Ambiance masculine et plutôt âgée, mais avec quelques têtes connues telles Jessie Chaton le chanteur de Fancy ou Philippe Uminski, sans oublier Philippe Manœuvre, un fan de longue date venu prendre la température.Il est vrai que malgré une carrière hors des circuits traditionnels, Magma a toujours suscité la curiosité, voire le profond respect, des mélomanes. L’idée ? Porter le deuil de John Coltrane et lui rendre hommage à travers un jazz extatique, traversé de fulgurantes visions post-modernes, qui nous emmènerait vers une autre planète, Kobaïa, où chacun peut vivre comme il l’entend loin de la connerie des hommes.
Le médium ? Une transe rythmique ascensionnelle ponctuée de chants ésotériques car incompréhensibles pour les non-initiés, le fameux kobaïen. Ce qui se traduit par un mélange de free jazz, d’Igor Stravinski, d’opéra et de rock dit d’avant-garde entre Soft Machine et Frank Zappa.
En 40 ans, le groupe aura connu changements et variations de tempo. Le seul membre originel restant est son géniteur, Christian Vander, batteur de génie et grand chanteur. A ses côtés ont officié d’autres musiciens touchés par la grâce tels Claude Engel, Didier Lockwood ou Bernard Paganotti.
Ce soir, pour un rappel, Jannick Top et Klaus Blasquiz sont de la fête. Ayant d’abord assuré la première partie sous l’appellation Infernal Machina, ils se sont volontiers joints au groupe pour un excitant happening. Sans doute l’un des meilleurs moments du concert, loin des envolés démonstratives du reste de la soirée. Car si Magma est d’abord une sensation, une transe qui s’emporte pour nous délivrer du mal, ce soir, nous eûmes surtout droit à des solos exécutés à tour de rôle, à un rock qui flirtait plus avec le jazz que le free.
Qui plus est, préciseront les fans nostalgiques, il n’y a pas eu de reprises des classiques (Kobaïa, Mekanïk Destruktïw Kommandöh), juste un extrait de Hhaï mais sans la folie furieuse de l’époque (le cri janovien…), et un Rindë extrait de Attahk, là aussi en demi-teinte.
En fait, si l’on entre en Magma comme dans les ordres, il est facile de s’accoutumer à tous ces nouveaux morceaux, tant ils correspondent à la volonté qui anime la troupe depuis le début : surprendre et s’ouvrir l’esprit à quelque chose de neuf et de différent. Les liens avec le monde extérieur doivent être définitivement rompus. Le chef nous avait prévenu : il a en tête Emehnteht-Rê, la suite inachevée de l'album Kohntarkosz (1974), dont la sortie est toujours repoussée. Ces concerts, pardon ces messes, ne sont que des rites initiatiques pour frôler le sublime…
Sur scène il y avait donc, outre Christian Vander à la batterie et au chant, Stella Vander (celle-là même qui a eu une géniale carrière de trouble-fête au milieu des années 60 sous la seule identité de Stella -ndr), Isabelle Feuillebois et Hervé Aknin au chant, Bruno Ruder au clavier, Benoît Alziary au vibraphone, James MacGaw à la guitare et Philippe Bussonnet à la basse. Et le moment le plus mémorable fut bien évidemment la réunion de LA section rythmique, Jannick et Christian, pour un trop court rappel. Le monstre s’est réveillé, faisant ressurgir le passé. On aurait seulement préféré que cela dure un peu plus longtemps.
http://musique.sfr.fr/mag/article/live-report/magma-quarante-ans-de-fusion
3 Mars 2009 - Christian Eudeline
Zïha Bernard "Wurd" Hadjadj pour le lien