En Quelques dates…
1969 : A l'heure du "peace and love", deux ans, après la mort de John Coltrane, naît Magrna, à l'initiative de son batteur Christian Vander, fasciné par le jazzman.
1970 : Premier album du groupe, au titre éponyme. Entre jazz rock et musique expérimentale, sur des paroles écrites dans une langue inventée, Magma se lance sur les routes de France.
1973: Sortie de "Mekanik Kommandoh" avec Jannick Top à la basse . Une œuvre qui donnera le ton de la nouvelle formule Magma, et qui restera l'une des pièces maîtresses du groupe. Paradoxalement, elle est le troisième mouvement d'une trilogie dont les deux premiers opus ne sont pas encore couchés sur vinyl à l'époque
1974: Sortie de Kohntarkösz" toujours avec Jannick Top. Deuxième opus d'une nouvelle trilogie dont le premier volet ne sortira qu'en 2004.
1977: Sortie d'"Attahk". Le groupe considéré comme acquis à un public élitiste tente de rattraper le grand public "Attahk" se différencie des précédents albums par des morceaux public courts et plus facile d'accès.
2004: Christian Vander repart en studio avec Magma. De jeunes musiciens ont pris la relève. Le groupe enregistre "Ka" et signe son retour sur la scène musicale française et internationale.
2005: Début des sorties des DVD consacrés aux 35 ans du groupe enre-gistrés au Triton, à Paris, la même année.
2007: Retour en studio pour l'enregistrement d'"Ëmëhntëht-Rê" qui bouclera la boucle de la deuxième trilogie de Christian Vander.
Magma : Le Volcan n'est pas prêt de s'endormirLe groupe du batteur haut-marnais Christian Vander vient de sortir un troisième DVD retraçant les concerts anniversaires donnés en 2005 à Paris. Une publication incontournable qui annonce ses deux concerts au Nancy Jazz Pulsations cette semaine.
Christian Vander a beau aimer la Haute-Marne, y avoir grandi et y habiter encore aujourd'hui, cela ne l'empêche pas de quitter régulièrement le département pour faire de la scène. Bien au contraire, et même plus que jamais. Ces dernières années, le groupe du batteur multiplie les apparitions scéniques, notamment pour consolider, devant son public, sa nouvelle composition ("Ëmëhntëht-Rê" ) actuellement en enregistrement studio.
Le volcan Magma est toujours en éruption. En concert à Oslo ces derniers jours, il sera les 9 et 10 octobre au Nancy jazz Pulsations, pour deux concerts évènernent. Deux soirées rétrospectives qui permettront aux spectateurs de se replonger dans l'histoire du groupe. Au cours de chacune de ces deux soirées, le groupe accueillera un invité spécial. D'abord, le bassiste monument Jannick Top (connu également pour sa collaboration avec Michel Jonasz, Michel Berger, Céline Dion, Johnny Hallyday, Michel Portal et bien d'autres) qui secoua un temps l'artillerie rythmique de la formation.
Puis, le lendemain, le pianiste Benoît Widemann, dont on retrouve les notes sur quelques-uns des plus beaux passages que le groupe ait pu enregistrer en live au cours de sa carrière (en particulier le dyptique "Retrospectiw"). Ces soirées rétrospectives font écho aux DVD sortis depuis un peu plus d'un an dans le commerce, enregistrés au Triton en 2005 pour les 35 ans du groupe. Le troisième opus vient de sortir cet été. Et l'on y retrouve justement Benoît Widernann (après Jannick Top dans le deuxième volume). Un petit bijou d'enregistrement sonore et visuel qui permet de se rendre compte que, comme le bon vin Magma se bonifie avec le temps.Outre la fabuleuse reprise de "Köhntarkösz", morceau charnière dans l'évolution musicale de la formation, ce dernier DVD est surtout l'occasion de découvrir, pour la première fois en version enregistrée, la prochaine création de Magma, "Ëmëhntëht--Rê" dont l'album devrait sortir dans les prochains mois. Dans cette version 2005, le mouvement (le troisième d'une trilogie) n'est pas encore complet. 1l manque notamment le final que les spectateurs de Nancy pourront certainement découvrir cette semaine.
A noter également, l'exécution ébouriffante de "The Last Seven Minutes" en fin de concert. Un titre que l'on retrouve en bonus, avec, cette fois, la caméra fixée sur le jeu de Vander tout au long du morceau. Une belle idée.Un quatrième DVD doit terminer cette série des "Mythes et légendes" (c'est le titre de ces publications) avant la fin de l'année.
