LE SON DE CHRISTIAN VANDER

Cela fait quatre décennies que le public français voue une véritable passion à Magma. Le groupe a opéré, ces dernières années, un retour fulgurant avec l'album Köhntarkösz Anteria. Aux commandes de ce collectif sombre à la musique toujours aussi envoûtante, le super original Christian Vander. Celui-ci nous a aidé, en personne, à réaliser cet article qui vous apprend tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'univers battéristique de ce fou de drumming.


SON JEU
Techniquement, Christian privilégie l'utilisation des frisés. Le traditionnel «papa/maman» lui semblant trop limité, il a donc développé de nouveaux doigtés, alternant des séries de trois, quatre, cinq ou six coups consécutifs avec chaque main. Son vocabulaire rythmique a plusieurs origines: la musique de John Coltrane (son batteur, Elvin Jones, est son mentor), d'une part, mais aussi celle du compositeur Igor Stravinsky. Lorsqu'il était enfant, les accents tribaux du Sacre du printemps le mettaient en transe. Pour lui, il ne faut pas scander tous les accents des rythmes, au risque d'asphyxier le groove. II faut, plutôt, les suggérer. D'ailleurs, chez lui, quelle que soit la puissance du jeu, on doit remplir l'espace pour donner une bonne pulse, et éviter les blancs entre les notes. Beaucoup de ses compositions utilisent des mesures composées, mais de son côté, il les envisage comme de simples métriques en deux temps. Le meilleur exemple est, probablement, sa façon d'interpréter Mekanik destruktiw kommandoh. La musique doit fluctuer en fonction du mouvement naturel du morceau, et de ce que l'on ressent avec les autres musiciens. Et, il faut impérativement y mettre ses tripes. Les maîtres-mots du chef de la Zeuhl (style de musique inventé par Christian) sont «tension» et «passion».



SON MATERIEL
Le nom de Christian Vander est indissociable de Gretsch. Le distributeur de la marque en France, la Boîte Noire du Musicien, lui a rendu hommage en lui concoctant un kit ressemblant à celui de Tony Williams. Différent de ses batteries Gretsch vintage des 70's, il est représenté par une grosse-caisse de 16", et non de 14". Mais, ce n'est pas tout, le tom de 12" est plus profond, avec un pouce supplémentaire (ce qui fait 9"). Christian aime avoir trois toms basses (14",16",18"), même s'il avoue ne presque pas utiliser le 18". La caisse claire est une 14"x5,5". Concernant les cymbales, c'est du 100% Zildjian, et surtout la série K. La taille lui importe peu, pourvu que le son le séduise. Dans son set actuel, on retrouve deux 22" l'une au-dessus de l'autre sur sa gauche, et sur la droite, une 20" et une 18". Toutes sont des rides. Encore plus à droite, il y a une Dark Crash turque au son sale et grave qu'il adore. En guise de charley, le batteur préfère utiliser deux plateaux de 15" (bottom) et 14"' (top). Pourquoi? tout simplement parce qu'il trouve que lorsque les deux cymbales font la même dimension, le «chick» de fermeture est aigrelet. Cette combinaison lui permet d'avoir de la puissance dans les graves et des médiums très doux et pas trop projetés. Toutes les pédales de Christian sont des DW de la série 5000. La pédale de grosse-caisse n'a qu'une seule potence. Dernier détail: ses stands de cymbales sont lestés à l'aide d'énormes poids en fonte, ce qui leur évitent de vaciller et de tomber sous les assauts de sa frappe colossale.


L'ACCORDAGE
Le batteur de Magma n'aime pas accorder sa batterie en tenant compte de la note tonale de ses fûts. II sait que cette méthode est efficace, mais sa vision de l'instrument va au-delà de l'aspect percussif. Chaque tom est accordé en fonction du thème musical, ce qui veut dire que pendant les concerts, il change plusieurs fois son tuning. Ainsi, il peut réellement soutenir les solos des autres musiciens. Petite précision concernant la grosse-caisse: il aime avoir un son court et un impact puissant. C'est pour cette raison, entre autres, qu'il n'aime pas les battes modernes, et préfère les modèles en feutre, un peu usés.

SA DISPOSITION
Christian pense que son kit est installé de façon classique. II est vrai que ses toms sont positionnés pour être joués avec toutes les techniques possibles: shot, rimshot, stick, fla... Sa caisse claire, quant à elle, est penchée vers son genou droit, car Christian joue très souvent en prise classique. Cette position lui permet d'avoir une bonne qualité de frappe, et une grande finesse d'attaque. Les cymbales sont très penchées, afin d'obtenir de la puissance avec des mouvements réduits, car le rebond est naturel et la baguette revient, facilement, ou point d'amorçage. Le pied droit est, toujours, en contact avec la pédale, qu'il joue en pointe, ainsi, son contrôle sur la grosse-caisse est maximal. Pour le charley, c'est pareil: il utilise tous les muscles du mollet et le poinds de sa jambe, pour jouir d'un "cha" bien curpulent.

MICRO
Christian n'est pas très porté sur la technique du son. Le Shure SM 58 est un micro simple qui lui convient pour les utilisations de caisses claires et de toms. Pour la grosse-caisse il apprécie la restitution qu'offre le BeyerDynamic S88, doté d'une petite capsule, mais dont la bande passante est très large. Au niveau du charley et des ambiances, c'est du Neumann à tous les étages.

Ludovic Egraz et Fabien Sourceau
Batterie Magazine N° 43 – Février 2008


Issèhndolüß Akhazhïr

 


[retour liste des interviews]