Intervenant bibiolthèque :
Bonjour,
On a choisi de vous parler de Magma aujourd’hui. Déjà parce que c’est le quarantième anniversaire de la formation du groupe, enfin, c’est l’année Magma. Et puis aussi parce qu’il y a trois ou quatre concerts Parisiens. Il y en a un aujourd’hui, un hier, un avant-hier, et puis je me demande même s’il n’y en a pas un demain. Et donc pour vous parler de Magma, on a invité Philippe Thieyre, que vous connaissez sans doute, qui est journliste à Rock’n folk.Philippe Thieyre :
J’ai la rubrique rock à Rock’n folk. J’ai interviewé donc Vander, pour Rock’n folk, Blasquiz aussi, Klaus Blasquiz.Intervenant bibiolthèque :
Et donc moi j’ai simplement la délicate mission de passer des disques. Donc voilà. C'est quand tu veux…Philippe Thieyre :
-Voilà, Magma, je pense que si vous êtes là c’est que vous connaissez un petit peu. Mais on va faire un petit récapitulatif quand même, un peu, de la carrière de Magma et surtout comment s’est formé Magma. Ce qui est important je trouve c’est aussi de savoir quelle était la situation du rock français. Ça s’est formé en 69, Magma. Le premier disque en 70. Et comment était le rock français en 68-70 ? Bah, y’avait d’une part beaucoup de copies des anglo-américains. Ça sortait vraiment. Il y avait tout le mouvement psyché qui n’a pas tellement touché la France, et y’avait le yéyé aussi, la fin du yéyé. Donc beaucoup d’adaptations de morceaux Américains, sans trop d’originalité, en Français. Et ce qui se passait, c’est que avant, il y a eu des groupes, mais il n’y avait pas vraiment une scène authentique et typiquement Française qui pouvait se définir et faire dire : bon bah voilà, c’est ça le rock Français. Et à partir de 68, c’est pas tout de suite en 68, mais surtout les retombées de 68, font qu’en 69, il y a plein de groupes qui surgissent. Comme par exemple “Red Noise” de Patrick Vian, “Barricades”, enfin plein de gens. Et donc il y a un mouvement quand même qui se passe, on sent qu’il y a création d’un mouvement en France, d’un mouvement vraiment rock qui ne se contente pas de copier les Anglais. Et en même temps, comme il y a vraiment une déferlante d’Angleterre et des Etats-Unis, les musiciens Français, les gros musiciens Français, se retrouvent pour l’instant, avant cette déferlante, dans les groupes d’accompagnement. Entre autre de Johnny Hallyday et de Claude François.Johnny Hallyday et Claude François, ce n’est pas tout à fait un hasard puisque certains musiciens de Magma ont déjà commencé leur carrière avec Claude François, ce qui fait un peu bizarre, ou Johnny Hallyday en ce qui concerne les cuivres. Et là, donc en 69, c’est vraiment l’émergence d’une scène underground Française, qu’on a appelée “underground”, c’est-à-dire qui ne copie pas, qui n’est pas l’yéyé. Et dont le but n’est pas de faire des 45 tours, d’arriver au hit-parade, mais de jouer une musique et de jouer leur musique. “Moving Gelatine Plates” aussi, par exemple. Et puis aussi il y a un groupe qui va s’installer en France, le groupe de David Ællen “Gong”, et il va être assez important, et important dans la carrière de Magma. Parce que Magma et Gong ils vont ouvrir un nouveau circuit. Parce que si on veut jouer une musique un peu différente et quand on va faire – on va y revenir – mais la tournée des Casinos et la tournée des plages en été. Chrisitan Vander a dit qu’avec le groupe précédent Magma, quand ils essayaient de faire quelque chose d’un petit peu différent à base de cris, ça passait moyennement en plein été dans le casino, par exemple du Nord ou du Sud, un peu partout, de la côte d’opale dans le Nord. Et donc, ce n’est pas vraiment des endroits appropriés pour écouter autre chose. Vous m’entendez d’ailleurs sans micro ?
Le public :
-Oui.Philippe Thieyre :
-On va peut-être faire sans micro. Et en fait, c’était un peu difficile pour passer autre chose que les standrards de l’époque. Donc déjà il y a un circuit qui est fermé. Il reste le circuit des clubs, sur le modèle des clubs de jazz. Et puis Gong et Magma vont créer un nouveau circuit, c’est pour ça aussi que c’est très important, sous l’impulsion de Giorgio Gomelsky. Qui est un escroc en gros, Anglais, mais qui a lancé les Yardbirds, les Rolling Stones avant, qui s’est fait escoquer sur les Rolling Stones. Donc après qui a repris les Yardbirds, qui a crée un label, qui est parti avec la caisse, qui a crée des festivals. Mais comme le dit Christian Vander, c’est un escroc finalement qu’on aimait bien, qui était assez rigolo et qui a fait quand même avancer les choses. Entre autre, en créant le circuit des MJC. Les MJC c’était les Maisons des Jeunes et de la Culture, créées par Malraux et qui jusqu’à présent ne recevaient pas beaucoup de concerts. Et là, derrière Gong et Magma, bah les groupes vont pouvoir jouer au moins au début des années 70. Ils vont trouver des espaces où on les recevait. Où ils n’étaient pas obligés de jouer soit des standards comme dans une boîte de nuit, soit une musique jazz, ou une musique très cernée, on va dire. Et là, ils vont pouvoir jouer, s’exprimer comme ils veulent. C’est-à-dire, qu’ils jouent devant dix personnes ou devant cinq cent personnes, ils peuvent exprimer leur musique et faire ce qu’ils veulent. Et ça, c’est extrêmement important et ça va permettre vraiment le développement de la scène musicale underground en France, qui a une certaine importance. Il y a un très bon bouquin qui est sorti sur l’underground musical Français, chez “le mot et le reste” de Dominique Gimaud et Eric Deshayes, en début d’année ou à la fin de l’année dernière, et que je vous conseille de lire, parce que même s’il est classé thématiquement et que quelque fois on perd un peu la chronologie, malgré ce classement thématique, c’est extrêment intéressant. Ça recouvre un peu toutes les tendances de l’underground Français. Bon, ceci dit, les auteurs ne sont pas des fans de Magma. Mais ça n’empêche que ça vaut la peine de le lire. Et sinon, Magma, pour revenir à la création du groupe, c’est d’abord Christian Vander, ça c’est indéniable, qui est né en février 48 à Nogent. Ce n’est pas le fils de Maurice Vander, c’est le fils adoptif de Maurice Vander. Et sa mère qui s’appelle Irène, avait été plus ou moins danseuse dans des boîtes de Jazz. Et ce qui est intéressant à ce niveau là, c’est qu’elle va donc le soir dans les boîes de jazz et qu’est-ce qu’elle fait dès que son fils a cinq six ans ? Eh bah, elle l’amène. Ce qui fait que Vander a passé son enfance à écouter du jazz, dans les clubs avec sa mère. Elle a longtemps vécue avec Bobby Jaspar, un saxophoniste Belge dont le meilleur ami était Elvin Jones. Et c’est comme ça qu’il va se retrouver à regarder Elvin Jones avant que celui-ci ne joue avec Coltrane, Kenny Clarke. Et tout de suite il dit que… il apprend le piano, il sait jouer du piano assez vite… mais ce qui l’intéresse c’est vraiment la batterie. Les cymbales ça le fascine. Et il va rester à regarder comme ça ces musiciens de jazz. Et donc c’est ça sa vraie formation. Et puis l’autre formation, c’est simplement qu’il écoute tout ce qu’il peut entendre.
Bon, les clubs de jazz à l’époque c’était “le chat qui pêche” ou “le club Saint Germain”. Bon, “le chat qui pêche”, ceux qui connaissent Robert Wyatt, il a dédié sur “Cuckooland” un morceau au “Chat qui pêche” et en parlant de Juliette Gréco et de Miles Davis. Donc c’est dans le Paris des années cinquante pusqu’il est né en 48, cinq-six ans… voilà ça l’amène, 54, 55, jusqu’en 58, 59, il va fréquenter vraiment ces clubs de jazz. Et en 58 il a surtout l’occasion d’entendre Miles Davis et John Coltrane à Paris. Et là c’est vraiment un choc pour lui, et c’est là d’où vient son amour absolu de John Coltrane. Et en plus Elvin Jones qu’il admirait déjà comme batteur va jouer avec Coltrane. Et en même temps, il pense à un moment prendre des cours, Christian Vander, des cours de batterie. Et puis il se rend au conservatoire où un prof, voilà il rentre dans la classe d’un prof, mais déjà le prof râle parce qu’il est en retard, les cours sont déjà commencé. Et puis il voit comment jouent les élèves, il trouve ça trop raid, ça ne l’intéresse pas, et il décide d’apprendre par lui-même.
Donc il y a ce côté là chez Christian Vander, c’est vraiment un mec formé par le jazz et fasciné la batterie, et par les rythmes. Alors, les premières prestations bien-sûr, il va jouer das les clubs de jazz. Et très très jeune. Et en même temps, il écoute la musique qu’il y a autour de lui, il écoute aussi le rock, il écoute Stravinsky, il écoute Carl Orff. C’est évident à l’écoute sa musique. Il s’imprègne de tout ça. Et donc quand il va jouer, il ne va pas jouer strictement du jazz… ce qui fait d’ailleurs que les batteurs de jazz vont un peu se moquer de lui au départ. Ils disent : voilà le jeune, il est là, il vient casser ses baguettes sur nos peaux. Ils le laissent quand même jouer mais en se moquant vraiment, en disant : qu’est-ce qu’il fait ? C’est pas vraiment du jazz ! Et pendant ce temps-là, Vander il s’en fout lui il joue, il monte sur scène et il n’hésite pas à jouer. Et il s’imprègne de tout ce qu’il voit, vraiment. Il commence à jouer dans des petits groupes également. Il va faire également des accompagnements. Au milieu des années 60, il monte un groupe, il se retrouve dans un groupe yéyé, avec Paganotti à la basse qui s’appelait “Les Chinese” qui va devenir “Cruciferius Lobonz”. Ils ont fait un 45 tours paraît-il, que je n’ai jamais vu. Je ne sais pas si quelqu’un d’entre vous l’a déjà vu. Et ces “Chinese” qui deviennent les “Cruceferius Lobonz” vont devenir “Cruciferius” qui eux vont réaliser un album mais Christian Vander n’y est plus déjà.Parce que l’autre date importante pour lui, c’est juillet 67 c’est la mort de John Coltrane. Et quand il entend parler de la mort de Coltrane, il a 18-19 ans, et il se dit que la seule chose qui lui reste à faire, c’est mourir. Puisque Coltrane qui est pour moi le musicien suprême n’existe plus, je n’ai plus de raison d’être. Il déprime un peu. Après, il part en Italie, il joue dans différents groupes. Il joue toujours dans des groupes plutôt rythm’n blues en Italie. Et à un moment, au printemps 69, il a une espèce d’illumination mystique, quasi mystique. Disons que Vander il fonctionne aussi beaucoup comme ça. Quand on le voit en interview, c’est quelqu’un d’assez calme, il est très accueillant, très sympathique, mais il part après en disant qu’il a une espèce de prémonition. Il fonctionne un peu par prémonitions, par illuminations, par une impression qu’il est habité par des forces qui le dépassent un peu. Et c’est ce qu’il ressent au printemps 69 à Turin. Il jouait donc dans les groupes de rythm’n blues, il vivait en Italie depuis un moment. Et là, en marchant dans les rues de Turin, il a l’impression qu’il y a un appel de Coltrane qui lui dit : tu ne peux pas rester comme ça à te laisser aller, il faut que tu montes un groupe. Voilà, pour ça, il faut revenir en France, il faut monter un groupe et prolonger ma musique à travers la musique de ton groupe. Et à chaque fois, à chaque pas de la carrière de Vander, on va retrouver ça. On va retrouver un peu ce côté : voilà, ça m’est venu comme ça. Par exemple, c’est le cas du kobaïen. Le Kobaïen, c’est la langue qu’emploie Magma. En fait, ce n’est pas une langue qu’ils ont créé en se disant : je vais créer une langue pour pouvoir chanter.