Textes et Photos : Frédéric Thore
![]()
Christian Vander remet les pendules à l'heure
Avec l'enregistrement de son nouvel album, "Ëmëhntëht--Rê", Christian Vander, batteur et fondateur du groupe Magma termine de remettre en ordre ses compositions. Une œuvre magistrale qui ouvre de nouveaux champs d'exploration au groupe.
Le Journal de la Haute-Marne : Vous êtes actuellement en phase d'enregistrement de votre prochain album, "Ëmëhntëht--Rê". Ce morceau, c'est un peu l'Arlésienne de Magma, non ?
Christian Vander : C'est la même histoire que "Ka" (le précédent album, sorti fin 2004 Ndlr) . C'est un projet qui a failli ne jamais aboutir. A nouveau on a ressorti les bandes des cartons. II a fallu retrouver l'ordre du morceau dont plusieurs parties ont été enregistrées séparément sur différents disques. Ça n'a pas été facile. D'autant qu'avec le temps. les bandes s'abîment et ont tendance à se coller. Et je n'ai pas de parties écrites de mes morceaux. Ce qui n'est pas un mal, sinon, on a tendance à avoir du mal à s'en défaire. Moi, j'ai tout dans la tète. C'est un morceau que j'ai composé il y a longtemps, en 75-76, mais on y est arrivés. Maintenant, on va pouvoir l'entendre dans sa continuité, tel qu'il a été composé. Même pour moi c'est agréable. C'est presque déphasant.JHM : Pourquoi ne pas l'avoir enregistré à l'époque ?
C.V. C'était la même tentation que pour "Mekanik''". La même erreur : monter ce qui est le plus facile à monter en premier, et céder à l'envie de passer à autre chose en laissant de côté ce qui avait déjà été composé. C'est pour cela que " Köhntarkösz " qui est la suite logique de "Ka" a pourtant été enregistré avant, en 1974.JHM : ""Ëmëhntëht-Rê" est un album où vous chantez beaucoup. Difficile pour un batteur ?
C.V. : Au début, oui. J'étais plus dans le rythme que dans la note. Maintenant c'est différent. Dans l'enregistrement studio J'ai même plus de passages chantés que sur scène. Je peux me le permettre, alors qu'en concert, en jouant de la batterie, je ne pourrais pas le réaliser, ou alors au détriment de la voix. La batterie nécessite une certaine tension et le chant un certain relâchement, ce n'est pas toujours compatible.JNM : Magma est-il avant tout un groupe de scène ?
C.V : Les meilleures choses s'effectuent quand on est tous ensemble. C'est là qu'on se sent bien, qu'il y a une "pâte" qui lie le tout. C'est le cas en concert. En studio, instrument par instrument, on n'a pas ce phénomène, c'est plus difficile. En revanche, le studio me permet d'améliorer l'orchestration, de rendre certains passages plus larges. On peut se permettre d'avoir seize voix en même temps, même s'il ne faut pas en abuser.«Les meilleures choses s'effectuent quand on est tous ensemble.»
JHM : Vous êtes du genre perfectionniste pendant les enregistrements ?
C.V. : Je ne sais pas si je suis perfectionniste. S'il faut refaire une prise, il faut la refaire. Mais on ne fait que deux ou trois prises maximum à la suite Après, si ça ne va toujours pas, on passe à autre chose et on y revient plus tard. Sinon, on se bloque sur l'accroc. Si on fait un disque et que quinze jours après qu'il soit sorti, on entend des erreurs, c'est dramatique. L'idée, c'est de sortir de studio et de se dire qu'on ne peut pas faire mieux.JHM : Vous retrouvez Jannick Top à Nancy, deux ans après le Triton à Paris. C'est un musicien qui compte pour Magma ?
C.V. : Jannick, c'est inexplicable: quand il est â côté de moi, c'est presque terrifiant, c'est de la matière. Après l'un des concerts au Triton, à Paris, en 2005, quelqu'un est venu me voir et m'a dit : "Ce n'était plus de la musique". J'étais heureux d'entendre ça. Parce c'est ça que je cherche. On ne joue plus le temps. On joue la matière. Comme si je jouais à l'intérieur de la basse. C'est une vibration creuse dans laquelle il faut entrer.JHM : Vous reste-t-il encore des compositions àenregistrer en studio issues des débuts de Magma ?
C.V : II reste encore un morceau ancien qui s'appelle "Zess". Mais il ne sera pas enregistré tout de suite. II peut être travaillé dans le temps, parce que justement il n'a pas de temps, il est insituable. Je voulais d'abord enregistrer les autres pour que l'on puisse comprendre où on en est aujourd'hui. Maintenant, on va pouvoir passer aux nouvelles choses. A la suite de l'histoire Magma
Le Journal de la Haute-Marne - Le Magazine du Dimanche - 7 Octobre 2007
Zïha Frédéric Thore
Clic pour agrandir les pages