Zïha Jean-Christophe Alluin pour le lien
http://www.dprp.net/concrev/2013_magma_1.phpZïha Caroline Leroy pour la traduction :
Magma
Vendredi 25 janvier 2013
Théâtre de Saint Amand les eaux, FranceC'est toujours bien de voir un groupe jouer sur sa terre natale, et pour cet événement, l'adorable théâtre de la petite ville de Saint-Amand-Les-Eaux, située près de la frontière Belge, était l'endroit parfait pour ma première expérience de Magma en live. Avec une neige épaisse au sol, ce qui me semble être une foule qui remplira entièrement la salle et ses 300 places, entre joyeusement se mettre à l'abris du froid en sachant d'avance qu'elle va passer une belle soirée.
En guise de première partie, Cheikh de Staël, un quatuor originaire de Lille, a joué un set étrange mais très divertissant, démarrant la soirée sur une bonne note. Je ne connais rien d'eux, mais le batteur est apparu en premier, point central du groupe et aussi clown, car c'est lui qui parle principalement et semble s'entendre à merveille avec la foule française . Mais malheureusement, et à ma grande honte, mes lacunes en langue française ne m'ont pas permis de comprendre les blagues. Le reste du groupe se promenait sur scène dans d'étranges accoutrements, tel des costumes de scènes: le contrebassiste (toujours bien de pouvoir le voir) habillé en chien, le saxophoniste avec un masque de cochon et un tablier éclaboussé de sang, et le guitariste en homme des cavernes avec un masque foireux! Je ne m'attendais vraiment pas à cela. Cela a pris un moment de s'habituer à leur mix varié de jazz, métal et sons avant gardistes, mais après quelques morceaux j'étais accro. Le groupe était incroyablement proche et retirait des rythmes en dents de scie, des changements de tempo et du jazz libre s'arrêtaient et repartaient avec un certain style. Au centre de tout cela, les nombreuses idioties du batteur a accompagné toute leur prestation. A un moment, sa baguette de batterie a glissé de sa cymbale, a traversé la scène et s'est retrouvée près de la première rangée de sièges. Il a immédiatement sauté de son tabouret et de la scène pour aller la chercher dans la salle. Le joueur de saxo s'est servi de sa technique de respiration continue pour faire un bon effet, quittant la scène à un moment pour courir faire le tour de la salle et l'ensemble du groupe est parti dans une parade tambourinante où la musique de chacun des musiciens se mélangeait, ce qui a sans aucun doute réchauffé le public en cette froide soirée.Un rapide changement, et la formation, l'octet de Magma est apparu sur scène et s'est fait accueillir chaleureusement par des applaudissements et des encouragements de la foule. Le groupe avait beaucoup d'espace pour s'étendre, Christian Vander à l'arrière, flanqué par James MacGaw le guitariste, et le maître bassiste Philippe Bussonnet avec le pianiste Bruno Ruder* et le xylophoniste Benoît Alziary complète la formation en fer de cheval, se faisant face les uns les autres à travers la scène. Cela a laissé la place aux fameux vocalistes que sont Hervé Aknin, Stella Vander et Isabelle Feuillebois sur le devant de la scène.
Dès les premiers instants du levé de rideau avec la composition Rïah Sahïltaahk, les niveaux étaient bien réglés et le son pour le reste de la soirée a été superbe, tout comme les jeux de lumières efficaces. En guise de bonus, la salle avait les sièges les plus confortables où je ne me suis jamais installé, il n'y avait donc pas de tortillements de ma part, ni de réajustements, il a suffit de s’asseoir et de laisser la majesté de ce groupe unique s'imprégner en nous. De là où j'étais, près du centre à la troisième rangée, ma vue de Christian Vander était obstruée par Stella, Isabelle et leur table de percussions, et Bussonnet était en parti caché derrière Ruder. C'était bien sur une honte mais ils se sont fait davantage remarqués de par leur performance étourdissante qui a ébranlé le bâtiment; il s'agissait vraiment d'une partie où le son était à mourir . Bussonnet a entièrement joué ses passages et a produit un merveilleux morceau, dans le style du légendaire Jannick Top quand il faisait partie de Magma, tandis que Vander est simplement une force de la nature, menant la musique vers des territoires connus et inconnus. C'était un plaisir absolu d'assister à l'interaction entre eux, avec Bussonnet qui gardait un œil sur les nombreux twists et tours de Vander.
Durant leur prestation d'environ deux heures, la musique s'est articulée autour de 4 pièces, mettant en valeur ce qui pour moi était une incroyable interprétation de MDK, qui m'a simplement coupé le souffle. Le groupe a joué de façon sensationnelle tout au long de leur prestation et toutes les pièces ont pris vie, l'ajout du xylophone dans l'alignement des autres instruments est devenu particulièrement efficace avec l'étonnant Alziary jouant en parallèle avec Ruder, les deux se regardant et réagissant à chacun de leur travail. La guitare n'a pas un rôle intégral au sein de Magma comme cela est le cas dans les groupes de rock traditionnels mais James MacGaw possède une présence raffinée et éloquente qui se marie à merveille avec certains des éléments les plus étranges de la musique de Magma et s'allie bien avec la cassure survenue près de la fin de MDK.
Avec le groupe délivrant une musique d'une précision étonnante, le travail difficile des vocalistes était réussi avec beaucoup de style. Stella était superbe pendant ses solos, majestueuse et faisant magnifiquement le lien avec Isabelle pour établir les fondations des parties vocales de MDK en particulier. La dernière recrue, Hervé Aknin paraissait un peu nerveux mais était juste superbe, avec une voix riche et chaude doté d'un timbre impérieux qui a fait bon effet. Christian a fait quelques solos vocaux, son style scat et ses inflexions peu communes se mariant à merveille avec la musique. Un moment spécial.
Après que l'ambiance est été fixée avec Rïah Sahïltaahk, la soirée s'est vraiment étirée avec l'ensemble de leur dernier album, Félicité Thösz, les tonalités douces de cette extension se sont bien positionnées et ont marqué à la fois un contraste avec la rythmique et la chorale de MDK. Là où MDK nous étonne simplement, Félicité Thösz construit et défait, une magnifique pièce pendant laquelle les chanteurs excellent. En tant qu'élément pivot du spectacle, MDK a fait rage tandis que les chanteurs ont usé de leur magie, recréant les sections chorales. Je ne pense pas avoir déjà vu une telle exposition vocale, spectaculaire, et Stella en particulier a réussi cela avec une grande sérénité qui a rendu l'interprétation encore plus impressionnante.
Le groupe a quitté la scène sous un tonnerre d'applaudissements et est revenu avec des "encore" tambourinant de Slag Tanz, laissant une standing ovation dès la fin et de nouveaux "encore" se sont fait entendre. Pour beaucoup (autres que des enfants regroupés sur leurs sièges depuis le début du rang jusqu'à moi!), les deux heures sont passées bien trop vite et les demandes pour plus de musique, dirigées par le batteur de Cheikh de Staël depuis le balcon, ont continué longtemps après que le groupe ait quitté la scène. Il aurait fallu que Magma joue toute la nuit pour satisfaire tout le monde.
Wow, ce concert était bien plus que ce que j'avais espéré et le long trajet à travers le tunnel a valu le coup. J'espère que ce n'est pas la dernière fois que j'aurais l'opportunité de vivre un concert comme celui-ci, d'un groupe vraiment unique et merveilleux. L'une des plus performances que je n'ai jamais vu.* Au clavier c'était Jérémie Ternoy et non Bruno Ruder.
WPB le 24 Février 2013
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