Ce qui s’est passé, c’est que c’est né simplement dans une tournée sur la côte d’opale donc une fois qu’il est revenu en France. Il va jouer avec les membres d’un groupe qui s’appelle “Zorgones” qui ont enregistré un album qui n’est jamais sorti, il n’y a eu qu’un 45 tours. Dans “Zorgones” il y a Laurent Thibault à la basse, Zabu Zabuski au chant et Francis Moze aux claviers – non pas à la basse. Et Laurent Thibault est très ami avec Magma et pendant la tournée, justement, de la côte d’opale, où ils font les casinos, ça marche plus ou moins bien. Donc ils se retrouvent sur la plage. Et Vander emprunte une guitare et il se met à jouer comme ça sur la plage, il est accompagné de Laurent Thibault. Il fait deux-trois accords et avec ces accords, il sort des sons, mais il ne fait pas de phrases, pas de mots qui veulent dire quelque chose. Voilà, bah c’est comme ça qu’est né le kobaïen, il y a des termes qui sortent et il s’aperçoit qu’il crée comme ça une langue. Il s’en souvient. Et plus tard il va faire kobaïa. Mais donc le kobaïen ça naît d’une espèce d’expérience. C’est comme l’écriture mécanique des surréalistes un peu. C’est ça, il reçoit quelque chose. C’est comme si à la fin d’un rêve ou pendant un rêve, il se mettait à écrire. Et à partir de là, à partir des sons qu’il a sorti, parce que pour lui une langue musicale ça doit être vraiment des sons d’abord avant d’être un sens. Et à partir des sons qu’il sort, il va transformer ça en un vocabulaire, puis en une langue, dont il va faire un dictionnaire, avec Laurent Thibault. Et ils vont construire un monde, à partir des sons surtout. C’est-à-dire que ce n’est pas une idée en se disant : je vais construire une langue pour pouvoir faire ma musique, l’idée c’est vraiment : ça sort comme ça naturellement, et à partir de cette sortie un peu accidentelle, je vais construire quelque chose théoriquement. Et ça fonctionne un peu toujours comme ça chez Vander. Il a l’impression de recevoir quelque chose, qu’il n’est qu’un interprète de ce qu’il peut recevoir. Bon, il ne dit pas : ça vient de l’au-delà et tout ça. Il dit simplement : voilà, c’est en moi et puis il y a un moment il y a quelque chose qui m’arrive et je le ressors. Et le kobaïen, c’est venu comme ça.
Donc après la mort de Coltrane et cette illumination en Italie, il se dit : il faut que je fasse un groupe. Il revient en France et essaie de former un groupe. Donc il avait déjà joué avec Paganotti, il essaie d’abord de former le groupe avec Paganotti. Mais Paganotti ne peut pas, il n’est pas libre. Donc il ne peut pas le faire avec lui. Et il revoit Thibault, qui est bassiste, pas très bon bassiste. Mais à partir de là, il dit : on va réunir des musiciens. Il retrouve les gens de Zorgones. Donc Zabu, Francis Moze qui est toujours aux claviers. Et puis il entend l’air du temps en 69, c’est encore une fois ce que j’ai dit un peu en introduction… c’est que les musiciens Français se plaignent aussi de ne pas être libres. Les bons musiciens Français accompagent Johnny Hallyday, accompagnent Claude François et ils râlent en même temps en disant : nous on voudrait faire autre chose. Ou alors ils sont obligés de faire les tournées donc en jouant les standrads simplement, ou en réinterprétant les standards du rock Anglais ou du rock Américains, et ça ne leur convient pas. Nous on veut une nouvelle musique, on veut faire autre chose. Et il entend ça tout le temps Vander. Alors ce qu’il fait, il réunit des musiciens à Paris. Je ne sais plus si c’était au rock’n roll circus ou quelque chose comme ça, dans un coin au bistrot, autour d’une table. Il réunit tout le monde et il leur demande ce qu’ils veulent faire est-ce que un groupe ça vous dirait et tout ? Alors les gens commencent à discuter. Et puis ça part un peu à volo alors à un moment il dit : attendez on ne va pas discuter comme ça inutilement. Qui est-ce qui veut faire un groupe ? On va partir vraiment dans le concret, on va faire un groupe. Voilà, moi je serai le batteur. Tous ceux qui veulent me rejoignent, on va faire quelque chose de vraiment différent, une musique différente. Et puis il y en a certains qui acceptent et puis il dit : bien-sûr, on n’est pas payés… et là il n’y a plus personne qui accepte et il se retrouve sans musicien. Parce que en même temps, ils voulaient faire quelque chose de différent, mais dans ces tournées, dans ces bals, il y a beaucoup par exemple, de musiciens qui jouaient à la fois pour eux et dans les groupes de baloche, donc dans les bals de week-end, et spécialement en province et qui rapportaient énormément aux musiciens qui jouaient. Ils faisaient quatre concerts par mois, le week-end, ou six concerts par mois si quelquefois c’était le samedi et le dimanche. Ça durait toute la nuit, mais ils gagnaient leur vie et ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient le reste du temps parce que ça fonctionnait bien. Ça veut dire pour Vander qu’on ne peut pas faire deux choses à la fois. Il le dit à un moment à Paganotti. Paganotti, après avoir joué, je crois que c’était derrière France Gall, il doit réapprendre à faire autre chose. Et ça, presque tous les musiciens que j’ai rencontrés, que ce soit Robert Wyatt, Martin Stone ou autre. Ils le disent, si on joue de la variété, bah après il faut se remettre dans quelque chose d’autre pour jouer une autre musique et sa propre musique.Et ces musiciens donc, qui gagnaient très bien leur vie, ne veulent pas en fait abandonner la plus grosse part de leurs revenus. Certains l’abandonneront après, mais pas en 69. Et donc, il va se tourner vers d’autres gens qui viennent entre autre de province ou qui ne sont pas du tout connus. Entre autre Claude Engel par exemple, qui vient de Tours et qu’il recrute. Alors là aussi dans la formation du groupe Vander, va faire le recrutement. Mais après, il y a plusieurs interprétations. Blasquiz dit que c’est lui qui a fait venir Claude Engel, et Vander dit que Claude Engel a présenté Blasquiz. En fait, ils avaient déjà Zabu comme chanteur. Sauf que Vander trouve que Zabu est trop limité pour ce qu’ils veulent faire. Parce que c’est un chanteur de blues. Je ne sais pas si quelqu’un a écouté déjà Zabu, il a sorti plusieurs disques. C’est un chanteur de blues assez lent, une voix très grave mais qui est un peu monocorde, qui a du mal quand même à aller très très loin. Et ils cherchent un autre chanteur. On lui parle de Klaus Blasquiz qui a déjà joué dans un groupe de blues avec Richard Pinhas, le fondateur d’Heldon. Et Blasquiz qui est d’orignie basque, il chantait tout le temps. Il chante avec les chorale basques en été, il chante du blues. Et il y a une rencontre Vander Blasquiz. Sauf que Blasquiz, il a un défaut ou une qualité, qu’on aime ou qu’on aime pas, il aime beaucoup les jeux de mots… les astuces, mais vraiment nulles en général, ou alors un peu grossières et tout ça… Et dans la conversation, à un moment, il sort une série de calembours à Vander. Vander se dit : c’est peut-être pas le but, moi, Magma, je ne fais pas ça pour faire des calembours. Il dit : bah mon gars, on va voter. Ils votaient. Parce que dans la création du groupe à cette époque-là, on dit c’est Vander le leader. Certes, mais c’était un collectif. C’est-à-dire que Vander a l’initiative, mais ça reste un collectif. D’ailleurs on va voir sur les deux premiers albums de Magma, il y a plusieurs compositions qui ne sont pas de Vander, qui sont des autres musiciens. Donc il y a une réunion et puis ils ne prennent pas Blasquiz. Et puis ils commencent à enregistrer, à répéter, à faire un petit enregistrement, des démos avec les cuivres de Hallyday. Et quand ils réécoutent, ils s’aperçoivent qu’il y a quelqu’un qui chantonne derrière, c’était qu’instrumental cette partie-là, qui chantonne derrière. Et c’était Blasquiz. Et Vander trouve ça génial. Donc ils vont récupérer Blasquiz, et ils reprennent Blasquiz. Et voilà, ils vont former petit à petit le groupe, avec François Cahen, qui vient du jazz, Teddy Lasry qui vient de la musique classique contemporaine, dont le père était déjà musicien. Il a fait beaucoup de recherche aussi sur les sons, il a sorti quelques disques solos intéressants pour ceux qui peuvent les trouver encore, comme E=Mc2 par exemple.
