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MAGMA, par Antoine de Caunes

Restent en témoignage de cette période transitoire le disque, et la série de concerts donnés au Théâtre de la Renaissance en octobre 1976 à Paris.

Enfin, le groupe du "Live" se retrouve, sans Lockwood, pour quelques concerts en novembre et décembre, pour cesser d'exister définitivement le 10 décembre.

10 - Octobre 1976, Üdü Wüdü. Photo RCALe quinze du même mois, Benoît Widemann reste avec Klaus le seul survivant. Les nouvelles têtes ont pour nom : Clément Bailly à la seconde batterie, piano et chant, qui jouait dans le Triptyque dont nous parlions au début (Christian fit travailler la batterie à Clément il y a quelques années). Guy Delacroix, bassiste d'Alan Stivell, et Jean de Antoni guitariste du même musicien (ainsi que de Patrick Moraz). Il suffit d'un mois de travail, début 1977, pour que les nouveaux membres apprennent le répertoire, et que Clément perde dix kilos. La démonstration en est évidente, après une tournée bretonne, lors d'un concert magistral donné à Élancourt. Si l'on pouvait s'étonner au départ de la présence d'un second batteur, le spectacle convainc à lui seul. L'appui rythmique d'un deuxième percussionniste permet à Christian de jouer du piano et de chanter sur scène, ce qui n'est pas triste. Il présente lors de cette prestation un nouveau chorus de batterie dans lequel il se sert de sa voix pour commander les gestes, comme enivré de rafales de canon. Debout, il gifle ses cymbales, accomplissant sous un projecteur lunaire une danse de mort où l'on voit, sans que l'on puisse se croire sujet d'une illusion, les mouvements se métamorphoser en gestes d'attaques suicidaires et les cymbales en boucliers d'or, secoués de chocs d'une incroyable cruauté.

Pour la première fois de son histoire, Magma dédie l'une de ses compositions à une rock-star : en l'occurrence Jim Morrison. En hommage au climat du "Riders on the storm" des Doors, Vander compose un "Morrison in the storm" qui est joué sur scène dès mars 1977. Un nouveau malentendu voit le jour à ce moment-là : un critique de rock prétendant que Magma joue désormais cette musique qu'il a pour profession de critiquer. L'association d'idées qui a amené cette sévère déclaration est en effet rigoureusement logique. Jim Morrison faisait du rock, Magma joue en hommage à Jim Morrison, donc Magma joue du rock. Le public, lui, ne s'est aperçu de rien, n'ayant visiblement pas entendu, sans doute à cause d'un mauvais réglage de sono, Klaus entonner "Long Tall Sally" dans "Mekanik" et "Je n'entends plus mes genoux qui craquent" dans "De Futura".

Le 14 mai 1977, un grand concert parisien est donné au chapiteau de la Porte de Pantin, agrémenté, selon les vœux de son organisateur, Jacques Pasquier, de trapézistes et autres danseurs modernes qui égayent le spectacle de mouvements sans aucun rapport avec la musique. Il s'agit, comme l'annonce le tract, de mettre en scène les phantasmes de Magma. Malheureusement, le groupe n'a pas été consulté, et les prétendus phantasmes se transforment en fantômes embarrassants. La Télévision filme le concert, en prévision d'un film d'une heure pour la seconde chaîne. "Inédits", un album de morceaux sort à la même époque, édité par Tapioca, une nouvelle maison de disques qui organise en même temps la tournée d'été (avec Léo Ferré, Gong et Bernard Lavilliers). Il s'agit d'une compilation de morceaux joués en public avec à peu près tous les groupes ayant existé, et dans laquelle on peut enfin entendre en disque un chorus de Top. De mauvaise qualité technique, "Inédits" est le premier pirate Magma, un témoignage de la foi et du climat indissociables du groupe.


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