaw qui ont été rejoints par Benoît Widemann, autre musicien historique de Magma) pour une série de concerts intimistes au Sunset entre Noël et Nouvel An. Pour l'anecdote, un incendie sans gravité les a forcés à annuler le second set du 28 décembre ainsi que le concert prévu le lendemain. Ils revisitaient à cette occasiion un très large répertoire de jazz et jazz/fusion. Ah, depuis le temps que je me demandais comment Christian jouerait le superbe « Stratus » de Billy Cobham ... Et bien maintenant je sais : à la perfection. Vraiment la grande forme les Kobaïens !

Texte : Benoît Herr - Photo : Frédéric Loridant
Source : Crossroads n° 30 - Mars 2005

Zeuhl Merci : Benoît Herr - Fabrice Journo

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