Et puis Vander il définit les choses au départ. C’est de la discipline, c’est du travail et c’est concentré sur Magma à 100%. Pour faire une musique qui surprenne. C’est-à-dire, là en 69, la musique se libère. On peut faire plus ou moins ce qu’on veut. Après, il faut trouver l’audience, on n’est pas sûr de trouver les salles pour le passer. Sauf que un peu plus tard, un ou deux ans plus tard, Gomelsy avec son idée des MJC va trouver les endroits où il peut y avoir une rencontre entre ces musiciens qui proposent quelque chose de différent et justement une audience. Et Magma va proposer quelque chose de vraiment différent. Donc ils vont chanter en kobaïen, déjà. Ça c’est admis dès le départ. Ils construisent ça avec Laurent Thibault. Et puis Vander il veut une musique sauvage. En plus, au début de sa carrière – il y a certaines choses qui sont très bien expliquées dans le livret des coffrets - et il explique bien qu’il est un peu en rage. Il ne le fait pas parce qu’il faut faire une groupe de rock ou pour draguer les filles. Parce que beaucoup de musiciens au départ, bon bah on prend la guitare parce que c’est plus facile pour draguer les filles ou la batterie, je vais taper plus fort… Lui il a une misssion quelque part, c’est retrouver le travail de Coltrane et l’adapter à ce qu’il peut faire lui. Et en même temps, il estime que le public, qui avait sifflé Coltrane à Paris à une époque, moins dans son dernier quartet, mais qui avait sifflé quand il était passé à la limite du free, est un peu respondable de la mort de Coltrane quelque part, il le dit. Donc il est un peu agressif envers le public. Il veut une musique agressive, qui surprenne. Et puis il veut une musique totalement sauvage. Et qu’il n’y ait pas de cadre. Et surtout il va travailler Coltrane. Il y a plusieurs choses, il y a le rythme, qu’il prend aussi chez Stravinsky, et il y a aussi cette recherche de la note, de la note suprême qu’ils appellent “zeuhl”, mais que Coltrane appelait “Love suprem”. Ce qu’on veut c’est la musique qui est au-delà de ce qu’on peut vire comme ça, normalement, au quotidien. C’est-à-dire qu’à chaque fois qu’on donne un concert, ou à chaque fois qu’on enregistre quelque chose, on doit se donner vraiment à fond. Il n’y a pas de demi-mesure. Et quand on voit Vander actuellement, c’est pareil. Quand on l’interviewe, il le dit très clairement. Il dit que ce n’est pas la peine de faire de la musique si on s’y donne pas à fond à chaque concert. Chaque concert il le joue comme si c’était le dernier. Vraiment… malade, pas malade, il joue quoi. C’est vraiment quelque chose qui est important. Et il veut que tous les musiciens se retrouvent là-dessus, sur cette manière de jouer, de donner le maximum d’eux-mêmes. Et de faire corps. Parce que l’idée ce n’est pas un leader qui va jouer qui va faire des solos avec des gens qui jouent autour et qui vont chacun amener leur part. C’est vraiment que ça forme une entité. Alors, ce n’est pas un groupe qui vit ensemble. Il n’y a pas d’esprit communautaire chez Magma. C’est un groupe qui va s’unir par rapport à une volonté. Là aussi, il prend souvent comme exemple Claude Engel, qui est un très très grand guitariste, qui a fait de bonnes choses, qui après s’est un peu perdu dans la variété. Mais c’est vrai que Claude Engel qui est un très bon guitariste, Vander dit à un moment : il va rester concentré sur trois notes alors qu’il peut en faire des centaines, qu’il est très bon et qu’il peut faire bien d’autres choses. Mais, il comprend que l’important, c’est de rentrer dans le travail collectif. Et tous les groupes finalement qui se sont appelés Magma ont toujours produit quelque chose qui doit avoir un impact collectif, une force, propulsé donc par Vander qui a un sens de la rythmique de la mesure, et de la force vraiment, de la puissance qui va propulser l’ensemble.
Donc là on va voir le tout début du premier album qui sort en 70. Et c’est quand même quelque chose, même dans un univers donc début 70, où il y a beaucoup de groupes qui font des choses différentes encore une fois en France. Il y a des expériences assez hallucinantes. Une des référence pour les groupes Français ça a été souvent Fank Zappa, Captain Beefheart, Soft Machine. Et donc des gens qui partaient un peu dans tous les sens et qui mélangeaient tous les styles. Donc il y avait déjà des expériences très intéressantes. Et même quand on entend Red Noise de Patrick Vian, bon, on est déjà dans quelque chose qui n’est pas courant, qui est une surprise par rapport à la musique qu’on pouvait écouter jusque là, et même par rapport aux succès Anglais ou Américains. Sauf ceux justement de Zappa, Beefheart, Soft Machine, ou Pink Floyd. Et là on va voir que même dans ce contexte-là, quand on reçoit la musique, même si on l’écoute quarante ans après, quand on reçoit la musique de Magma, on va tout de suite comprendre que ce n’est pas qu’on avait l’habitude d’écouter.Donc on peut lancer le premier extrait.
Extrait de “Kobaïa”.
On voit déjà que le Kobaïen, bon c’est une langue, une langue parce qu’il y a un dictionnaire. On peut dire que c’est une langue qu’il ont créé. Mais une langue qui sert surtout pour le son. C’est une sonorité qu’ils cherchent. Ce n’est simplement à dire, à donner des textes, à écrire des textes. Même s’il y a un dictionnaire de traduction. Et ce qu’il y a d’intéressant aussi de voir, c’est que quand ils vont tourner à l’étranger, quand ils vont passer au Japon, la plupart des japonais vont leur dire : là il y a une partie des morceaux qui est en Japonais. Quand ils vont tourner en Pologne ou en Allemagne on va dire : bah là voilà il y a du Polonais il y a de l’Allemand. Peut-être de l’égyptien. Et en fait il dit non : c’est simplement c’est les sons qui viennent qui ont été faits un peu mécaniquement. Et à partir de là, il ressent les sons, et à partir des lettres qui n’existent pas finalement. Il dit qu’il écrit les sons et les lettres selon les ambiances du morceau. C’est-à-dire qu’encore une fois, c’est totalement empirique. Ce n’est pas du tout quelque chose de construit au départ. Il fait la théorie après que ça sorte que ça existe… Ce qu’on voit aussi dans le début. Moi ce que je trouve assez intéressant. Là on ne peut vous passer que des extraits, parce qu’il y a des fois où on se laisse un peu emporter mais c’est un peu difficile, si on ne passe pas que des extraits on en a pour jusqu’à demain. Mais je trouve que c’est toujours très intéressant d’écouter les débuts de chaque disque quand même. Parce que chaque fois, ça donne aussi le tempo, le thème, le rythme du disque et ça c’est important parce qu’on sent sur quelle base ils vont partir et on sent aussi à quel point le rythme est important jusqu’au dernier disque. Qui est vraiment un disque qui est basé comme un disque un peu apuré sur le rythme. Et tout est fonction de ça. Et ça c’est typique de Magma. On n’avait jamais en France, à mon avis, eu un groupe qualifié de rock, pop, voire jazz, qui avait construit autant sur le rythme. D’ailleurs il fait aussi référence dans son discours à des gens James Brown par le travail. En disant qu’il ne travaillle pas tout à fait de la même manière mais que justement il demande cette espèce discipline et que tout doit être conçu pour faire avancer le groupe en collectif. Et justement travailler ce rythme et développer à partir du rythme.
D’autre part ce qui frappe dans Magma. On est quand même fin 69 début 70. C’est-à-dire des années on est plutôt sur l’héritage de 68. Sans être tombé dans le trip hippie, on est quand même un peu peace & love. Et surtout dans les groupes. Donc on retrouve cette idée qui a traversée l’Atlantique depuis San Francisco qu’on doit partager avec le public. C’est-à-dire que le public fait presque partie du groupe, et qu’il doit y avoir une osmose entre les musiciens et le public. Et qu’on fait finalement partie de la même famille.
Quand on voit arriver Magma sur scène, ce n’est pas tout à fait ça. On a l’impression qu’ils ont une attitude un peu hautaine. Ils sont habillés tout en noir. Ce qui est je pense, à la fois une part d’agressivité envers le public, c’est ce que dit Christian Vander au départ. Et puis c’est aussi, que Coltrane, bah il jouait dans le noir à la fin de sa carrière. Et il y a une anecdote assez célèbre où un photographe disait : pour prendre Coltrane en photo sur scène, il faut attendre qu’il allume son cigare sur un coin de la scène, parce que sinon, il est quasiment dans le noir. Et je pense que ChristianVander a voulu reprendre cet aspect noir.
Et d’autre part, ils ont un emblême qui est maintenant extrêmement connu. Qui est une espèce de griffe. Et en fait, il explique que cette emblême ce n’est pas tellement lui qui l’a voulu au départ, c’est la soeur de Laurent Thibault. Il voulait une griffe qui prend le monde, qui soulève le monde, le monde dont une partie part vers kobaïa. Et de cette griffe d’oiseau, ça s’est transformé petit à petit en emblême. Et donc c’est la sœur de Laurent Thibault qui l’a dessinée d’abord cette griffe et puis après, ce qui est devenu l’emblême de Magma.Donc comme ils ont un collectif fort, même si encore une fois ils ne vivent pas en communauté. Contrairement à d’autres groupes, même des groupes rock’n roll comme les “Variations” ont vécu un temps en communauté. Ça n’a jamais été le cas de Magma. Mais ils ont une structure qui fait qu’ils sont interdépendants les uns des autres. Pour justement la construction de cette musique. Et donc d’avoir un emblême, ça renforce encore ce côté : on fait partie d’un collectif ! Et je pense qu’il y avait ça. Moi je les ai vu à Nanterre comme je suis très vieux… j’ai eu l’occasion de les voir à Nanterrre en 70, donc dès leurs débuts. Avec Francis Moze à la basse. Il avait quitté le clavier pour la basse parce que justement il percutait le rythme beaucoup mieux que Laurent Thibault. Et c’est vrai que ça ne se passait pas toujours sans anicroches. Entre autre, dans une université, surtout celle de Nanterre. Où tout de suite, il y en avait certains qui étaient pour et d’autres qui étaient contre. Parce que pour eux, Magma avait une attiude… disons qu’ils n’étaient pas proches du public… ils étaient habillés en noir, ils avaient ce côté hératique, ce sigle, ça pouvait passer pour une croix celtique, ou tout emblême, voire néonazie. Et donc tout de suite à fusé : fascite ! Les autres : non, c’est pas ça ! Il y a eu des gens qui passait par derrière la scène comme le racontait Klaus Blasquiz et qui écrivaient :
“Les veaux sont dans la salle, les flics sur la scène.”Voilà. Donc c’est dans tout ce contexe. Et Magma a une attitude qui est, là aussi, radicalement différente des autres groupes. Et pourtant ça fait partie d’un ensemble. Ils vont jouer avec d’autres groupes. Il vont être assez copains avec les gens de Gong par exemple. Alors que Gong a une attitude totalement inverse. La seule chose c’est qu’ils tournent aussi Gong. Et c’était extrêment bon également le dernier concert. Donc je vous conseille aussi d’aller voir Gong si vous avez l’occasion. Et c’est vrai que Gong c’était l’inverse. Et en fait ils s’entendaient assez bien avec Magma. Donc il y a l’attitude de scène et puis il y a l’attitude des musiciens en réalité, hors de la scène. Mais je pense que c’était voulu. Et puis d’autre part Vander ce n’est pas quelqu’un qui va commencer en disant : salut les copains, tout va bien ? Voulez allez bien ? Montreuil ça va ? Levez les mains ! On s’aperçoit d’ailleurs que c’est des tics qui continuent actuellement puique ils commencent presque tous leurs concerts comme ça. Vander il n’a jamais été question. Ceux qui les ont vu récemment. Ils arrivent dans le noir, ça s’allume et ça attaque. Et donc encore une fois, il n’y a pas d’attitude de connivence de convivialité. On doit prendre la musique. L’important c’est la musique. On doit la prendre, on doit l’encaisser comme ça, et se récupérer la musique dans la gueule.
D’autre part, le nom de Magma, quelqu’un sait d’où ça vient ? Moi j’ai l’interprétation de Vander. En fait, ils devaient jouer au Rock’n roll Circus avant d’avoir un nom, d’être officiellement Magma. Et puis le videur du Rock’n roll Circus lui dit : vous jouez ce soir, vous vous appelez comment ? Et puis sur l’affiche il faut qu’on mette quelque chose ! Sinon vous ne jouez pas ! Donc Vander dit : je me suis alors souvenu d’un thème que j’avais écrit qui s’appelait “Nogma” et j’ai pensé à Magma. En fait on peut penser aussi, simplement, que ça reflète bien. Il y a des noms qui sont adaptés vraiment à la musique du groupe. Et là c’est le cas pour Magma. C’est un Magma sonore. Le magma, c’est aussi la puissance des forces telluriques, c’est ce qui qui sort de la terre. Et ça reflète complètement la musique de Magma. Donc je pense que là par contre, c’est peut-être plus réféchi qu’une simple intuition qui vient comme ça. Même si encore une fois Vander dit qu’il fonctionne beaucoup par intuition. Et donc, après ce premier disque qui est un double. Qui a quand même un grand retentissement et un certain succès, surtout pour un double, parce que c’est pas évident de vendre un double, hein ! Y’avait pas tant de doubles que ça. Bon, y’avait Zappa certes. Mais ce n’est pas évident de vendre un double en France. Surtout pour un groupe Français. Mais à l’époque y’avait encore des disquaires, ce qui n’est pas le cas maintenant. Ce que je regrette d’ailleurs. Et donc ils ont réussi quand même à bien vendre cet album. Et donc la carrière de Magma est lancée. Après ce qu’on va noter aussi dans Magma, c’est qu’il y a beaucoup de changements de musiciens. Mais Vander dit lui-même qu’il ne s’est jamais fâché. Il y a un musicien qui a trouvé qu’il avait régime trop dur. Parce que pour Vander il n’est pas question de se disperser dans autre chose. Si on entre dans Magma, on fait Magma. On fait rien d’autre. Et à un moment au début, dans les années 70, beaucoup de musiciens continuaient à faire du balloche à côté. Et quand ils venaient en répétitons et que Vander les entendait dire : ah bah tiens là j’ai joué à tel bal, y’avait tel mec et tout ça. Vander a dit : Stop ! Ou alors vous prenez la porte, ou alors on fait du Magma. C’est-à-dire qu’il demandait une concentration absolue et qu’ils soient complètement disponibles pour jouer. D’ailleurs, il dit plusieurs fois également, dans ce livret, que, par époque, quand ils ont changé de musicien ce n’est pas simplement que c’était moins bon ou que les autres était meilleurs, c’est que le climat se diluait, que la concentration n’était plus tout à fait là dans les répétitions, dans la musique ou sur scène. Et il ne supportait pas tellement cet aspect-là. Pour lui, il faut toujours qu’il y ait une force motrice extrêment grande. Et donc, ces changement de musiciens ils demandent beaucoup. Au départ, par exemple dans le premier Magma, ce qu’on ne voit pas comme ça. Parce que encore une fois, on voit souvent Vander comme leader et des gens qui sont simplement ses musiciens. Mais on le voit bien dans les compositions du deuxième album, 1001° centigrades, que les compositions sont partagées. Il y a trois morceaux. Un Vander, l’autre Lasry et le troisième Cahen. Donc ce n’est pas simplement ça. Et il dit au départ, on pensait qu’on était parti pour jouer pendant quarante ans ensemble. Que j’allais jouer avec Claude Engel pendant quarante ans. Or en fait Claude Engel part à la fin du premier album. Et d’ailleurs, ça va s’entendre dans le son.
Après on s’aperçoit que le son aussi va se modifier. Même la structure est toujours là. Donc encore une fois les intervenants ne sont pas neutres. Les musiciens qui vont jouer avec Magma, intègrent l’esprit de Magma et sont vraiment membres de Magma, au même titre que Christian Vander. Donc il disait : pendant quarante ans Claude Engel, je vais jouer avec lui. Dans quarante ans on va jouer tous ensemble. On va continuer tous ensemble. Et puis il s’aperçoit que c’est pas possible. Pour des raisons financières. Car Gomelsky il a une bonne idée avec les MJC. Sauf qu’il y a un petit problème, c’est qu’au départ Cahen disait nous on est un super groupe, on est super bien, donc on va demander 5000 francs, 6000 francs, enfin des grosses sommes pour jouer. Résultat : ils ont eu un concert pendant les premiers mois. Donc ça c’était pas possible. Gomelsky a pris le contrepied de Cahen et a dit : vous allez jouer pour presque rien mais vous allez faire 25 concerts par mois. Et vous allez vous faire connaître comme ça. Vander a dit : c’est une très bonne idée. Et donc ils foncent là-dessus. Sauf qu’au bout d’un certain temps, pas bien payés, épuisés par les concerts, il faut se donner à fond à chaque fois, essayer trouver le temps de composer, de repartir sur un autre album… Ça explique aussi que les musiciens en aient eu marre, certains sont retournés au bal, d’autres ont voulu faire des projets individuels, et ça explique aussi tout le changement de musiciens qu’il y a eu. Parce que Magma demande énormément d’énergie. Et non pas parce que Vander est un tyran simplement. Puisqu’à priori, les musiciens vont, mais reviennent, et rares sont ceux qui ne sont pas marqués par leur passage dans Magma. Et au contraire souvent ça leur a permis d’augmenter leur capacités techniques ou leur vision de la musique et leur a permis aussi de trouver des travaux bien mieux rémunérés, ou alors de partir sur leurs propres bases. Donc là, on va écouter un petit morceau du début de 1001° centigrades qui est le deuxième album. Et on a toujours des petites préférences. Moi je trouve que cet album qui a bien fonctionné mais moins que le premier, il y a moins l’effet de surprise et on est vraiment dans la continuité. Mais il manque quelques petits points. On va se dire : un guitariste, ce n’est pas très important chez Magma, sauf que l’absence de Claude Engel elle se fait sentir quand même dans l’ensemble du son. Et encore une fois, quand on écoute quelque chose d’aussi fort et d’aussi compact que le son de Magma, on dit que ce n’est pas parce qu’il y a un petit élément qui manque… mais c’est peut-être le petit élement qui fait que l’ensemble a un petit plus et que ça passe et que c’est encore mieux. Ceci dit, 1001° centigrades est un très bon album, vraiment dans la continuité du premier, mais peut-être avec un petit manque.Extrait de “Riah Sahiltaahk”.
C’est toujours difficile de passer des petits extraits comme ça, même des ouvertures. Parce que Magma il faut rentrer dedans et vraiment pénétrer dans la musique. Mais bon là on sent bien que le son est là, c’est vraiment dans la suite, c’est enregistré juste un petit peu après. C’est un disque qui a assis Magma mais qui n’a pas développé vraiment son aura, ni son public. Ce qui va être totalement différent avec le disque suivant : Mekanik Destruktiw Kommandoh, qui est enregistré au Manor de Virgin en Angleterre. Pour plusieurs raison. D’abord, là il y a un son qui est encore plus impressionnant. Ça va encore plus faire parler. En positif et en négatif. Puisque on va l’entendre dans la musique. Certains vont reprocher : c’est vraiment une musique fachiste. D’ailleurs ça utilise des passages… il y a un extrait du triomphe d’Aphrodite de Carl Orff dans le tout début, il y a une petite citation. Voilà, Carl Orff est souvent associé, bien à tord, au régime nazi, mais en fait c’est plutôt les nazis qui récupéraient les musiciens, bon. Et ça a amplifié encore une fois ce contraste entre les pour et les anti Magma. Mais ça va aussi être un disque qui grâce en partie à Gomelsy va leur permettre vraiment de sortir des frontières parce que c’est un disque qui va être pressé aussi en Angleterre et aux Etats-Unis. Même si les Américains sont un peu perplexes devant cette musique qu’ils ne connaissent pas du tout. Et puis aussi, c’est un disque où on va multiplier le travail sur les voix. Il y avait beaucoup de travail sur les rythmes. Donc ça c’est la base de Magma. Il y avait les cuivres, il y avait tout ça. On voit qu’il y a une construction dès les premiers albums. Mais là tout d’un coup, ça va prendre une nouvelle ampleur. Il y a quatre choristes. Il y a Stella Vander qui arrive. Il y a un nouveau guitariste, Claude Olmos. Et un nouveau bassiste, Jannick Top, qui va amener un plus. D’ailleurs quand on demande un peu à Vander la formation qu’il préfère. Mais de toute façon, il n’y a pas de mauvais albums de Magma à mon avis, ils en ont fait finalement que dix en quarante ans, ce qui n’est pas énorme. Et Vander aime bien toutes les formations, mais il dit que la formation qu’il a préférée c’était quand même celle où il était associé avec Jannick Top. Même s’il y a eu des rapports un peu difficiles par moments.
Et ce qu’il y a d’intéressant aussi, c’est qu’avec Gomelsky ils vont jouer aux Etats-Unis, à Newport au festival. Et d’ailleurs Vander rappelle une anecdote qui est assez amusante pour voir la manière dont fonctionnait Gomelsky. Ils gagnaient quand même pas beaucoup d’argent, Magma, c’était toujours un peu difficile, les musiciens n’étaient pas très bien payés, pendant les tournées ils ne bouffaient pas toujours très bien. Et là ils étaient assez bien payés pour cette tournée. Et au lieu de redistribuer l’argent aux musiciens, Gomelsky a l’idée de sortir des boîtes de Cachou avec le sigle Magma dessus pour les distribuer gratuitement au public Américain. Bon. L’effet a été moyen, les ventes de disques n’ont pas beaucoup augmentées, mais surtout ils n’ont pas gagné d’argent avec cette hitoire…Et donc Mekanik est un disque qui va être diffusé un peu partout et qui va pas simplement asseoir, mais accroître comme jamais la popularité de Magma et en même temps définir les inconditionnels de Magma. Moi je me souviens qu’à l’époque il y avait les gens qui aimaient ou qui détestaient Magma. Il y avait peu de gens qui restaient un peu mous ou un peu tièdes devant cette musique. Et surtout là où ça prend de l’ampleur, il y a plus de violence. Et le fait que ce soit Vander qui écrive toutes les compositions - là on va écouter des petits passages et c’est presque dommage - mais c’est une oeuvre qui est complète du début jusqu’à la fin, c’est-à-dire qu’il n’y a pas plusieurs morceaux. Il y a un ensemble avec des variations. Et ça a une force et un impact extraordinaires. Il y a un rapport aussi entre les voix masculines et les voix féminines, donc il y a quatre choristes, il y a le chanteur. Et voilà on prend un bloc dans la figure où la voix a une importance qui s’est décuplée par rapport aux deux disques précédents. Et en même temps, l’impact est encore une fois énorme. L’enregistrement des Cds, ça donne de l’ampleur au son mais par contre ça enlève un petit peu, toujours par rapport au vinyl, cette violence d’attaque qu’on pouvait ressentir dès la première écoute du Mekanik. Et en tout les cas Mekanik là, ça pose vraiment le Magma : ceux qui sont pour, ceux qui sont contre.
Début de “Mekanik Destruktiw Kommandoh”
Alors on va entendre deux trois extraits quand même, je pense que vous connaissez tous, mais pour ceux qui connaissent peut-être un petit peu moins bien. Pour voir comment le thème va être développé, comment la rythmique, les voix s’enchaînent.
C’est une espèce d’opéra, pas un opéra-rock parce qu’on va penser à Tommy, mais un mélange justement de ces influences de Stravinsky, de Orff, de Coltrane et tout ça. Il ne faut pas oublier quand même, qu’il y a des passages où on utilise le swing, je veux dire il y a une souplesse aussi, il n’y a pas seulement un bloc massif, il y a des changements de rythme qui magnifient un petit peu l’œuvre de Mekanik destruktiw. Qui se vend bien, qui est un disque qui se vend bien. Il y avait des disques comme ça qu’on retrouvait chez les gens dans les années 70, et Mekanik en faisait partie. Et qui leur permet, encore une fois, de jouer aux Etats-Unis.
Nouvel extrait de “Mekanik Destruktiw Kommandoh”.
Christian Vander dit aussi que lui, ce qui l’intéresse, c’est de créer à chaque fois quelque chose qui renouvelle sa musique sans arrêt. Et il sait toujours trouver de l’inédit. Encore une fois, c’est lui qui le déclare. Et on s’aperçoit en fait, quand on écoute bien – moi j’ai réécouté pour la conférence d’affilés tous les disques, pour choisir des passages… d’ailleurs c’est là que je me suis dit qu’il faut presque toujours montrer de toute façon le début, même si après on montre d’autres extraits – mais on s’aperçoit que ce n’est pas simplement des petites variantes, il y a de vraies couleurs qui sont différentes entre chaque album. Ce n’est pas : tiens là je vais faire une petite variante et ça va être bien. Non, il y a toujours une inspiration qui est là, qui est constante. Les musiciens se renouvellent un petit peu comme les écrivains, en écrivant un seul livre et en faisant des variantes autour. Mais là c’est plus qu’une variante c’est en fait des ruptures par moment et il va privilégier un aspect plus qu’un autre. Et c’est ça aussi cette manière de créer, c’est-à-dire que, là ça va vraiment insister sur le rythme, là ça va être plus les voix, là on va retrouver un peu de souplesse, au milieu… pourquoi ? Parce que ça va refaire partir l’auditeur sur quelque chose, voilà décontracter l’auditeur qui est tendu sur les premières mesures… et après ça va vraiment éclater… C’est toujours l’idée de surprendre l’auditeur même s’il est moins agressif avec lui.
Nouvel extrait de “Mekanik Destruktiw Kommandoh”.
Et chez Magma il y a toujours aussi, enfin chez Christian Vander, il aime beaucoup s’entourer de bassiste. Le rôle du bassiste est très important. On a vu qu’il a changé Laurent Thibault qui n’était pas capable de jouer selon les rythmes qu’il voulait avec suffisamment de précision et de comprendre assez vite, de répondre assez vite a finalement ce que faisait le batteur, ce que faisait Vander lui-même et il l’a remplacé par Francis Moze qui était un très bon bassiste qui avait une attitude pas toujours évidente. Encore une fois moi j’étais dans le public quand j’étais au début des années 70, j’étais en face et je voyais donc les musiciens, pas de l’intérieur ou en interview, mais vraiment comme un spectateur de base. Et c’est vrai que Francis Moze avait à la fois l’attitude d’un mec qui a fait des années de bal et en même temps qui est un peu hautain, qui était assez rude, mais qui avait un sens du rythme tout à fait extraordinaire et qui collait parfaitement. Là c’est Jannick Top qui est aussi un très grand bassiste, après il va y avoir Paganotti. Et voilà. Donc il a toujours eu des bassistes énormes. Parce que je pense que ça fait une osmose avec le batteur qui est Vander avant tout, même s’il est compositeur, on peut dire presque compositeur avant tout, mais tout le monde le connaît comme batteur, il est là c’est lui qui impulse le rythme on le voit bien sur scène, il impluse le rythme. Et il faut vraiment que le bassiste soit à l’affût, soit à l’écoute, soit en union avec lui, soit en osmose avec lui. Et c’est pour ça je pense que de Magma sortent toujours d’énormes bassistes. Et le dernier dont je regardais son nom, Philippe Bussonnet, m’a énormément impressionné. Bah là j’ai été aux Franco cette année je faisais des comptes rendus pour Rock’n Folk. Et bon la plupart du programme n’était pas vraiment ce que j’aimais. Mais bon, c’est dommage parce qu’ils passaient malheureusement à “La coursive”. Et j’aurais préféré qu’ils passent sur “La grande scène” parce que je pense que “La grande scène” face à l’océan, Magma, ça aurait pu envoyer vraiment quelques chose de formidable. Mais là ils passaient à la coursive. Et les groupes précédents. Je trouvais que bon, c’était bien la sonorité de la coursive mais que les basses on n’entendait pas… bon ça faisait un peu du bruit, c’était un peu sourd quoi, on n’entendait pas super bien et que ce n’était pas une finalement un salle si adaptée à ça. Et quand est arrivée Magma sur scène et que j’ai entendu Bussonnet : non ! Ce n’est pas la salle qui n’allait pas, c’est tous les bassistes précédents qui n’étaient pas vraiment à la hauteur pour régler le son comme pouvait le faire ce bassiste qui n’est pas très vieux, qui doit avoir trente cinq quarante ans. Bussonnet qui est absolument extraordinaire et qui est un assez jeune bassiste. Et à chaque fois que j’ai pu voir Magma, et à chaque fois que j’ai écouté un disque de Magma, sans y penser – là il y avait longtemps que je n’avais pas vu Magma, d’ailleurs il y avait longtemps qu’on ne les avait pas vu – c’est vrai que tout de suite vient à l’esprit : on se dit putain !, quel bassiste il y a là ! Et ce n’est pas un bassiste qui va faire un solo Bussonnet il ne fait pas de solo. C’est un bassiste qui est vraiment dans le rythme, qui est dans le temps, qui impulse aussi, de la même manière que la batterie. Et ça c’est assez extraordinaire ces bassistes.
Et Vander disait aussi une chose, à propos de ce que j’ai dit un peu tout l’heure, à Paganotti, il voulait rejouer avec Paganotti. Donc après Jannick Top il y a Paganotti qui est venu jouer enfin dans Magma - qui est aussi un bassiste donc aussi formidable et qu’on va écouter - mais c’est vrai il a dit qu’il a fallu qu’il réapprenne complètement par rapport à ce qu’il avait fait en variétés. Il avait fait tellement d’années de variétés entre temps qu’il avait du presque tout réapprendre et revenir à ce qu’il était pour repartir, pour suivre Vander et pour s’intégrer complètement dans Magma. Et de la même manière, sait-on que Christian Vander a joué avec Zanini ? C’est quelqu’un qui avait fait un morceau avec Brigitte Bardot “tu veux ou tu veux pas ?” Voilà et c’était du jazz-variété on peut dire et Vander a joué de la batterie derrière Zanini. Il dit : on me l’a beaucoup reproché et en plus rien qu’à travailler avec lui j’ai perdu un peu de temps et je ne veux plus perdre de temps. Donc en dehors de Magma il ne joue avec plus personne, à quelques exceptions près et de ses propres groupes.
Donc Mekanik, c’est un énorme succès à tel point qu’ils enregistrent dans le Manor en Angleterre et à côté c’est Mike Oldfield à côté. C’est un disque qui sort en 73. Et Mike Oldfield c’est l’auteur de “Tubular Bells”, un tube énorme. Et Vander va souvent dire que finalement Mike Oldfield l’a peut-être un peu copié parce qu’il était dans le studio d’à côté et il trouve que dans les thèmes qui sont justement développés dans Mekanik, bon bien-sûr le traitement n’a rien à voir, le traitement des voix n’a rien à voir mais il va retrouver un petit peu ce thème qui revient chez Mike Oldfield. Qui lui va faire un succès planétaire. Parce que Mekanik, même si c’est un bon succès, n’est pas non plus un gros succès. C’est un gros succès pour Magma, c’est nettement leur album le plus vendu mais c’est pas non plus les millions d’exemplaires vendus par Mike Oldfield. Après, il va y avoir une petite parenthèse pour Magma. C’est-à-dire qu’ils vont se retrouver à quatre simplement avec Jannick Top, Stella Vander, Christian et Klaus. Pour une musique de film. qui est en fait un enregistrement qu’ils ont fait qui a été repris dans le même temps pour accompagner un film qui s’appelle Tristan et Iseult. Qui est un film un peu underground qu’on n’a pas vraiment beaucoup vu. Qui est de Yvan Lagrange. Et le disque lui-même a été un peu difficile à trouver assez vite. C’est sans doute le disque de Magma en tant que tel qui a été le – parce que les disques de magma ont toujours été au catalogue. Il n’y a pas eu de disque de Magma qu’on ne trouvait pas – sauf celui-là, qui a été mis de côté, peut-être à cause de son aspect bande de film. Ça a moins d’ampleur après Mekanik Destruktiw, voilà, on revient à quelque chose de plus terrestre on peut dire et en même temps voilà, il y a toujours la patte de Magma. Ça on va le voir tout de suite.Extrait de Wurdah Itah.
Mais c’est un très beau disque aussi, qu’il faut absolument écouter parce qu’on a tout l’esprit et tout le style de Magma, même si on voit qu’après Mekanik, c’est forcément un disque qui va être un peu en retrait. C’est un disque de 74, tout comme le suivant kohntarkosz. Il y a quelque chose sur laquelle je n’ai pas insisté parce que j’ai bien dit que dans le kobaïen il y a un côté vraiment sonorité qui prime sur tout. Et donc on construit après le monde kobaïen. En même temps il forme une histoire. C’est-à-dire au départ, cette histoire du peuple kobaïen qui quitte la terre qui est complètement pourrie pour aller vers une nouvelle planète qui est une planète où ils vont trouver une espèce de paix. Une planète plus ensoleillée. Donc il y a le côté sombre pour arriver vers la liberté. En gros c’est ça. Parce que, comme le dit lui-même Vander : quand on écoutait plus jeune les Stones, qu’est-ce qu’on comprenait aux Rolling Stones, à part “Satisfaction”, les reste… est-ce qu’on écoutait vraiment les paroles ? Est-ce qu’on écoute vraiment les paroles quand on écoute un opéra, on a le livret à côté, mais souvent, on écoute des paroles en Italien alors qu’on ne comprend pas forcément l’Italien. Donc en partant de ce principe il a dit, je peux inventer une langue, puisque de toutes les manières, ce n’est pas ce qui va primer quand on écoute la musique. Les voix étant aussi un instrument et il les traite un peu comme ça - même si elles ont leur particularité - et qu’il va faire un album consacré aux voix, un album public. Mais en même temps, je dis, c’est un monde, parce que autour de cette histoire de la planète kobaïa, du kobaïen, et de ce monde qu’il va créer petit à petit, et qui va se développer petit à petit au fil des albums, on peut dire aussi que Magma, le terme est employé par rapport aux autres expériences de Vander, finalement ça revient toujours sur cette histoire de peuple kobaïen. Et quand il emploie le kobaïen. Et ça fait comme une ligne directrice entre chaque album qui se répondent et qui vont se répondre de plus en plus. Par exemple, dans l’album suivant Kohntarkosz qui sort en 74 et ben trente en plus tard en 2004, va sortir K.A, Kohntarkosz Anteria, c’est-à-dire, ça se répond à Kohntarkosz, que le dernier album Ehmenteht Rê vient en fait d’un morceau qui était déjà dans Udu Wudu en 76, donc voilà, il y a toujours des correspondances parce que ça forme quand même un univers complet, même si cet univers, ce n’est pas ce qui précède la création et sur lequel on va adapter la musique. Mais c’est parce qu’on a ces sons, ces sonorités qu’on va créer un univers. Et c’est cet univers qu’on va retrouver un peu partout. Moi je pense que le fond de la question, après c’est à chacun de voir, mais moi le kobaïen et des histoires kobaïennes, ce n’est pas ce qui me passionne le plus, donc je n’insiste pas trop là-dessus. Mais c’est vrai qu’il y a aussi cette création qui est quand même assez importante. Sur le contenu même des paroles et la signification de tout ce voyage, après on peut interpréter tout à fait comme on veut. Mais je pense que Vander lui-même ne donne pas trop trop de significations à ce langage et à ce discours en kobaïen.
Donc après, il attaque avec Kohntarkosz, on retrouve toujours là vraiment un groupe très soudé. Avec Kohntarkosz, on repasse à un album important. Qui a eu aussi beaucoup de succès qui a permis également à Magma à nouveau de jouer à l’étranger, Italie, Allemagne, Angleterre où il reçoit un bon accueil du public, ce qui n’est pas évident pour un groupe Français. Ils se moquent un peu et puis après, quand ils retrouvent devant le groupe, ils sont… surtout en public, Magma est très explosif et tout de suite on rentre dedans. Et ça a été le cas du public Anglais, qui a fait un très bel accueil à Magma. Et avec Kohntarkosz on repart avec un guitariste Anglais, Brian Godding, Jannick Top toujours à la basse, bon Vander, Stella Vander, Klaus Blasquiz au chant. Stella Vander, qui depuis Mekanik est la femme de Christian Vander. Elle avait commencé en faisant des chansons de folklore Auvergnat, des chansons Yéyé rigolotes un peu à la manière d’Antoine, fille on va dire. Et après, elle est passée vraiment à autre chose. En épousant Christian Vander et puis surtout en s’impliquant complètement dans Mekanik Destruktiw Kommandoh et dans tous les albums suivants. Il faut dire aussi qu’elle gère le groupe. Parce que Vander, bon Gomeslky ça lui allait très bien parce qu’il savait qu’avec Gomelsky il n’allait pas gagner beaucoup d’argent. Mais comme il le dit lui-même il n’a jamais pensé gagner beaucoup d’argent. Et puis quand il a un peu d’argent… Gainsbourg il brûlait les billets de 500, lui il essayait d’avoir de la monnaie pour les brûler en cinq fois. L’argent, lui il dit c’est pas la peine, il veut pas gagner d’argent. Par exemple les fiches de Sacem pour retrouver de l’argent sur les compositions, il les signait au nom de Coltrane et l’argent allait à Alice Coltrane, qui n’a pas forcément plus besoin, d’ailleurs que Vander, mais il ne gère absolument rien. Donc Stella Vander en plus, lui permet de gérer les tournées, de s’entendre avec le tourneur, de gérer un peu comment fonctionne financièrement l’ensemble Magma, surtout depuis qu’ils ont crée le label 7th. Donc elle a aussi un rôle important dans la coulisse. Et là on le voit bien quand on voit par exemple moi j’ai pu aller les voir après le concert à La Rochelle, et on voit que Vander, d’abord qui est souriant disponible, Stella aussi mais en même temps, on sent à la fois que Vander il se relâche, il serait même parti pour discuter un moment, même s’il n’est plus comme dans les années 70 où il passait deux trois heures à expliquer pourquoi Magma et que Magma c’était pas un groupe fasciste, c’était ci, c’était ça, pour expliquer le sens de leur musique, ce qu’il ne passe plus de temps à faire et puis ce n’est plus la même époque mais il est toujours très disponible et quand il rentre dans une discussion, il peut discuter assez facilement avec lui, alors que Stella aussi, sauf que Stella elle a l’œil en même temps sur ce qu’il doit faire, sur le programme, sur là il faut repartir, là il faut aller manger. C’est elle qui organise. Vander lui est complètement concentré, ce qui n’est pas une surprise, dans sa musique. Il faut dire qu’en plus de jouer, il répétait et je pense qu’ils le font toujours, une bonne partie de la journée. Donc, il est vraiment imprégné et délaissé de cet aspect-là. Et pareil, quand il a signé avec Gomelsy, il a dit aussi : si finalement je me fais avoir, c’est toi qui en sera le plus triste. Il s’est fait avoir et Gomlesky n’était pas forcément triste. Donc, c’est quelqu’un qui est dans la musique à 100% et le reste c’est finalement tout ce qui est un petit peu annexe, sauf si on discute musique avec lui.
Et voilà un petit bout de Kohntarkosz.Extait de Kohntarkosz.
Donc encore une fois, je disais que c’est toujours important l’introduction chez Magma, les premières notes, parce que ça créé tout de suite le climat dans lequel on va être, si c’est un univers plus sombre, si c’est quelque chose qui impulse plus sur le rythme, sur le swingue. Si ça va être un peu plus, pas gai, c’est pas vraiment les termes qui conviennent, mais si on est sur quelque chose d’un peu plus apaisé. Et là on sent qu’on repart vraiment sur un gros morceau de basse et de batterie ensemble. Et ça va donner donner vraiment le ton du disque. Et encore une fois, moi je trouve que Kohntarkosz est un des grand disque de Magma. Même si je le répète un peu trop peut-être ce soir, tous les disques de Magma sont intéressants. Il n’y a pas de mauvais disque de Magma. Pareil, j’ai rarement vu de mauvais concert de Magma. Ça peut arriver, mais c’est rare, justement quand les gens se donnent à fond. Il peut y avoir des moments un peu plus faibles, mais à partir du moment où c’est compensé par une énergie extraordinaire, ces moments sont rattrapés et puis c’est quelqu’un qui a un sens du concert, de la musique et qui dirige parfaitement l’ensemble. Et en plus, les musiciens qui sont dans Magma, pareil, sont des musiciens, on a pu le voir. Il y a à peu près entre cent et cent quarante qui sont passés dans Magma, ce qui est pas mal, ce n’est peut-être pas le record de Frank Zappa et des Mothers, mais c’est quand même énorme. C’est le groupe Français qui a vu passer le plus de musiciens et surtout le plus de musiciens qui ont fait des choses et acquis une réputation extraordinaire. On parlait des bassistes, tout bassiste qui a joué dans magma, il n’y a que des grands bassistes. Ou même des guitaristes, ce sont tous des grands guitaristes chacun à leur niveau, le guitariste actuel James McGaw est extrêmement bon aussi. Pourtant il vient d’un univers différent, au départ, c’est plutôt un fan d’ACDC. Parce que ce ne sont pas des guitaristes qui sont démonstratifs en soi, c’est juste des guitaristes qui se fondent dans un collectif et qui apportent une touche.
Extait de Kohntarkosz.
Là on était en 74. En 75 ils sortent un premier live, qui est un superbe live, double album, qui a été réédité en CD à ma connaissance, mais le son n’est pas très convaincant par rapport au vinyl, mais je pense que ça va être repris, puisque là il y a le coffret qui est sorti des albums studio donc ce serait bien qu’ils reprennent une partie des albums live de la même manière, en retraitant un petit peu même s’il n’y a pas tout à fait remastérisation. Mais où on a quand même une qualité de son qui est mieux que la première version Cd que j’avais eue. Et donc après Kohntarkosz il y a une tournée en Espagne qui va faire éclater vraiment le groupe. Alors là, quand on écoute Vander, c’est pareil, c’est des forces comme ça, des trucs un peu mystérieux un peu à la limite de la sorcellerie. Il croit beaucoup aux choses qui lui arrivent et qu’il interprète et qui lui donnent un signe un peu. Et là le groupe a vraiment éclaté, puis s’est reformé très vite. Ils vont enregistrer Udu Wudu en 76. Et sur Udu Wudu il y a une chose intéressante, c’est qu’on va avoir deux bassistes qui vont se succéder. D’une part il y a Jannick Top qui était l’ancien qui revient dans le groupe, qui repart et Bernard Paganotti donc qui vient et dans Udu Wudu revient aussi. Dans le précédent Kohntarkosz les titres étaient de Vander sauf un, de Top. Et sinon dans Udu Wudu les titres sont partagés à nouveau. Il y a sept titres. Et avec les titres marquants, à plusieurs raisons, ça va être justement un titre de Paganotti et un titre de Top. Le deuxième morceau, c’est celui de Paganotti qui s’appelle “Weidorje”.
Et Weidorje va donner naissance à un groupe, Paganotti à partir de là, avec Patrick Gauthier qui a joué comme clavier avec Magma, va former un groupe Weidorje qui a fait un album que je vous conseille absolument tous qui est un peu dans l’esprit de Magma mais qui est quelque chose de différent. Si c’était juste la resucée de Magma ça n’aurait aucun intérêt. Mais là on arrive, en gardant l’esprit, à avoir vraiment un disque qui se tient en lui-même et qui vraiment une très belle chose. Il a été longtemps difficile à trouver mais je crois qu’il a été réédité depuis. Et donc je vous conseille fortement de vous procurer le seul disque de Weidorje, un excellent disque dans l’esprit de Magma même si on est sur quelque chose de différent, beaucoup plus instrumental. Et le deuxième extrait qu’on va vous passer c’est “De Futura”, composition de Jannick Top qu’il va développer lui-même d’ailleurs un petit peu plus tard. Ça montre que là on revient sur une formation qui rappelle un peu celle des débuts, c’est-à-dire qu’il y a plusieurs compositeurs avec Christian Vander, on n’est pas que sur du Christian Vander. Et c’est un album aussi qui a eu un succès un peu mitigé. Peut-être justement parce que les gens s’attendaient à ce qu’on continue sur la lignée de Mekanik Destruktiw ou de Kohntarkosz éventuellement. C’est ça aussi, Vander il ne fait pas la même chose encore une fois, pour beaucoup qui ne connaissent pas bien Magma ou qui ne veulent pas, qui ne rentrent pas un peu dans l’univers de Magma ou qui ne connaissent qu’un album, ils ont l’impression que Magma se répète tout le temps, fait toujours la même chose. Non, d’abord ça dépend des musiciens qui sont intégrés parce qu’il n’y a pas que Vander, chacun amène quelque chose. Et c’est ce qu’il leur demande, même dans le cas où il compose tout, selon les musiciens qui vont être là, la manière de jouer ces compositions ne va pas être la même. Parce que là, dans le cas actuel du groupe où effectivement Vander dirige, certes il compose, mais il demande à ce que chacun amène une partie pour donner une couleur à certains morceaux plus qu’à d’autres, avec une couleur différente à chacun. C’est important. On s’aperçoit encore une fois quand on réécoute comme ça. Même si on va s’apercevoir un petit peu moins en écoutant que des petits morceaux que des petites bribes, encore une fois, Magma il faut presqu’écouter une disque à chaque fois que c’est assez difficile de sortir – par ce disque là et sans doute sur le suivant, qui a été encore plus controversé – mais sur ces deux-là on peut sortir des morceaux, c’est plus simple. Mais la plupart du temps, Mekanik par exemple, on le prend à la première seconde et on le finit par les stridences finales, le son final quoi. Quand on est dedans on ne s’arrête pas. Et c’est le cas de la plupart des albums de Magma, c’est pas des albums qu’on découpe, c’est des albums qu’on prend dans leur ensemble. Et donc quand on écoute tous ces albums à la suite encore une fois, on s’aperçoit de la variété de climats et d’interprétations qu’il peut y avoir, alors que extérieurement on va se dire : ah bah c’est toujours la même chose Magma ! Bah non, c’est pas toujours la même chose et là on le voit bien.
Extraits de Udu Wudu.
Après, Magma va connaître beaucoup de changements de musiciens, ça va bouger pas mal. Et on sent aussi que l’ambiance va changer. En général Magma sortait donc des disques très rapprochés et là le prochain c’est en 78. Il s’appelle Attahk. Et donc il y a à la fois un nouveau bassiste Guy Delacroix qui est un peu moins connu mais qui est aussi est très bon. Benoît Widemann qui est un peu plus connu aux claviers. Il y a toujours Stella Vander. Voilà donc on a une nouvelle formation de Magma avec un son qui va changer quand même pas mal. Là en 78, on est juste avant les années 80, on voit qu’il y a un déplacement des sonorités, que Magma a peut-être dit beaucoup de choses déjà, et que les temps changent. Le style, la musique change aussi avec. Attahk, c’est pourtant des compositions de Vander avec “Dondaï”, qui est un très beau morceau d’ailleurs et qu’on peut passer déjà le premier.
Extrait de Attahk.
Il n’y a pas un changement radical de musique mais on voit qu’il y a quand même une attaque plus souple dès le départ… il y a toujours ce gros son de basse donc encore une fois qui attaque, qui ouvre comme très souvent chez Magma mais ça va sur quelque chose de plus aérien. Et on sent que ça va être un peu le nouveau créneau de magma. Il délaisse les compositions assez sombres du disque précédent et surtout de Kohntarkosz pour attaquer une autre ère. Et ça va se voir également sur scène pour une autre ère du groupe qui va s’orienter un peu plus vers des compositions qui vont toucher le Rythm and Blues plus que cet aspect sombre, l’aspect Stravinsky, Carl Orff. Coltrane jamais abandonné, mais moins présent pour laisser une rythmique qui se rapproche un peu plus de ce qu’on appelle le Rythm and Blues donc plus en souplesse et euh, pas de la danse mais pas très loin. On va voir ça un petit peu plus tard. Et là il y a un autre morceau, le seul composé par René Garber sur ce disque : Dondaï qui renforce encore cet aspect un peu Rythm and Blues un peu plus de souplesse. Une ouverture vers une musique un peu plus aérienne, un peu moins tendue, un peu moins sombre.
Extrait de Attahk
On voit quand même qu’on va un peu vers autre chose. En plus quand même depuis le début des années 80. Même un petit peu avant, Vander ne jouait pas que dans Magma. Il avait aussi son propre trio, après il va faire Offering. Et je me souviens par exemple, d’avoir vu en 80 Vander, je crois que c’était au caveau de la Huchette, en juillet 80 avec Jean-Michel Kadjan à la guitare et un bassiste dont je ne me souviens plus le nom. Et qui jouait, mais il jouait, pareil que quand il est dans Magma. Il joue pas à moitié. Il se donne vraiment à fond. C’est-à-dire qu’il commençait gener vers 9/10 heures du soir. Un premier break vers minuit et ça finissait à trois heures du matin. Tous les soirs comme ça. Donc pendant plusieurs jours au moins deux trois semaines, et c’était tou à fait étonnant d’autant plus qu’il était à la batterie, c’était extrêmement puissant et on était dans un caveau qui était assez petit où ça résonnait un maximum et donc ça créait une impression extraordinaire là aussi. Et ce type donc Vander qui menait Magma, en 80, il est dans une toute petite salle finalement et qui joue vraiment à fond pendant six heures ! Tous les soirs pendant trois semaines, ça m’avait un peu stupéfait et puis c’était tout à fait extraordinaire de le voir et puis là on le voyait vraiement à quelques centimètres. On voyait à quel point c’était et c’est un batteur extraordinaire. Et donc il a ses groupes, C.V. trio, Offering encore d’autres groupes, je crois que c’était Fusion, ils sont fait un ou deux albums avec cette formation donc avec Jean-Michel Kadjan. Il a déjà des rojets parrallèles à Magma ce qui fait que pendant – alors là il va y avoir un vrai hiatus entre deux disques de Magma. Mais ils vont continuer sur scène à se reformer, à s’arrêter à reprendre pour une tournée.
Et le disque suivant ne va paraître qu’en 84. Il plaît beaucoup à mon ami Bernard alors que beaucoup de gens l’ont détesté parce qu’en fait il a un son très 80, il est vraiement orienté Rythm and Blues, d’ailleurs il s’appelle Merci, il y a un morceau dédié à Otis Redding, qui était un chanteur qu’aimait beaucoup C.V. comme il aime d’ailleurs aussi beaucoup James Brown. Dans l’interview que j’ai fait récemment, il a beaucoup cité James Brown. À la fois pour ces capacités de compositions, ses capaictés de chanteur et puis aussi la manière dont il dirigeait l’orchestre. Il disait qu’il avait vraiment un son tight, vraiment tenu, tendu. Chaque membre de l’orchestre devait savoir ce qu’il faisait. Il y avait aussi un collectif qui fonctionnait. Sauf que James Brown n’était pas Vander. Vander il piquait des colères mais il ne met pas les musiciens à l’amende. James Brown c’était à l’amende. Donc quand il y avait un cachet, il y avait le cachet des musiciens James Brown mettait à l’amende le musicien s’il démarrait un temps trop tard ou un temps trop tôt et par contre il empochait l’amende bien-sûr… Et les musiciens essayaient de bosser de manière compact. Et il a presque regretté de ne pas avoir fait ce genre de choses au début des années 70. Et là donc Christian Vander. qui est connu comme un batteur, bah il ne joue pas de batterie sur ce disque. Il chante, il joue du piano, il compose avec Ricky et Julie Dassin, René Garber va faire aussi un morceau. Et ça c’est quand même assez étonnant de voir que ce batteur finalement peut faire autre chose… Et il l’explique très bien à un moment. Il dit que à l’époque dans les années 70 et même là en 84, ça a été très mal pris. Parce que pour le public, Magma, c’était Vander à la batterie d’abord qui propulsait le ryhme. Et il dit que maintenant c’est beaucoup mieux perçu. Par exempl,e il a fait récemment un concert solo à Bordeaux au piano et au chant. Et il dit que ça aurait été difficile de le faire dans les années 70 parce que le public n’aurait pas accepté. Maintenant il est plus ouvert, ou peut-être beaucoup de temps à passé. Et il accepte de voir Christian Vander ailleurs que sur la batterie. Et là donc il y a cet album “Merci”, qui a ét décrié à cause de ça et à cause du son, avec le recul qui est très marqué années 80.
Extrait de “Merci”.
Encore une fois Magma ce n’est pas un bloc, un son uniforme, ils cherchent des choses, ils essaient de modifier à chaque fois, ils essaient de trouver des choses différentes. Il y a des fois où ça fonctionne bien et puis d’autres fois où ça fonctionne moins bien.
Extrait de “Merci”.
C’est vrai qu’on préfère quelque fois écouter les paroles en kobaïen (l’extrait était « otis » en Français…) mais en même temps, il y a quelque chose quand même, dans le genre soul années 80, ça passe bien. Ce n’est pas un disque qu’il faut ranger ou mettre directement à la poubelle. Je pense qu’il y a de très belles choses dessus. Et entre autre Eliphs Levi, je trouve que c’est une très beau morceau. Il a été repris aussi sur scène. Et voilà, c’est un disque simplement soul, avec un Vander totalement différent mais qui n’abandonne pas la batterie pour autant parce qu’on va le retrouver après à la batterie mais qui a voulu faire quelque chose d’autre un peu que du style de Magma. Encore une fois ce qui l’intéresse, c’est de trouver, de chercher, d’essayer des choses, et voir si ça fonctionne. Moins auprès de fans. C’est vrai que beaucoup de gens n’ont pas aimé ce disque.
Extrait de “Merci”.
Voilà et donc après Merci, ls vont tourner jusqu’en 86 et C.V. va délaisser complètement Magma pour s’occuper de ses projets parallèles entre autre Offering où il fait un effort sur les voix, il y a quelques rééditions de live aussi, et puis Christian Vander trio qui est là plus orienté jazz, plus directemnt hommage à Coltrane. Et il reprend Magma sporadiquement en tournée entre 92 et 99 mais ça n’empêche pas quand même qu’il donne la priorité au moins en studio à tous ses projets annexes. Et finalement il faudra attendre 2004 pour qu’il y ait un vrai nouvel album de Magma qui s’appelle K.A. qui reprend l’esprit de Kohntarkosz. On est quand même presque tente ans après Kohntarkosz, on est en 2004, l’ambiance musicale a changé, la manière d’enregistrer a changé donc on n’est pas vraiment dans une suite comme si la suite était juste un an après. Mais l’esprit de Kohntarkosz se retrouve vraiment dans ce K.A. qui est à nouveau un grand album de Magma qui relance complètement la machine Magma, avec une nouvelle génération de musiciens, dont les fils de Paganotti si je ne me trompe pas, c’est bien ses enfants. Et puis des musiciens à nouveau, dont ce guitarste James McGaw et Bussonnet le bassiste. Toujours Stella Vander.
Extrait de “K.A”.
Les enregistrments sont d’ailleurs réalisés par Venus Deluxe, Francis Linon, qui est un ancien de Gong comme on peut le voir sur la pochette de “banana moon” entre autre. Euh, de camembert électrique pardon… ainsi que le fils de Robert Wyatt… Donc K.A., Vander va le définir comme le chaînon manquant entre MDK et Kohntarkosz. Là on sent bien que le son est plus moderne, plus adapté aux années 2000 mais c’est vraiemnt la lignée, quoi, c’est entre Kohntarkosz effectivement et MDK même si les vois sont peut-être un petit peu moins puissantes que dans MDK mais cet élan qu’il y avait dans Kohntarkosz est là il se retrouve et je pense que les gens qui étaient habitués à écouter du Magma vont vraiment retrouver Magma avec ce K.A. même s’il arrive plus de vingt ans après “merci” et vingt six ans après “attahk”.
Extrait de “K.A”.
Ce groupe donc on va le retrouver quelques temps plus tard. Grosso modo pour le nouvel album E_R qui vient de sortir qui est vraiement pour moi un excellent album. En fait ce morceau, c’est un morceau qui existe déjà dans « Udu Wudu » et qui a été conçu par Vander en 1972 donc quelque chose vraiment qui fait encore partie de la cosmogonie Magma. Autant « Merci » est un peu à part, même « Udu Wudu », c’est des choses qui sont un peu à la limite de la galaxie si on veut. Là, on retombe en plein dedans. Avec en plus je trouve, un travail sur le rythme, sur les percussions mais pas silmplement par la batterie, parce que par exemple le vibraphoniste joue cmme si’il jouait des percussions, le clavier joue aussi un peu comme s’il percutait son piano. Ça se sent dans le disque, parce que ça forme une masse compacte et forte et puissante. Ça forme un groupe encore une fois extrêment soudé. Parce qu’en fait, Magma, sur les compositions ont eu deux manières de procéder. Soit ils travaillaient les compositions en studio et les présentaient après sur scène, soit dans ce cadre-là, pour le dernier album, ils l’ont travaillé un peu en studio, beaucoup sur scène pour l’amener à une cohésion complète du groupe qui était déjà là. Donc quatre ans pour une partie puisque Isabelle Feuillebois, Stella et Christian Vander, mais aussi Bussonnet et McGaw étaient déjà là, donc toute la partie rythmique était vraiment bien soudée depuis le temps. Et pour vraiment souder encore plus le groupe, pour que ça arrive à une espèce de perfection, pour finir l’enregistrement en septembre 2009, et bah ils ont fait des concerts et c’est comme ça qu’ils ont entamé aussi cette tournée des quarante ans de Magma. Ça permet de souder le groupe, pour sortir cet album et je trouve que la cohésion est vraiment là, c’est un grand album encore une fois.
Les voir sur scène, vous pouvez y aller ce soir, et précipitez-vous parce que c’est vraiment une grande expérience. À la Rochelle, c’était un concert formidable d’ailleurs ils sont eu une ovation du public, la salle était pleine et ça vaut vraiment la peine parce que le groupe est très soudé. À la fois chaque musicien amène sa part sans laquelle la musique ne serait pas ce qu’elle est, mais ils font vraiment partie d’un ensemble comme on voit rarement dans un groupe, pas seulement en groupe Français, en groupe quel qu’il soit, qu’il soit groupe de jazz, de rock, on a rarement l’impression d’une cohésion aussi forte et pas simplement autour d’un leader, une cohésion autour d’une idée, plutôt que d’un leader. C’est-à-dire que bien-sûr, Vander occupe l’espace avec la batterie, mais ce qui importe c’est l’idée collective, c’est ces compositions, c’est la manière dont on va pouvoir partir ensemble à la conquête de l’espace, du son, et je trouve que le disque est parfaitement réussi et qu’en plus les concerts sont parafaitement réussis. Ce n’est pas évident de voir quelque chose d’aussi fort, d’aussi puissant, d’un même élan. Chacun apporte sa contribution comme rarement un groupe sur scène. Et c’est vrai que c’était le Magma que j’a vu dans les années 70, c’était un groupe formidabe qui amenait quelque chose de complètement nouveau qui faisait un choc. On voyait Magma, on avait un choc. Quand on entendait Magma pour la première fois, on avait un choc. Parce que c’étiat quelque chose qu’on n’avait jamais entendu, par des musiciens qui venaient de différents contextes et qui étaient aussi des musiciens formidables. Mais je pense que ce groupe de 70 n’était peut-être pas aussi soudé, n’était peut-être pas aussi cohérent que celui qui joue maintenant. On va dire, c’est quarante ans plus tard, oui mais ce ne sont pas les mêmes. Donc ça vaut quand même vraiment la peine d’aller les voir sur scène et d’écouter ce disque E_R qui est vraiment un rès très bon disque. Encore une fois il faudrait l’écouter en entier mais on va juste en écouter deux-trois petits passages pour terminer.
Et à l’entrée vous aviez aussi entendu les chansons pour enfants, de Christian Vander.Extrait de “E_R”.
On peut aussi dire que Christian Vander est un excellent chanteur. Ce n’est pas un batteur simplement, c’estaussi un très très bon chanteur et qu’on entend également dans les concerts. Mais encore une fois dans le concert, c’est cet élan collectif qui prime vraiment sur tout le reste.Voilà, donc c’était un petit peu un résumé de la carrière de Magma. Pour ceux qui ne connaissaient pas, ils ont peut-être pu apprendre des choses. Les autres, sans doute pas, mais peut-être que ça replace un petit peu et les extraits rappellent aussi à quel point, Magma ce n’est pas donc une composition unique, c’est vraiment des disques divers. Ce qui importe, c’est la diversité, la complexité aussi des compositions et l’originalité de ce qui fait l’univers de magma. Il y a peu de groupes équivalent dans le monde. Je me souviens qu’un peu après la sortie de M.D.K, j’avais été un moment à San Francisco, et c’est vrai que les gens, quand j’avais racheté le disque à San Francisco puisqu’il y était distribué, et quand je faisais écouter ça, ils étaient assez surpris. C’était un OVNI ! Et pourtant, ils avaient beaucoup de choix, ils avaient entendu beaucoup de choses, il y avait plein de groupes qui ont fait des musiques très étonnantes et Magma était quand même une de leur plus grosse surprise. Ça n’a pas permi pour eux d’avoir un gros succès, mais en même temps pour ça, il aurait fallu une structure qui les suive commercialement. Et je pense que c’est une des rare groupe Français qui a une aura ailleurs qu’en France, entre autre au Japon, magma est très apprécié au Japon, ils sont fait des enregistrements live là-bas. Il y a des groupes qui se réclament de Magma, ou de l’esprit de Magma, en France bien-sûr, Weidorje, en Allemagne et au Japon, c’est très important. C’est un des rare groupe qui a une stature internationale parce qu’il compose quelque chose de totalement original par rapport au rock international. Alors que la plupart du rock Français ou des chanteurs Français ont du mal à percer parce qu’ils ne proposent pas quelque chose de très original. À un moment il y avait la nouvelle vague électro qui a proposé des choses un peu différente, donc ils ont commencé à percer un peu. Mais je pense que si on veut percer, ce n’est pas en copiant les Américains ou en faisant de la chanson traditionnelle, c’est vraiment en proposant quelque chose d’original. Et c’est le cas pour Magma qui a des fans un peu partout dans le monde même si ils ne vendent pas des millions d’albums.
Voilà, donc si vous avez une ou deux questions. J’ai encore le temps de répondre avant le concert, pour vous.
Zïha Stéphane Rochais pour le retranscription (brute de fonte)